À la Une: un sommet de la Cédéao pas si extraordinaire que ça…
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Constatation de L’Observateur Paalga au Burkina Faso : « réunis de nouveau samedi (à Accra) pour se pencher sur les situations malienne, guinéenne et burkinabè, les chefs d’État de la Cédéao ont finalement décidé… de ne rien décider. Statu quo donc pour les juntes qui dirigent ces trois pays et dont l’agenda pour un retour à une vie constitutionnelle normale ne satisfait toujours pas l’organisation sous-régionale. »
« Pour les schémas de sortie de crise des pays sous la coupe des militaires, il n’y a rien à voir, repassez le 3 juillet !, constate également WakatSéra. Et là encore, rien ne garantit un recul des militaires au pouvoir, qui en sont même arrivés à oublier qu’ils sont des putschistes, donc arrivés aux affaires par effraction ! (…) La fumée blanche que tous attendaient ne s’est donc pas dégagée du ciel ghanéen relativement à l’assouplissement de sanctions qui commencent à devenir insupportables, non seulement pour le Mali, mais également pour ses voisins qui commercent avec lui. Coincés entre la cherté de la vie accentuée par la crise ukrainienne et les conséquences des attaques terroristes meurtrières, les pays sahéliens ne savent plus où donner de la tête, entre crise sécuritaire et humanitaire. Comme l’a si bien dit l’imam Mahmoud Dicko, pointe encore WakatSéra, les militaires sont dans leur "arrogance" et la communauté internationale dans son "orgueil". Et au bout du rouleau, les pauvres populations doivent se serrer la ceinture au point de s’étrangler. »
Des transitions trop longues…
Le quotidien Aujourd’hui fait le point sur la situation dans les trois pays. Le Mali tout d’abord : « si la tendance était qu’il fallait assouplir les sanctions decrescendo, les Maliens doivent aussi mettre de l’eau dans leur "Gnamankoudji" (leur boisson épicée, ndlr), en particulier sur les 24 mois de Transition, alors que la Cédéao cale sur 16 mois. Pourquoi ne pas trouver un juste milieu de 18 ou 20 mois ?, s’interroge Aujourd’hui. D’où le maintien des sanctions, en attendant que les putschistes de Kati revoient le timing de la Transition. Et derechef, Goodluck devra reprendre son bâton de médiation coaché par Faure du Togo. Le Burkina Faso, lui, poursuit le quotidien ouagalais, se voit gratifier d’une amélioration de la situation sécuritaire même si la face humanitaire se détériore. Les 36 mois de la transition militaire burkinabè ne passent pas, également, au niveau de la Cédéao, et Damiba a encore un mois pour convaincre, étant donné que, selon la Transition du pays des Hommes intègres, des élections sécurisées sont impossibles avant 3 ans ! »
Enfin, pour ce qui est de la Guinée, elle « agace les chefs d’État, affirme Aujourd’hui, et à lire entre les lignes du communiqué final, non seulement les 36 mois ne sont pas acceptables, mais la fracture entre le CNRD et les partis politiques dans ce pays n’augure pas d’une transition apaisée. »
Mali : au bord de la banqueroute
Mourya La Voix du Niger revient pour sa part sur la situation au Mali : « des trois cas, celui du Mali est sans doute le plus préoccupant. (…) Malgré les coups de menton et les assurances peu rassurantes des nouveaux maîtres de Bamako, le pays de Modibo Keïta est au bord de la banqueroute. (…) Le propre de tout accord étant de ne pouvoir satisfaire totalement chacun, il faut pourtant, pour abréger les souffrances du peuple, que chaque camp fasse un pas vers l’autre. Passer de de 24 mois de transition à 18, comme le réclame la Cédéao, ce n’est quand même pas la mer à boire. Il faut un compromis salvateur qui permette à tous de sortir la tête de l’eau sans pour autant perdre la face. Et surtout permettre de desserrer l’étau qui étouffe chaque jour un peu plus de pauvres hères pris entre le marteau de la junte et l’enclume de la Cédéao. »
Burkina : des salaires de… ministres !
Enfin, on revient sur le cas burkinabè, avec « une transition qualifiée de "sobre" par ses acteurs mais qui a fait, en fait, explosé les salaires de ses ministres. » C’est ce que constate Jeune Afrique. En effet, précise le site panafricain, en avril dernier, « la rémunération des ministres burkinabè a été augmentée de 145 % et celle du premier d’entre eux de 155 %. Un membre "subalterne" du gouvernement touche désormais 2 millions 386 mille 256 francs CFA (soit 3.638 euros), sans les avantages liés à sa fonction prestigieuse. »
En clair, résume Jeune Afrique, « les ministres burkinabè gagnent chacun 70 fois le salaire minimum. » Et, commente le site, « l’épée de Damoclès d’une crise alimentaire sahélienne jure avec la multiplication salariale de millionnaires de la Fonction publique. Début mars, le président Damiba appelait d’ailleurs à la "sobriété" et à la "solidarité". »
Et Jeune Afrique de s’interroger : « l’augmentation, qui porte à 64 millions de francs CFA la somme des émoluments de 27 personnalités gouvernementales, cette augmentation n’aurait-elle pas pu être affectée au front qui peine à neutraliser les jihadistes ? »
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