À la Une: va-t-on vers une décrispation politique au Bénin?
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« Enfin la paix ? », s’interroge Le Matinal. Patrice Talon et Yayi Boni, l’actuel et l’ancien président béninois, se sont vus hier. « La dernière rencontre entre les deux personnalités pour parler face à face du Bénin remontait au 18 avril 2016 à Abidjan en présence des présidents Faure Gnassingbé du Togo et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire. L’histoire avait voulu que l’un passe le témoin à l’autre à la tête de la République du Bénin. Mais, depuis, les querelles étaient restées. »
Alors, « elle était attendue et elle a bien eu lieu cette rencontre, pointe La Nouvelle Tribune, autre quotidien béninois. Elle a duré 50 minutes et les deux personnalités ont échangé des civilités et leur joie de se retrouver, au palais de la Marina, après six ans et beaucoup de remous socio-politiques. À la fin de la rencontre il était prévu que les deux prennent la parole mais seul Boni Yayi s’est confié aux médias. »
D’après les dires de l’ancien président, poursuit La Nouvelle Tribune, les deux hommes « ont parlé uniquement du peuple béninois, de l’image du pays et de la décrispation. Pour Yayi, il n’y a pas de problème profond entre Talon et lui. Il a demandé au président en exercice la libération des détenus politiques d’opinions dont Réckya Madougou et le professeur Joël Aïvo. Il a souhaité la fin des arrestations politiques et le retour des exilés, comme Valentin Djènontin, Komi Koutché, Sébastien Ajavon, Léhady Solgo, Séverin Adjovi. Il a invité l’actuel locataire de la Marina à instaurer un dialogue et une concertation périodique avec les anciens présidents. "J’ai demandé mais c’est le président Talon qui décide", a conclu Boni Yayi. »
Dégel ou simple opération de communication politique ?
Le quotidien Le Pays, au Burkina, salue ce qu’il qualifie « d’acte hautement symbolique et pédagogique. Et pour cause. (…) Cette entrevue au sommet est salutaire car elle sonne comme un dégel de l’atmosphère politique béninoise depuis que Talon a décidé de détricoter unilatéralement la Constitution béninoise pour s’arroger les pleins pouvoirs. On espère, de ce fait, que la rencontre avec Yayi Boni n’est qu’un premier pas qui amorce véritablement l’élan d’une réconciliation nationale qui permettra aux opposants béninois, les uns en exil, les autres en prison, de renouer sans entrave avec la vie politique nationale. »
Toujours est-il, tempère Le Pays, que pour le président Talon, cette rencontre est « une véritable opération de communication politique (…). En tendant la main à son ennemi juré, il se taille dans l’opinion publique béninoise un costume de faiseur de paix après une longue guerre qui n’a laissé aucun répit à ses adversaires politiques. Il construit ainsi, dans l’imaginaire public, qu’il n’est pas homme à s’acharner sur un adversaire. Le gain politique de cette opération est immense car il confère à Talon la stature d’un père de la nation qui se place au-dessus de la mêlée. Et peut-être espère-t-il ainsi faire l’unanimité dans le but de s’engager sur le boulevard interdit du troisième mandat. »
Une paix des braves ?
« Enfin la paix des braves au Bénin ? », s’interroge pour sa part le quotidien Aujourd’hui, toujours au Burkina. « En 50 minutes donc, voilà que les 2 hommes qui, quoi qu’on en dise, impriment la marche politique du Bénin depuis 15 ans, ont décidé d’un armistice qu’on peut qualifier de fragile, mais c’est une paix des braves à saluer. Et si elle s’approfondit, le Bénin pourrait renouer avec certaines mœurs politiques dont il s’était éloigné et qui avait pâli sa lumière démocratique. On attend donc la suite de la fin de ce désamour. »
L’entremise des fils…
Jeune Afrique révèle que cette rencontre entre l’ancien et le nouveau président béninois a été préparée par les fils respectifs des deux hommes… « Chabi Yayi et Lionel Talon, tous deux âgés de 35 ans, ont fait une partie de leurs études ensemble et se rencontrent régulièrement dans le privé. Ce dernier, dévoile Jeune Afrique, a intercédé auprès de son père, et organisé avec lui un premier échange téléphonique. Fin août, Boni Yayi a appelé Patrice Talon depuis Paris. Et à l’issue de ce premier échange, les deux hommes ont convenu de fixer un rendez-vous en bonne et due forme pour ce 22 septembre. »
Enfin Jeune Afrique affirme encore que le président Talon, qui n’a donc pas fait de déclaration officielle à l’issue de la rencontre, aurait affirmé qu’il étudierait les demandes de son prédécesseur « avec bienveillance ».
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