À la Une: la tension monte entre la RDC et le Rwanda
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C’est une caricature publiée sur le site congolais Actualité CD : on y voit le président rwandais Paul Kagamé, une arme en bandoulière, à la frontière entre les deux pays. Une double image… D’abord juin dernier, Paul Kagamé affirme n’être pour rien dans les combats entre le M23 et les FARDC, l’armée congolaise. Ensuite, octobre, maintenant… le même Kagamé, furieux, qui s’exclame : « les FARDC chassent mes troupes de la RDC !!! Stop au génocide de ma légion étrangère ! »
Pour les Congolais, c’est clair : Kigali soutient la rébellion du M23 qui sévit dans l’est du pays. Le M23 qui s’est emparé ce week-end des villes de Rutshuru et Kiwanja, sur l’axe qui mène à Goma, la capitale du Nord-Kivu. Pour sa part, Kinshasa a décidé d’expulser l’ambassadeur rwandais au Congo.
« Luttons ! »
Dans son éditorial, le site d’information congolais Politico CD, appelle à l’unité de la nation : « luttons ! C’est encore possible de sauver le Congo. (…) Tour à tour, les cités et villages tombent dans l’Est du pays. (…) Face à l’agression rwandaise, face aux massacres de nos populations (…), nous menons le plus juste des combats. (…) Le combat de notre avenir (…). » Pour ce faire, poursuit Politico CD, il faut « restaurer notre unité, constituer un bloc commun et se lever comme un seul homme ! »
L’option militaire ?
Reste que « le président Tshisekedi se trouve dans une triple impasse, affirme Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC : impasse militaire, diplomatique et politique. Militaire avec une armée mal équipée et mal commandée, qui n’arrive pas à faire la différence sur le terrain. Les troupes, si valeureuses soient-elles, se plaignent du manque d’équipements, de munitions et de nourritures. Elles accusent également leur hiérarchie d’incompétences et de cruels problèmes de coordinations. (…) Félix Tshisekedi se trouve également dans une impasse diplomatique, pointe aussi Afrikarabia, puisque, pour l’instant, rien n’est sorti des processus de paix de Nairobi et de Luanda. Notamment la fameuse force régionale promise par la communauté des Etats d’Afrique de l’Est, qui se fait toujours attendre. (…) Enfin, impasse politique, relève encore Afrikarabia, créée par les autorités congolaises elles-mêmes en qualifiant le M23 de "groupe terroriste", s’interdisant ainsi toute future négociation sans risquer de se décrédibiliser auprès de son opinion publique. Félix Tshisekedi n’a donc, pour l’instant, qu’une seule carte en main, l’option militaire, avec sa propre armée comme soutien. Une carte bien faible au vu de l’avancée des rebelles du M23 de ces dernières heures. »
L’option diplomatique ?
A contrario, pour Le Pays au Burkina Faso, « il ne saurait y avoir de solution durable en dehors de la voie diplomatique. La voie diplomatique qui, à travers un renforcement de la coopération et une mutualisation des efforts, pourrait permettre de porter l’estocade à ces groupes rebelles qui se jouent des frontières entre les deux pays. Toute autre option serait périlleuse pour l’ensemble de la région des Grands Lacs en proie à l’instabilité. »
Et Le Pays « d’en appeler à l’implication de la communauté internationale, avec l’Union africaine en tête, qui doit mettre les bouchées doubles pour rabibocher les deux voisins qui, chaque jour qui passe, font un pas de plus vers l’affrontement. »
« Ça sent le roussi ! », renchérit Aujourd’hui, toujours au Burkina Faso. « Ce qui se passe à 70 km de Goma, la capitale du Nord-Kivu, est le pourrissement d’une situation qui dure depuis des années avec des hauts et des bas. (…) Et en pareille circonstance, c’est l’Etat congolais qui doit secourir et sécuriser les dizaines de milliers de déplacés de ces derniers jours, ces boat-people contemporains, mais aussi trouver les voies et moyens pour en finir avec cette rébellion. Une telle action est d’essence régalienne. Par la diplomatie, mais aussi par le fusil sur le terrain, s’exclame Aujourd’hui, car l’intangibilité d’un territoire est non-négociable. »
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