À la Une: l’Algérie fête les 60 ans de son indépendance
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5 juillet 1962 – 5 juillet 2022 : 60 ans après, le journaliste Omar Flici se souvient. Il avait 12 ans et il raconte dans les colonnes du quotidien Le Matin : « pendant au moins dix jours, Alger n’était plus une ville mais une fête permanente. Les femmes ne parlaient plus, elles poussaient des youyous à longueur de journée. Les enfants étaient redevenus des enfants. Les grands aussi. Il régnait une sorte d’anarchie joyeuse. (…) Pouvoir vivre sans peur, imaginer qu’on pouvait circuler librement, crier notre joie sans avoir à se justifier était inouïe, c’était presque incroyable. Alors qu’on nous avait interdit d’être Algériens, nous les bicots, troncs de figuier, ratons, crouilles, singes, bougnoules, sous-hommes, ce jour-là, tout semblait permis, tout semblait possible ».
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Un espoir pour la jeunesse ?
Le quotidien gouvernemental El Moudjahid se félicite pour sa part que les fêtes de l’indépendance aient été organisées en lien avec la jeunesse… « En associant la célébration de la fête nationale de l’indépendance à celle de la jeunesse, l’Algérie entend confier son destin à des jeunes pleins d’ambition et hautement respectueux du sacrifice de leurs aînés combattants de la liberté, écrit El Moudjahid. Depuis son émancipation du joug colonial, le pays a fait de la lutte contre l’analphabétisme, de la formation des cadres et de la main-d’œuvre qualifiée, son cheval de bataille. Mission accomplie, s’exclame le quotidien gouvernemental. Personne ne peut mettre sous le boisseau un acquis qui peut faire jouer à la jeunesse un rôle d’acteur à part entière dans le processus d’émancipation de la société, de s’ériger en partenaire incontournable, même si des obstacles se dressent encore sur son chemin. »
Un gâchis ?
Des obstacles aux aspirations de la jeunesse et de manière plus générale au développement du pays, il y en a encore et ils sont nombreux, affirme le juriste Massensen Cherbi, interrogé par Le Monde Afrique : « d’un côté, la rente pétrolière, qui a permis d’acheter la paix sociale, a contrarié la diversification de l’économie et a approfondi la dépendance aux hydrocarbures. D’un autre côté, l’enrichissement relatif n’a pas comblé des aspirations à l’épanouissement. Il y a même l’impression d’un grand gâchis, estime ce professeur de droit, au regard du potentiel dont le pays disposait et dispose toujours et qui aurait dû lui permettre d’aller vers l’avant ».
2024 : des élections sécurisées au Mali et au Burkina Faso ?
À la Une également, la levée des sanctions de la Cédéao contre le Mali et le Burkina Faso et l’annonce d’élections en 2024, et cette question soulevée par le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou : le Mali et le Burkina Faso seront-ils suffisamment sécurisés dans deux ans pour que le scrutin puisse avoir lieu en toute quiétude ? Non, affirment certaines voix politiques burkinabè, à l’instar d’Hermann Yaméogo, président de l’UNDD, qui estime que « convoquer les Burkinabè aux urnes doit être la dernière chose à laquelle on doit penser au Faso, tant l’urgence reste et demeure sécuritaire. Le Mali a fait des élections en 2018, rappelle Aujourd’hui, avec un pays insécurisé, et en ignorant des pans entiers de son territoire. Élection au rabais, mais élection validée tout de même. En 2020, il y a eu aussi des élections au Burkina, qui de l’aveu des autorités de l’époque, ont pu être faites grâce à une négociation avec les terroristes, assortie du paiement d’une forte somme à ces croquants sanguinaires de l’ombre ».
Alors, s’interroge Aujourd’hui, « va-t-on appliquer la même stratégie dans ces deux pays, Mali et Burkina, pour espérer atteindre le point d’achèvement de ces transitions qui est le passage du pouvoir aux civils par les urnes ? Si oui, avec l’accompagnement de la Cédéao ? De l’UE et de l’UA ? »
Autant de questions encore en suspens, d’autant que les terroristes islamistes ne désarment pas : le 3 juillet, au moment même où avait lieu le sommet de la Cédéao à Accra, un village du centre-nord était attaqué au Burkina Faso. Bilan : une vingtaine de civils tués.
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