Reportage international

Au Chili, la communauté juive inquiète après plusieurs actes de vandalisme

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Au Chili, des actes de vandalisme ont eu lieu à l’extérieur de la synagogue Bicur Jolim dans le centre de Santiago. Depuis les attaques du 7 octobre, ce n’est pas la première fois qu'elle est prise pour cible et d’autres lieux de cultes juifs ont également été vandalisés. Dans une lettre adressée au président chilien, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction se dit préoccupée face à une possible augmentation de l’antisémitisme au Chili.

Des actes de vandalisme ont eu lieu sur différents lieux de cultes juifs à Santiago.
Des actes de vandalisme ont eu lieu sur différents lieux de cultes juifs à Santiago. AFP - THIBAUD MORITZ
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De notre correspondante à Santiago,

Les murs de la plus vieille synagogue de la capitale ont retrouvé leur couleur jaune originelle. Il y a quelques jours, trois individus, le visage caché, ont jeté de la peinture rouge sur la façade extérieure du bâtiment alors qu’une vingtaine de fidèles était réuni pour la célébration de Shabbat.

Cet homme, qui préfère témoigner anonymement, est chilien de confession juive, il était présent ce soir-là : « Ils ont aussi lancé des pamphlets contre Netanyahu. Ils n'étaient que trois, donc on n’a pas vraiment eu peur ». Mais quelques jours plus tard, lors d’un évènement non-religieux organisé à la synagogue où il est encore présent, une quinzaine de personnes s’était réunie à l’extérieur de l’édifice. « Ils criaient qu’ils étaient pour la Palestine et contre Israël, qu’on était des génocidaires et qu’on devait partir du Chili. Mais ici, la majorité d’entre nous, on est chiliens », poursuit-il.

« Il serait temps qu’on commence à parler d’actes antisémites »

Selon Gabriel Silber, porte-parole de la Communauté juive du Chili, ce type d’attaque n’est pas nouveau dans le pays. Mais après le 7 octobre, il y a eu un tournant. « Il y a une escalade des actes antisémites. Et très souvent, ces actes se cachent derrière un discours anti-israélien ou même antisioniste. Mais au bout du compte, les destinataires de ces attaques, ce sont les membres de la communauté juive locale, affirme Gabriel Silber. On peut comprendre la légitime position que chacun peut avoir par rapport à ce qu’il se passe au Moyen-Orient. Mais ce qu’on ne peut pas faire, c’est importer le conflit et installer des discours de haine, que ce soit de la part d’autorités ou d’influenceurs, qui finalement vont affecter la communauté juive du Chili. »

Le président chilien a condamné « sans nuances » le vandalisme contre la synagogue de Santiago. Gabriel Boric qui fait partie des leaders internationaux qui se positionnent fermement sur le conflit au Moyen-Orient. Il le faisait encore en juin dernier face aux parlementaires chiliens. « Je vous exhorte à ne pas vous battre entre vous, entre peuples, car le responsable ici est un gouvernement, un gouvernement génocidaire, et non le peuple d'Israël. Nous condamnons catégoriquement le terrorisme du Hamas et exigeons la libération de tous les otages », avait-il alors déclaré.

Malgré ces mots, les juifs du Chili ne se sentent pas suffisamment soutenus et protégés. « Il serait temps qu’on commence à parler d’actes antisémites au Chili, reprend Gabriel Silber. Nous sommes aussi chiliens, il faut le comprendre ! Et nous méritons le respect de la part de nos autorités. »

Un appel qui semble avoir été entendu, car après le deuxième indicent survenu à l’extérieur de la synagogue de Santiago, le ministre chilien de la Sécurité publique s’est entretenu en privé avec des représentants de la Communauté Juive du Chili.

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