Israël: face au contexte politique, de plus en plus d'Israéliens décident de quitter le pays
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Près de 80 000 Israéliens ont quitté leur pays l’an dernier. Un record, alors que le sujet a longtemps été tabou en Israël. Guerre à Gaza, atteintes à la démocratie et plus récemment la guerre de 12 jours contre l’Iran poussent de plus en plus d’habitants à déménager à l’étranger.

De notre envoyée spéciale de retour de Tel Aviv, Justine Fontaine
Hanna Kahana va avoir 90 ans dans quelques jours. Elle est née ici, avant même la création de l’État d’Israël. Une fois adulte, elle a travaillé dans des ministères, a fait l’armée et fondé une famille.
Mais depuis quelques années, elle n’est plus du tout d’accord avec la politique menée par le gouvernement actuel. Et maintenant, elle en est sûre, elle veut partir : « Je déteste ce que je crois savoir des actions de l’armée israélienne à Gaza et dans les territoires occupés ». Elle ne veut pas participer à cela, dit-elle, alors Hanna est en train de faire les démarches pour déménager : « Au Portugal, à Porto ».
« Y aller quand ici c’est trop dangereux »
Elle a des amis là-bas. Elle a obtenu un passeport européen, autrichien plus précisément, il y a deux mois, parce que c’était le pays de ses parents. Elle a convaincu son fils, un jeune retraité, mais certains de ses petits-enfants hésitent encore.
« Je ne peux pas faire ça seule. Et mon fils est lié à ses enfants, alors ce n'est pas facile. Je ne sais pas si je vais déménager, car je suis peut-être trop vieille et je n’aurai peut-être pas le temps de le faire. Nous allons acheter une maison ou un appartement pour nous tous, pour y aller quand ici c’est trop dangereux. Ou pour déménager tout à fait. Moi, je voudrais vraiment déménager, quitter le pays. On va le faire. Je le crois, j’espère. » Elle et son fils doivent décider la semaine prochaine quel appartement ils vont acheter.
Le contexte politique comme déclencheur
Hanna Kahana n’est pas à la seule à vouloir partir. Silvia Brand est notaire à Tel Aviv, spécialisée dans les démarches entre Israël et le Portugal : « Les Israéliens ont toujours aimé avoir une deuxième nationalité. Pour avoir le choix. Puis le 7-Octobre et ensuite la guerre avec l’Iran ont agi comme des déclencheurs : cela a poussé plus de gens à s’intéresser à l’émigration vers le Portugal ».
Ses clients ont généralement moins de 40 ou 50 ans et sont surtout des gens aisés et diplômés. Son propre fils, lui, est beaucoup plus jeune, mais il a décidé de partir lui aussi : « Il habite Madrid. Il a 19 ans. Et il est très content là-bas, il n’a pas envie de rentrer ». L’an dernier, les gens qui ont quitté Israël ont été plus nombreux que ceux qui ont décidé de s’y installer.
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