
Pour pouvoir se présenter aux élections législatives du 8 janvier prochain au Bénin, les différents candidats doivent se munir d’un précieux sésame : le quitus fiscal… À savoir un certificat fourni par l’administration comme quoi le candidat s’est bien acquitté de ses impôts. Or certains candidats de l’opposition ont bien du mal à obtenir ce fameux quitus : « une vraie bête noire pour les candidats, s’exclame La Nouvelle Tribune à Cotonou. Demandé, il se fait toujours désirer. Et même lorsque le candidat n’a aucune ardoise fiscale, il semble être difficile à obtenir. Cette pièce est délivrée par le directeur général des impôts lui-même, précise le quotidien béninois, et son obtention n’est pas décentralisée. Ce qui fait que souvent, même lorsque le demandeur a répondu à toutes les exigences de la direction des impôts, la fameuse pièce se fait attendre. »
Les Démocrates hors-jeu ?
Conséquence, pointe encore La Nouvelle Tribune, « certains partis politiques risquent de se voir écarter de la course aux législatives de janvier prochain. Il s’agit notamment de la formation politique Les Démocrates. » Et si ce parti d’opposition « ne parvenait pas à valider ses candidatures, cela pourrait, estime le journal, faire encore couler beaucoup d’encre et de salive au pays du président Patrice Talon. »
Pour sa part, le gouvernement béninois se défend, relève encore le journal : « aucune manœuvre n’empêchera qui que ce soit de participer aux élections », a récemment assuré le ministre des Affaires étrangères, Aurélien Agbénonci, lors d’une mise au point devant les ambassadeurs, inquiets de cette situation.
Juges et parties ?
Reste que ce système de quitus fiscal pose vraiment problème, affirme WakatSéra au Burkina Faso : il s’agit en effet, écrit le journal, d’une « pièce éliminatoire individuelle mais aussi collective, car, une seule personne non à jour de ses obligations fiscales sera, systématiquement, celle par qui arrivera le retoquage de l’entièreté de la liste. À première vue, aucun signe de prédation de la démocratie, mais plutôt objet à se réjouir pour la bonne gouvernance. Sauf que le côté diaboliquement génial de la chose, pointe WakatSéra, est que ceux qui contrôlent la régularité des documents requis sont proches du pouvoir. À titre d’illustration patente, la Commission électorale nationale autonome est présidée par un arbitre qui joue en même temps pour l’équipe adverse, en l’occurrence le camp du pouvoir. Son appréciation, procès d’intention oblige, ne peut qu’être mise en doute, à défaut d’être simplement partisane. »
Arme politique ?
Du coup, pointe Le Pays, toujours au Burkina, « la question est (donc) de savoir si l’argument du fisc n’est pas plutôt une arme politique dont se sert à souhait le pouvoir de Patrice Talon, pour tenir l’opposition à distance du Parlement dans le but de pouvoir gouverner sans coup férir. Car, le fait de coller le fisc aux basques d’opposants gênants n’est pas une pratique nouvelle sous nos tropiques. »
Et Le Pays de conclure par cette adresse au président béninois : « Patrice Talon gagnerait à songer à laisser une bonne image de lui à la postérité, plutôt que celle d’un Néron prêt à toutes sortes de dérives. »
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