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À la Une: Alpha Condé, l'ex-président de Guinée Conakry, poursuivi par la justice pour «assassinats»

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L'ex-président guinéen Alpha Condé, en août 2015.
L'ex-président guinéen Alpha Condé, en août 2015. AFP/CELLOU BINANI
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L’annonce a été faite hier par le procureur général de Conakry après une plainte du Front national de défense de la Constitution, un collectif qui a mené pendant des mois la contestation contre un troisième mandat d'Alpha Condé. Un mouvement violemment réprimé, des dizaines de personnes ont été tuées, c’était en 2019.

En tout ce sont 27 personnalités qui sont visées pour « meurtre, assassinat et complicité », disparitions forcées, détentions, enlèvements, acte de torture, coups et blessures. Après cette annonce, de nombreuses réactions. Comme sur le site Mosaïque Guinée avec « l’avocat de l’OGDH, l’une des organisations qui a demandé récemment l’ouverture d’une procédure judiciaire pour des crimes de sang au-delà des crimes économiques, Me Alpha Amadou DS Bah soutient que cette procédure est un véritable défi pour la justice guinéenne de prouver son indépendance clamée haut et fort par le CNRD ». « Ces poursuites doivent aboutir à de véritables enquêtes pour que les auteurs et commanditaires de ces crimes ignobles soient poursuivis et traduits devant la justice afin que des sanctions exemplaires soient infligées aux dirigeants de ce pays, qui se croyaient autrefois au-dessus de la loi » poursuit-il.

Réaction aussi des avocats des victimes de cette répression à lire sur Africa Guinée : « Maître William Bourdon et maître Vincent Brengarth se réjouissent de cette décision (…) [et] assurent qu'ils resteront particulièrement vigilants pour que les droits des victimes soient respectés et que les investigations menées soient effectives ». »

La poursuite de l’ex-président fait grand bruit

Le site burkinabè Wakatséra, lui, promet déjà des « nuits blanches » même s’il serait « difficile en tout cas de pleurer sur le cas Alpha Condé, qui a même ramené au goût du jour le putsch militaire en Guinée. »

Un avis que partage Le Pays, autre media burkinabè, car « s’il avait accepté, à l’issue de ses deux mandats constitutionnels, de faire valoir ses droits à la retraite, Alpha Condé serait en train de se la couler douce actuellement auprès de ses petits-enfants, loin des fourches caudines de la justice où l’ont conduit malheureusement ses propres errements. Il l’a cherché et il l’a trouvé. Qu’il s’assume donc pleinement ! C’est la rançon de la boulimie du pouvoir. » Aujourd’hui au Faso parle de « frénésie pouvoiriste ».

Reste à savoir quelle sera la suite des événements, l’éditorialiste de Wakatsera espérant qu’il ne s’agira pas « juste d’une opportunité pour les nouveaux maîtres putschistes militaires d’humilier l’ancien maître putschiste constitutionnel ! »

Autrefois puissants, les 27 poursuivis devront donc répondre de leurs actes mais Guinée 7  rappelle que le procureur a aussi promis « d’engager des poursuites judiciaires contre toutes les personnes qui ont en violation des dispositions légales organisé des marches ou cortèges sur la voie publique ou des lieux publics qui ont occasionné la commission des infractions présumées, objet de la présente procédure » sachant « que toutes les manifestations ou presque du FNDC étaient interdites à l’époque. Non sans compter les destructions de biens publics et privés suite à ces manifestations. Quand on sait que le FNDC à un moment donné regroupait l’ensemble de l’opposition d’Alpha Condé, il va sans dire que l’action du procureur Wright vise toute la classe socio-politique du régime Alpha Condé. »

À la Une aussi, le Mali

Maliweb revient sur la décision du Togo d’accepter de jouer les médiateurs dans le dossier malien. Il s’agira « d’aider le pays à convaincre la Cédéao et la communauté internationale sur un compromis autour des élections qui ne pourront avoir lieu que dans 24 mois. » D’abord parce que le président est le doyen de la région mais aussi pour son approche des processus de transition et son expérience de quinze années d’embargo d’après le journal qui ajoute : « Faure Gnassingbé devra ainsi aider le Mali à convaincre les acteurs régionaux, et plus largement, l’ensemble de la communauté internationale » pour ce compromis qui « sortira le Mali de sa situation actuelle et renforcer la stabilité de la région ».

Le Quotidien sénégalais compare alors la situation dans plusieurs pays du continent. « Les régimes militaires au Mali, au Burkina et en Guinée ont la même stratégie que les mollahs de Téhéran ou les Castro, parce qu’ils ont compris que leur survie est dans l’union sacrée instinctive créée par les sanctions, qui fait que toute critique est dénoncée par leurs thuriféraires comme une collusion avec l’étranger, qui fait souffrir le peuple en lui imposant une punition collective. C’est ce qui explique que les régimes militaires de ces trois pays ne veulent pas donner des délais raisonnables pour permettre une levée des sanctions et une sortie de crise. »

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