Revue de presse Afrique

À la Une: «décapiter» les groupes jihadistes affiliés à al-Qaïda

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Le président français Emmanuel Macron veut «décapiter» les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda.
Le président français Emmanuel Macron veut «décapiter» les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda. © Ludovic Marin/AFP
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C’est le terme employé hier par Emmanuel Macron, à l’issue du sommet du G5-Sahel. « Décapiter » : un terme fort et tout à fait explicite qui reflète bien la détermination du président français à poursuivre la lutte contre le terrorisme jihadiste au Sahel.

Pas de retrait partiel de la force Barkhane donc, mais, constate Le Monde Afrique, « un engagement de l’armée française au Sahel au même niveau qu’actuellement, (…) un engagement recentré autour de la lutte antiterroriste. Au passage, la France s’est félicitée, hier, de la décision du Tchad de commencer le déploiement – promis il y a un an déjà –, dans la zone dite des Trois frontières, de 1 200 hommes. "C’est une excellente nouvelle" qui permettra de "maintenir la pression sur les groupes armés", a commenté Emmanuel Macron. »

Macron paternaliste ?

Dans la presse malienne, certains journaux tirent à boulets rouges sur le président français…

« Macron affiche son paternalisme », titre ainsi L’Alerte à Bamako. L’Alerte qui estime que « le refus du locataire de l’Élysée de se rendre à N’Djamena (pour des raisons sanitaires) est la confirmation de l’attitude que la France a toujours eue à l’égard de ses anciennes colonies : le mépris. (…) La France, poursuit le périodique bamakois, doit afficher maintenant sans demi-mesure sa bonne volonté dans cette lutte contre le terrorisme (…). Macron doit savoir que lui et les Présidents des pays du G5-Sahel sont sous la loupe d’une opinion publique qui exige des résultats à court terme. »

Dialoguer avec les terroristes ? Non !

D’autres journaux s’interrogent : pour obtenir justement des résultats à court terme, faudrait-il dialoguer avec les groupes terroristes ? Pour le quotidien en ligne Malikilé, la réponse est clairement non… « Iyad Ag Ghali a conditionné le dialogue avec les autorités maliennes au départ de "toutes les forces étrangères sur le sol malien", rappelle Malikilé. Point n’est besoin d’être un stratège pour flairer le piège, estime le journal. En fait ce serait même une façon déguisée de refuser l’offre de dialogue car Iyad sait que jamais les forces étrangères ne quitteraient le Mali de cette façon en raison des enjeux géostratégiques dans le Sahel. Qui plus est, le projet de Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa est de faire du Mali un califat, avec la charia comme institution. Or si l’on soutient que les Maliens sont musulmans à 90%, très peu d’entre eux sont prêts à subir les rigueurs d’un État islamique rigoriste, affirme Malikilé. En effet, les croyances traditionnelles, les manifestations culturelles et l’attachement aux us et coutumes hérités des ancêtres sont encore très vivaces dans le pays. Si l’on ajoute à cela qu’islamisation rime avec arabisation, les risques de voir nos valeurs culturelles disparaître sont énormes. Ni les intellectuels qui dirigent le pays ni les Maliens ne sont prêts à tenter une telle aventure qui conduirait à la déconstruction de notre civilisation millénaire. »

Le Mali pas prêt à se passer de Barkhane

Autre question et non des moindres… « Le Mali peut-il se passer de l’opération Barkhane ? » Question posée par Le Point Afrique à Boubacar Haidara, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, également chargé de cours à l’université de Ségou au Mali.

Réponse sans ambiguïté du chercheur malien : « En l’état actuel de la situation sécuritaire, et compte tenu des capacités insuffisantes des forces armées maliennes et des forces régionales du G5 Sahel, le Mali ne semble pas prêt – dans une perspective à court terme – à se passer de l’opération Barkhane. (…) La réalité, poursuit Boubacar Haidara, est que ceux qui exigent le départ immédiat de Barkhane semblent ne pas connaître la réalité des théâtres d'opérations, et l'extrême complexité de la crise malienne. Ils ne semblent pas non plus s'apercevoir que les forces armées maliennes ne sont pas immédiatement aptes à assurer la relève. »

Accorder ses violons ?

WakatSéra au Burkina fait la synthèse : « Barkhane reste bel et bien en place, et son "grand chef", est encore plus déterminé, depuis le palais de l’Élysée, à porter l’estocade au djihadisme en Afrique. Et même s’il se dessine comme un passage de témoin de la France aux pays sahéliens, dans un moyen terme, la nouvelle ne peut que réjouir les Africains, car tout départ brusque de Barkhane laisserait un boulevard aux terroristes. Sauf, tempère WakatSéra, qu’il va falloir accorder les violons entre France et ses alliés du Sahel, car certains pays penchent de plus en plus pour l’option de prendre langue avec les terroristes. Au Mali et au Burkina Faso, des communautés locales semblent déjà bien avancées dans cette voie que des dirigeants n’écartent pas non plus. Est-ce la solution ? »

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