À la Une: en Tunisie, Kaïs Saïed hyperactif et (visiblement) populaire
Publié le :
« Kaïs Saïed appelle les commerçants et les grossistes à baisser le prix des produits alimentaires ». C’est à lire sur le site du magazine Réalités.
« Kaïs Saïed préside une réunion du Conseil suprême des forces armées », à lire dans La Presse de Tunisie. Le principal quotidien francophone du pays nous dit également que « le chef de l’État a décidé de limoger le PDG de la télévision nationale ». Décision qui intervient après que deux représentants de la société civile, invités d’une émission de la télévision nationale, ont été interdits d’accéder aux studios. Le même chef de l’Etat, qui a donné une allocution ce mercredi 28 juillet. Oui, c’est un président hyperactif que nous montre la presse tunisienne ce matin. Et populaire, comme en attesterait un sondage largement relayé. Sondage commandé par les médias Business News et Attessia, mené par Ehmrod Consulting, il nous apprend que « 87% des Tunisiens affirment approuver les décisions du président de la République ». Quant au détail des mesures, 86% des Tunisiens se disent favorables au gel des activités du Parlement, et 84% d’entre eux « applaudissent » le limogeage du premier ministre Hichem Mechichi, nous dit encore Business News.
Hichem Mechici objet de pressions ?
Le très sérieux Business News encore, relaye une révélation non moins sérieux site Middle East Eye, média panarabe basé à Londres. Il affirme carrément que « Le Premier ministre sortant Hichem a été agressé physiquement au palais présidentiel dimanche soir avant d'accepter de démissionner de son poste ». Le Middle East Eye cite ici des sources proches du Premier ministre. Evidemment, impossible à vérifier en l’état mais Business News rappelle « le Middle East Eye est déjà le média qui avait révélé en mai dernier un document, évoquant "un coup d’Etat constitutionnel à travers l’activation de l’article 80" de la constitution. » Après cela, « la justice avait ouvert une enquête à ce sujet », souligne Business News, qui note enfin que « l’approche globale du document et plusieurs détails y figurant » ont finalement « été appliqués par le président de la République ».
Rejet du terme « coup d’État »
« Ce qui s’est passé dimanche dernier, écrit Webdo, aurait pu être qualifié de coup d’État si Kais Saied avait été nommé président par le Parlement, comme le fit Moncef Marzouki [...], mais n’oublions pas que Kais Saied est élu (et bien élu) au suffrage universel et que cela lui confère une légitimité indiscutable », analyse Webdo. « Kais Saied est non seulement le président de la République mais aussi le Chef de l’État. Et justement, beaucoup de Tunisiens s’inquiètent depuis plusieurs années quant au délitement progressif de l’État », estime encore le site internet.
Chez Tunisie Numérique, un universitaire préfère parler de « coup de force constitutionnel », mais il s'interroge pour la suite. « Nul besoin d’entrer dans la vive controverse opposant constitutionnalistes, politologues et autres prescripteurs d’opinion autour de la licéité, de la légalité, de cette initiative politique ; ce débat appartient déjà à l’histoire et aux historiens », lit-on. Ce qui en revanche « mérite attention et positionnement » pour Tunisie Numérique, c'est sans nul doute « les conséquences immédiates et futures de ce précédent dans le processus complexe de construction d’une République authentiquement démocratique et sociale ». L'auteur insiste ici sur le mot « sociale », qui est « fondamental et incontournable » selon lui.
Le sort de Teodorin Obiang
« Teodorin Obiang définitivement condamné en France, dans l'affaire des bien mal acquis », rapporte Net Afrique. Le vice-président de Guinée équatoriale, rappelle le site, avait été condamné par la cour d’appel de Paris en février 2020 à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amende et la confiscation de tous ses biens saisis pour « blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics et d’abus de confiance » entre 1997 et 2011. Et hier, Theodorin Obiang a vu son recours rejeté par la Cour de Cassation française.
Une Cour de cassation qui « achève » Teodorin Obiang, écrit Walf au Sénégal. Le quotidien rappelle qu'aux États-Unis aussi, Teodorin Obiang est « dans le collimateur de la justice ». Là-bas, il « avait accepté de renoncer à 30 millions de dollars d’avoirs pour conserver ses autres biens dans le pays ». La France, désormais, vendra ses biens aux enchères et reversera les fonds pour des projets de développement en Guinée Équatoriale, explique Walf. Et le journal espère que cela créera une jurisprudence « pour combattre le pillage des deniers publics et la corruption, surtout en Afrique ». Il espère seulement « que cet argent, une fois renvoyée à sa source, ne [sera] pas, une nouvelle fois, transformé en biens mal acquis par d’autres personnes ».
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne