Le Grand Musée égyptien ouvre ses portes au Caire
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Après plus de vingt ans d’attente, le Grand Musée égyptien s’apprête enfin à ouvrir ses portes ce samedi 1ᵉʳ novembre. Bien plus qu’un événement national, l’inauguration du plus grand musée archéologique du monde, situé au pied des pyramides, rassemblera un parterre de chefs d’État venus des quatre coins du monde et des centaines de journalistes. À la tête de cette mise en scène pharaonique du prestige égyptien, le président Abdel Fattah Al-Sissi compte faire briller l’image de son pays.

De notre correspondant au Caire,
Mohamed, la vingtaine, habite tout près des pyramides et du musée dont l’ouverture approche à grands pas. Un événement qui lui passe un peu au-dessus. « Hmm, ça ne m’intéresse pas vraiment. Peut-être que je regarderai la cérémonie avec les enfants à la télévision… et les feux d’artifice depuis le toit de l’immeuble », déclare Mohamed.
À Kafr Nassar, ce quartier poussiéreux aux portes du désert, tout est prêt depuis une semaine. Les habitants s’organisent, comme ce tenancier de café coincé entre deux axes routiers. « La rocade va être fermée, toutes les routes qui mènent au musée aussi. Le président Al-Sissi attend des invités de marque », explique-t-il.
Un événement mondial
Soixante chefs d’État attendus, des centaines de journalistes… Les riverains, eux, regarderont ça de loin. Même si certains ne boudent pas leur plaisir : « C’est une aubaine ! Dans le quartier, tout le monde vit du tourisme. C’est une joie plus grande que la qualification de l’Égypte pour la Coupe du monde ! »
Car avant d’être une fête égyptienne, cette inauguration se veut mondiale. Un message adressé à la planète, explique l’ancien ministre des Antiquités, Zahi Hawass : « Parce que nous croyons que les monuments égyptiens appartiennent à tout le monde, et pas seulement aux Égyptiens. Cinq cents chaînes de télévision vont retransmettre la cérémonie à travers le monde. »
« Cette inauguration montrera que l’Égypte est un pays sûr »
Depuis son bureau bardé de diplômes, l’archéologue vedette vante une opération de prestige au cœur d’une région marquée par les conflits : « C’est un message envoyé par le président de la République au monde entier : nous prenons soin de notre patrimoine. Ce musée va apporter beaucoup au pays. Des millions de touristes viendront, car cette inauguration montrera que l’Égypte est un pays sûr. »
Un discours que tempère Khaled Azzab, professeur d’archéologie islamique, pour qui l’événement relève avant tout du soft power : « Celui qui coupe le ruban est celui qui récolte les honneurs de l’événement, qui attire la lumière sur lui et figure au premier plan sur la photo. »
Derrière les paillettes, il y voit surtout un jeu diplomatique à grande échelle. « Ces rencontres ne sont jamais anodines : elles permettent d’échanger, d’apaiser des tensions, de régler certains différends. L’événement n’est pas une fin en soi », ajoute le professeur d'archéologie. À peine un mois après le sommet de Charm el-Cheikh et la signature du plan de paix pour Gaza, Le Caire saisit une nouvelle occasion de s’imposer comme pôle de stabilité au Moyen-Orient. Cette fois, à travers ses vestiges pharaoniques.
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