Revue de presse Afrique

À la Une: le 36e sommet de l’Union africaine

Publié le :

Le président des Comores, Azali Assoumani, président en exercice de l'Union africaine, prononce son discours inaugural lors de la 36e session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine (UA) au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 18 février 2023.
Le président des Comores, Azali Assoumani, président en exercice de l'Union africaine, prononce son discours inaugural lors de la 36e session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine (UA) au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 18 février 2023. © AFP - TONY KARUMBA
Publicité

« Un petit parmi les grands », s’exclame Le Monde Afrique. En effet, « les Comores et ses moins d’un million d’habitants se retrouvent aux commandes du continent. Azali Assoumani est devenu samedi le nouveau président en exercice de l’Union africaine. C’est la première fois qu’un pays insulaire au poids diplomatique limité obtient un tel niveau de responsabilité. »

Et la France s’est activée en coulisses, relève Le Monde Afrique, pour appuyer la candidature du président comorien : « les deux capitales sont proches, pointe le journal. En témoignent les nombreux déplacements d’Azali Assoumani, à l’Élysée – cinq fois au cours des trois dernières années. 'D’abord, la France voulait éviter des dissensions au sein de l’UA, confie un responsable comorien. Puis, il y a la possibilité pour nous, les Comores, de jouer un rôle de médiateur. Nous pouvons passer des messages, notamment au Sahel où le Mali a des problèmes avec la France'. Outre cette offre de médiation, Moroni présente aussi l’avantage, aux yeux de Paris, d’être l’un des rares pays africains à s’être ouvertement opposé à la guerre menée par la Russie en Ukraine, pointe encore Le Monde Afrique. La plupart des États du continent ayant opté pour le non-alignement. »

Un ex-putschiste à la tête de l’UA…

Et nombreux sont les journaux sur le continent à n’être guère convaincus par ce choix…

À commencer par WalfQuotidien au Sénégal : « Assoumani, ex-putschiste porté à la tête de l’Union africaine », titre le quotidien dakarois « qui rappelle en effet qu’en 2000, le président comorien avait été exclu du 36ᵉ Sommet de l’Organisation de l’Unité africaine parce qu’il était arrivé au pouvoir par le biais d’un putsch militaire. »

Qui plus est, poursuit WalfQuotidien, « il a réussi à dissoudre la Cour constitutionnelle, modifié la Constitution pour étendre d’un à deux mandats la durée de la présidence tournante des Comores. Il a aussi fait arrêter ses principaux opposants… » Bref, conclut le quotidien sénégalais, « certains considèrent tout simplement comme un échec l’arrivée d’Azali Assoumani à la tête de l’Union africaine. Et espèrent peu qu’il puisse mener l’Union africaine vers la bonne direction. »

Ledjely en Guinée enchaîne : « président d’un archipel dont l’influence diplomatique n’est pas particulièrement établie, Azali Assoumani n’est pas non plus particulièrement porté sur les principes démocratiques et les droits humains. Les opposants qui ont eu le malheur de se retrouver sur son chemin l’ont appris à leurs dépens, dans la mesure où la plupart d’entre eux sont au cachot. Est-ce le dirigeant qu’il fallait à la tête de l’Union africaine en ces périodes marquées tout à la fois par l’incertitude et la défiance des opinions publiques africaines ? L’avenir nous le dira. »

En tout cas, poursuit Ledjely, « le 25 mai prochain, l’Union africaine célébrera le 60ᵉ anniversaire de sa création. Et à l’occasion, on voudra nous servir un bilan forcément élogieux. Mais ce bilan, en réalité, n’est pas si fameux. Il est même plutôt maigrichon. »

Nombreux défis…

Le continent reste en effet englué dans des problèmes récurrents…

« Toujours ces cailloux dans la chaussure ! », s’exclame WakatSéra au Burkina Faso. « Les défis prioritaires, et pas des moindres, sont ceux de l’agro-industrie, du climat, de la relance économique de l’Afrique après les ravages de la pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine, la résolution de la crise humanitaire qui affecte ou menace plusieurs pays du continent, et la conduite à bon port du projet de l’admission de l’UA au G20 en Inde. Mais la montagne à aplanir, dans l’urgence, pointe encore WakatSéra, est, sans aucun doute, le garrot à attacher pour mettre fin à cette hémorragie de coups d’État sur le continent noir, notamment dans sa partie ouest. (…) Le Soudan de l’après Omar el-Béchir qui va également de putsch en putsch, est aussi un client important de l’UA, qui affiche résolument son combat contre les coups d’État militaires. Sans oublier ce dossier brûlant des attaques des rebelles du M23 dans l’est du Congo démocratique. »

Vers un marché unique ?

Enfin, sur le plan économique, relève Le Pays, toujours à Ouagadougou, « l’UA devra opérationnaliser la Zone de libre-échange continentale africaine, projet à multiples facettes qui peine à entrer en vigueur depuis son lancement en 2012 (…). Soyons réalistes, soupire le journal : même si la mise en place de ce marché unique, sans doute le plus grand du monde, donnera un coup de pouce à la croissance économique avec l’ouverture de nouveaux débouchés pour les entreprises et multipliera les opportunités d’emploi, ce n’est pas sous la présidence d’Azali Assoumani que l’UA arrivera à lever tous les obstacles liés notamment au problème de convertibilité des monnaies des pays membres et de leadership entre les dirigeants, sans oublier le risque de voir des multinationales rafler la mise parce que plus compétitives que les entreprises nationales. »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 04:14
  • 04:00
  • 04:05
  • 04:14
  • 04:37