Revue de presse Afrique

À la Une: une nouvelle Constitution qui pose question au Mali…

Publié le :

Le colonel Assimi Goïta, lors d'une cérémonie à Kati, janvier 2022 (photo d'illustration).
Le colonel Assimi Goïta, lors d'une cérémonie à Kati, janvier 2022 (photo d'illustration). © Florent Vergnes/AFP
Publicité

« La sécurisation du territoire national et la bonne organisation des élections générales afin de permettre le retour à une vie constitutionnelle normale… Ce sont là deux grands défis majeurs du colonel Assimi Goïta et de son équipe », note le quotidien L'Aube à Bamako. « Les Maliens fondent beaucoup d’espoirs sur le tombeur d’IBK afin de relever ces défis et sortir le Mali du gouffre dans lequel il a été plongé sous l’ancien régime. […] Et pour y parvenir, pointe encore le quotidien bamakois, le pays s’apprête à organiser des élections dont la première est le référendum, prévu le 18 juin prochain. »

Alors pourquoi ce référendum ? Il s’agit, répond L’Aube, « de doter le pays d’une nouvelle constitution en lieu et place de celle de 1992. Le constat du gouvernement est que l’une des dimensions structurelles de la crise profonde que traverse notre pays est imputable aux faiblesses, limites et lacunes de son système institutionnel, devenues problématiques en 2020 : il apparait nécessaire de traiter en profondeur cette crise en dotant le pays d’une nouvelle Constitution adaptée aux réalités nouvelles. Nombreux sont aujourd’hui les acteurs de la classe politique et de la société civile à être d’accord sur la nécessité d’une nouvelle Constitution. »

Certains religieux et politiques pas d’accord…

Nombreux peut-être mais le nouveau texte ne fait pas l’unanimité. En effet, relève Maliweb, « samedi dernier, à Bamako, une vingtaine d’organisations de la société civile, de tendance religieuse, notamment la CMAS de l’imam Dicko, ont apposé leur signature sur une déclaration formant un front commun contre la laïcité dans la Constitution. Ces organisations disent s’unir pour obtenir du président de la Transition le retrait du principe de laïcité de l’État dans le projet de Constitution. Elles se joignent à la mouvance de la Ligue malienne des imams et érudits, déjà opposée au maintien du principe de la laïcité dans le projet de Constitution. »

Toutefois, note encore Maliweb, « toutes ces pressions exercées par les religieux ne semblent jusque-là pas faire fléchir le colonel Assimi Goïta. L’exécutif reste déterminé à soumettre par référendum au peuple malien le projet de Constitution attaché à la forme républicaine et à la laïcité de l’État. »

Déni de réalité ?

En tout cas, la situation sécuritaire dans le pays permet-elle l’organisation d’un scrutin ? Certains journaux dans la sous-région en doutent, à l’instar de Mourya au Niger : « Face à l’escalade de violence exacerbée par la montée en puissance des terroristes de l’État islamique au grand Sahara et face au cas de Kidal, qui échappe de fait à l’autorité centrale de Bamako, il est légitime de se demander comment pourrait-on organiser ce référendum […]. La junte militaire malienne s’est-elle embarquée encore dans un autre véritable déni de réalité ? »

Vers une coalition pour le « non » ?

Le Pays au Burkina Faso est tout aussi dubitatif… Outre les problèmes de sécurité, il y a cette opposition des religieux… « La communauté musulmane est vent debout contre la laïcité de l’État, note le quotidien burkinabè. Cette entité préfère plutôt un État multiconfessionnel. C’est dire si le processus référendaire a déjà pris du plomb dans l’aile. Car la communauté musulmane ne compte pas pour du beurre au Mali. Elle représente près de 90% de la population. Et ce n’est pas tout, note Le Pays. En plus de cette communauté, une partie de l’opposition et de la société civile rejette également le nouveau projet constitutionnel, au motif que s’il était voté en l’état, il donnerait au futur président les pleins pouvoirs. En plus, il donnerait la possibilité à l’actuel président, le colonel Assimi Goïta, de briguer la magistrature suprême au terme de la transition. »

Et Le Pays de s’interroger : « Quelle chance le Oui a-t-il donc de l’emporter si la communauté musulmane et l’opposition se coalisent comme cela se profile à l’horizon ? »

WakatSéra au Burkina s’interroge également : « Conscient que 90% de la population malienne est musulmane, pourquoi les scribes du texte ont-ils préféré ce terme de "laïcité", sorti du dictionnaire du colonisateur, alors que cette réalité était inconnue des Maliens, tout comme des autres peuples africains avant l’arrivée du Blanc sur le continent noir ? À moins de vouloir verser dans la provocation, ne fallait-il pas trouver autre chose dans ce contexte où le sentiment anti-occidental, nourri dans certains cas par des dirigeants en quête de populisme, est abondamment servi au peuple ? »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 04:00
  • 04:05
  • 04:14
  • 04:37
  • 04:21