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À la Une: l’attaque de Djerba en Tunisie, attentat terroriste ou acte isolé?

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Des membres des forces de sécurité se tiennent près de l'entrée de la synagogue Ghriba, à la suite d'une attaque, à Djerba, en Tunisie, le 10 mai 2023.
Des membres des forces de sécurité se tiennent près de l'entrée de la synagogue Ghriba, à la suite d'une attaque, à Djerba, en Tunisie, le 10 mai 2023. REUTERS - STRINGER
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Question sans réponse pour l’instant… Qu’est-ce qui a poussé ce gendarme à tuer trois de ses collègues et deux pèlerins dans la soirée de mardi, avant d’être lui-même abattu par les forces de sécurité ?

Le quotidien La Presse  à Tunis s’interroge : « quelles sont les causes qui l’ont poussé à agir de la sorte ? S’agit-il d’un fondamentaliste qui a échappé à la vigilance des services spécialisés en dépit de la série de purges effectuée ces dernières années au sein des unités sécuritaires ? (…) Un de ces salafistes qui ont profité de la révolution pour s’infiltrer dans les rangs de la police tunisienne (…) ? »

L’enquête le dira certainement, espère La Presse. La Presse qui se félicite de la promptitude des forces de l’ordre qui ont pu empêcher le forcené d’approcher la foule des pèlerins qui se pressaient devant la synagogue de la Ghriba. Le bilan aurait alors été sans doute beaucoup plus lourd.

En tout cas, poursuit le quotidien tunisien, « les brebis galeuses doivent être bannies du secteur de la police, notamment quand on sait que la Direction de la sécurité de l’État qui suivait de très près le comportement des nouvelles recrues a été dissoute après le 14 janvier 2011 (la chute de Ben Ali) et que les renseignements généraux peinent toujours à retrouver l’éclat d’antan. Certes, pointe encore La Presse, on ne favorise guère le retour de la tristement célèbre DST, mais il faut bien une direction qui tienne à l’œil les cadres et agents de la police et guetter les dérives comportementales. »

« Appeler un chat, un chat ! »

« Peut-on définir l’attentat de Djerba comme un acte terroriste ? », s’interroge en écho le site d’information tunisien Business News . Oui, affirme-t-il. « Il faut appeler un chat, un chat. Il ne sert à rien de maquiller la réalité, c’est contre-productif. (…) Nous avons une personne qui a pris délibérément une arme et s’est dirigée délibérément vers un lieu de pèlerinage pour cibler une communauté bien particulière. Il s’agissait donc d’atteindre des objectifs idéologiques et de manifester sa haine à l’égard d’une communauté. »

Les blessures du terrorisme

Pour sa part, le président tunisien, s’est voulu rassurant hier soir. C’est ce que rapporte notamment le site d’information tunisien Webdo. Kais Saied a affirmé que la Tunisie resterait « un pays sûr, quoi que tenteront les criminels pour la déstabiliser. »

Il est vrai que cette attaque intervient au départ de la saison touristique. Et « dans la Tunisie récente, les blessures du terrorisme ne demandent qu’à se raviver, à saigner à nouveau », soupire le Point Afrique qui rappelle les précédents, notamment l’année 2015, « année de sang marquée par trois attentats majeurs : au musée du Bardo (22 morts et 45 blessés, le 18 mars), à l’hôtel Riu Mahraba de Port El Kantaoui (Sousse) le 26 juin (38 morts et 39 blessés) et celui commis par un kamikaze dans un bus de la garde présidentielle (12 morts et 19 blessés) le 24 novembre, au cœur de Tunis, à quelques centaines de mètres du ministère de l’Intérieur. »

« Un sentiment d’insécurité enfoui refait surface »

Alors, cet « attentat laissera des traces, pointe Le Monde Afrique. Fût-il l’œuvre d’un "loup solitaire", l’équipée meurtrière de ce gendarme ne sera pas sans effet sur les relations qu’entretiennent les juifs tunisiens avec leur patrie. De vieilles blessures sont ravivées, un sentiment d’insécurité enfoui refait surface. Le pèlerinage de la Ghriba, qui attire chaque année des milliers de juifs de l’étranger – de la France au Canada en passant par Israël – avait été placé sous très haute surveillance de l’État. »

Et Le Monde Afrique de rappeler que « les autorités tunisiennes ont toujours déployé de lourds moyens sécuritaires pour protéger ces rassemblements annuels, qui entretiennent l’image d’une Tunisie ouverte à la pluralité de ses héritages. (…) Le dispositif s’est pourtant révélé insuffisant mardi, même si la prompte riposte de la garde nationale tunisienne a permis d’empêcher le pire, c’est-à-dire un carnage. »

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