En Lituanie, la crainte d'un virage «illibéral» à la Orban
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Plusieurs centaines de Lituaniens défilent en ce moment sur l’avenue principale de la capitale Vilnius. Le mouvement de protestation a été initié par le monde de la culture contre la présence d’un parti radical et populiste écarté de justesse du ministère de la Culture. Le mouvement s’est élargi et les manifestants craignent désormais que la Lituanie prenne un virage illibéral. Notre correspondante à Vilnius Marielle Vitureau est allée à la rencontre des Lituaniens se préparant pour la manifestation.
![Manifestation des Lituaniens à Vilnius, 26 août 2025. [Image d'illustration]](https://s.rfi.fr/media/display/c834b030-8294-11f0-8865-005056a97e36/w:1024/p:16x9/geda-vilnius-rfi-04.jpg)
Derrière son petit étal, pour soutenir le mouvement, Joris vend des fanions et des T-shirts avec le symbole de la manifestation. Dans un triangle rouge qui fait penser à un panneau de la route, le mot culture tombe à l’eau. « On ment beaucoup en ce moment en politique et ça affecte la culture, le président avait dit qu’il ne nommerait pas un ministre de la Culture issu du parti Aube sur le Niémen et il n’a pas tenu parole ».
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Depuis, le ministre a démissionné, mais le parti politique est toujours dans la coalition. C’est cette formation et son chef Remigijus Zemaitaitis qui inquiète le plus Akvile. Devant le musée où elle travaille, le même triangle rouge d’avertissement grand format accueille les visiteurs : « En plus d’être populiste, le chef de ce parti est ouvertement antisémite, pro russe, ça fait partie de leurs plans de s’immiscer dans le domaine de la culture en faisant passer des petits message soi-disant anodins, par exemple en enlevant les drapeaux de l’Ukraine dans les institutions de l’État ».
Cette même personnalité politique a aussi remis en question les dépenses pour la défense, les sanctions contre la Russie et a fait de la presse son bouc émissaire. Armée de ciseaux et de peinture, Asta prépare sa pancarte : « Je vais illustrer l’expression lituanienne. Si on laisse entrer les cochons dans l’église, ils monteront sur l’autel. Nous sommes dans cette situation, si on les laisse entrer, ils vont tout saccager. Depuis le retour à l’indépendance, la Lituanie n’a pas connu de plus grand dangers ».
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Depuis l’arrivée de cette coalition au pouvoir il y a un an, les mouvements de protestation sont fréquents. Marius Eidukonis est journaliste culturel pour la radio publique : « Depuis 2022, le danger à nos portes rend la situation plus sensible et nerveuse, et quant à tout cela s’ajoute l’apparition de formations politiques douteuses, l’inquiétude grandit, il faut se défendre contre les menaces extérieures et intérieures ».
Juta est graphiste, elle a organisé l’atelier pancartes dans un lieu culturel de Vilnius. La défense, ce n’est pas uniquement les soldats. Pour elle, la culture aussi est une arme : « Le secteur culturel est un vecteur pour discuter des sujets d’actualité et échanger des idées. En ce qui concerne l’aide à l’Ukraine, le secteur culturel a été déterminant pour être le porte-parole de ce qui se passait dans le pays ».
Beaucoup craignent que la Lituanie ne prenne le virage illibéral de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le monde de la culture a été rejoint aussi par les docteurs et les agriculteurs. Tous veulent continuer de monter la garde.
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