En Cisjordanie occupée, la colonie de Sa-Nur enterre un peu plus l’idée d’un État palestinien
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La France s’apprête à reconnaître l’État de Palestine lundi 22 septembre dans l’enceinte des Nations unies à New York. Un geste diplomatique salué par les Palestiniens, qui s’empressent souvent de dire qu’il devrait être accompagné de mesures fortes contre la colonisation. Celle-ci grignote, en effet, de plus en plus le territoire de la Cisjordanie occupée. Illustration de ce phénomène aux abords de la future colonie de Sa-Nur, dans le nord de ce territoire palestinien.

Reportage de notre envoyée spéciale à Tarsala, future colonie de Sa-Nur,
C’est une visite qui est encore sur toutes les lèvres : Bezalel Smotrich, ministre des Finances suprémaciste d’Israël, débarquant en personne dans le nord de la Cisjordanie occupée. Un peu plus d’un mois plus tard, les riverains palestiniens restent marqués par cette visite qui a drainé un déploiement massif de soldats dans leur localité. Ceux qui acceptent d’en parler veulent rester anonymes.
« On a peur. On a peur d’être arrêté. » « Tant que l’armée est dans le coin, on a l’interdiction de parler ou de prendre des photos. Ils ont posé des caméras en haut. Ils voient ce qu’il se passe ici. »
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En haut : Sa-Nur, une ancienne colonie israélienne évacuée en 2005 et que Bezalel Smotrich entend désormais faire renaître de ses cendres. Une revanche sur l’histoire, 20 ans plus tard. Mais aussi un message clair passé à la France, qui s’apprête à reconnaître l’État de Palestine.
Bezalel Smotrich : « Quiconque dans le monde tentera de reconnaître un État palestinien recevra une réponse de notre part, sur le terrain. Cette réalité finira par enterrer l’idée d’un État palestinien. Tout simplement parce qu’il n’y a rien à reconnaître et personne à reconnaître. » Ces déclarations tonitruantes du ministre d’extrême droite israélien commencent à lasser sur le terrain.
Depuis son bureau, Ghassan Qararya, le maire de Sa-Nur – appelée Tarsala par les Palestiniens – a une vue plongeante sur la future colonie : « On voit tout d’ici. On voit l’armée. On voit l’avancée des travaux préliminaires. Il n’y a pas longtemps, il y avait des bulldozers. Ils sont en train de nettoyer le site. Ils disent qu’ils veulent construire 126 logements. Mais que je sache, la mère de ce Smotrich, elle n’a pas accouché de lui ici. Il faudrait que moi, je parte d’ici pour laisser cette terre à des gens qui débarquent d’Irlande, d’Ukraine, d’Allemagne, d’Éthiopie ou de je ne sais où ? On ne se laissera pas faire, ce pays est notre pays. Où voulez-vous qu’on aille ? Vous nous accepteriez en France, vous ? »
Une seule issue, insiste le maire : la solution à deux États prônée et acceptée par l’Autorité palestinienne dont il dépend, mais qui semble de moins en moins crédible sur le terrain.
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