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À la Une: comment contrer les jihadistes au Burkina Faso?

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Des forces de sécurité burkinabè dans un véhicule à Ouagadougou, le 7 juillet 2022 (photo d'illustration).
Des forces de sécurité burkinabè dans un véhicule à Ouagadougou, le 7 juillet 2022 (photo d'illustration). © AFP/Olympia De Maismont
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« Le nouvel homme fort de Ouagadougou, le capitaine Ibrahim Traoré effectue, en principe, ce mercredi [2 novembre, ndlr], une visite d’amitié et de travail à Bamako », relève le site d’information burkinabè Wakat Séra. Au centre des entretiens avec le colonel Assimi Goïta, sans aucun doute, la coopération avec la Russie… et Wagner, déjà bien présent au Mali.

Le capitaine Traoré a-t-il l’intention de suivre ses frères d’armes maliens et de s’adjoindre les services du groupe paramilitaire russe ? Non, d’après le quotidien Aujourd’hui : « Le capitaine Ibrahim Traoré l’a fait savoir aux diplomates américains qui ont récemment séjourné à Ouagadougou : pas question d’inviter les forces russes de Wagner à combattre les jihadistes dans le pays. "Le président par intérim Traoré a été sans équivoque", a assuré la sous-secrétaire américaine aux Affaires politiques, Victoria Nuland, affirmant que seuls les Burkinabè défendront leur pays. Ils n’ont aucune intention d’inviter Wagner. »

Wagner : pas la solution…

En effet, affirme Wakat Séra, « Wagner est loin de répondre aux aspirations des populations confrontées à la plaie de l’insécurité. Pire, malgré la présence de Wagner et de ses hommes sur les rives du Djoliba, les groupes armés terroristes, que ce soit l’État islamique au Grand Sahara, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ou encore d’autres organisations du même acabit affiliées à al-Qaïda ou à Daech, n’ont jamais autant semé larmes et désolation au sein des Forces armées maliennes et des populations civiles qui ne savent plus à quel prophète protecteur se vouer. »

Reste qu’une part de l’opinion burkinabè penche du côté russe… C’est ce que croit savoir Mourya La Voix du Niger : « les manifestations n’ont pas cessé à Ouagadougou, en prenant des allures inquiétantes, telle une injonction envoyée à l’exécutif burkinabè lui demandant d’accueillir la Russie en messie et d’éjecter la France. […] "Ce n’est pas à la rue de nous dire ce qu’il faut faire, entre ceci ou cela", a rétorqué le Premier ministre, maître Kyelem de Tambela, avant de renchérir : "le meilleur soutien au régime, c’est d’aller au front". Le Premier ministre burkinabè qui a brandi la décision du gouvernement d’enrôler déjà 50 000 jeunes Burkinabè, afin de renforcer la lutte contre le terrorisme. » Commentaire du quotidien nigérien : « voilà une belle opportunité pour que les patriotes burkinabè se transforment en véritables soldats libérateurs du peuple. »

Le pari risqué des volontaires pour la défense de la patrie ?

Justement, Jeune Afrique s’attarde sur ce recrutement massif de 50 000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Le capitaine Ibrahim Traoré mise en effet sur ces supplétifs civils des forces de défense et de sécurité. « Lorsqu’il a pris le pouvoir, relate le site panafricain, le capitaine a lourdement insisté sur l’urgence de la situation sécuritaire et a promis qu’il irait vite – se risquant même à déclarer qu’il réglerait en trois mois un problème que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba n’avait pu résoudre en huit. Officier de terrain en première ligne face aux groupes jihadistes dans le Nord et l’Est ces dernières années, il a mûri une stratégie militaire assez claire. Il compte ainsi adopter une posture plus offensive en accélérant et en généralisant le déploiement des "unités de marche" lancées sous Damiba. La mission de ces unités d’infanterie mobiles est d’aller au contact des groupes jihadistes sur le terrain. Le recrutement massif de VDP est donc censé accompagner cette nouvelle stratégie militaire – tout comme celui, annoncé mi-octobre, de 3 000 soldats supplémentaires. »

Reste que ces VDP font polémique, relève encore Jeune Afrique : « Pour beaucoup, ils ne font qu’aggraver les problèmes sécuritaires qui minent le Burkina Faso. Ces supplétifs civils sont en effet accusés d’attiser les conflits intercommunautaires apparus dans le sillage des premières attaques jihadistes, en 2015. Alors que les groupes d’autodéfense et les VDP recrutent majoritairement au sein de la communauté Mossi, les groupes jihadistes, eux, puisent largement dans la communauté Peule. De quoi nourrir les exactions ethniques locales et engendrer un cycle de violences et de représailles sans fin. »

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