À la Une: une guerre qui n’en finit plus au Soudan…
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« Les combats ont repris hier matin à Khartoum peu de temps après l’expiration d’une trêve de 24 heures, constate Jeune Afrique, la énième depuis le début du conflit entre les généraux Al-Burhan et Hemedti. Cette trêve, négociée par les médiateurs saoudiens, avait commencé samedi matin à l’aube. Elle a au moins permis aux habitants de Khartoum de profiter d’un répit pour se ravitailler ou encore pour fuir la capitale. »
« Soudan, la guerre reprend ses droits », soupire le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « Dix minutes, dix petites minutes après la fin de la trêve, hier, les staccatos des fusils ont aussitôt repris leurs concerts macabres. »
Et Aujourd’hui de s’interroger : « comment parvenir à la paix, car après deux mois de combats, aucun des deux généraux n’a véritablement pris le dessus (…) ? Comment faire cesser cette guerre et œuvrer à ce que Al-Burhan et Hemedti puissent cohabiter ? Va-t-on, in fine, se résoudre à une partition du Soudan ? (…) C’est véritablement un casse-tête et un crève-cœur pour la communauté internationale que ce brûlot incandescent (…). »
Une économie en ruines
En attendant, « après deux mois de guerre, l’économie s’effondre », constate le Monde Afrique. « Les importantes ressources naturelles qui font la colonne vertébrale de son économie (or, gomme arabique, sésame, bétail ou pétrole) sont désormais à la merci d’une guerre qui s’enlise. Les exportations sont à l’arrêt. Le trafic aérien est suspendu, les principales artères sont impraticables pour le transport de marchandises. Et bien qu’épargnées par les combats, les infrastructures de Port-Soudan, par lesquelles transite près de 80 % du commerce national, sont paralysées. (…) 'Si le conflit se prolonge, analyse Magdi El-Gizouli, chercheur au Rift Valley Institute, nous allons assister à l’émergence d’une économie de prédation pour les ressources, fondée sur le contrôle des mines d’or, les pillages, les vols de bétails, à l’instar du Soudan du Sud'. Les deux armées rivales avaient misé sur une victoire rapide, pointe encore Le Monde Afrique. Alors que le conflit s’installe, les généraux semblent avoir négligé au milieu des calculs militaires, le nerf de la guerre : l’économie. 'Quel que soit le vainqueur, il gouvernera sur un tas de ruine', assène le professeur Hassan Bachir, l’université Al-Nilein, qui estime à ce jour le montant des pertes à plus 3,4 milliards de dollars et qui se dit convaincu que le Soudan mettra des années à se relever. »
« Où est la démocratie pour laquelle les Sénégalais se sont toujours battus ? »
À la Une également, le Sénégal… Le calme est revenu dans le pays, dix jours après la condamnation d’Ousmane Sonko. L’opposant est toujours retenu à son domicile dakarois.
À lire dans Jeune Afrique cette réaction d’Aisha Dème, personnalité de la vie culturelle dakaroise, fondatrice de l’AgenDakar, portail web qui recense les principales activités culturelles de la capitale sénégalaise.
« Je ne reconnais pas mon pays, dit-elle, et je suis dévastée par ce qu’il se passe. Des manifestants tués, des activistes, journalistes, opposants arrêtés pour avoir exprimé leur opinion, l’accès à internet restreint… Où est la démocratie pour laquelle les Sénégalais se sont toujours battus ? », s’interroge Aisha Dème. « En 2012, nous portions tous le même combat contre un troisième mandat du président Abdoulaye Wade, un combat qui a permis d’élire le président Macky Sall, lequel nous avait donné sa parole. Nous continuerons de nous battre contre un troisième mandat. L’histoire se répète devant une jeunesse épuisée et en manque de perspectives, séparée des élites par des gouffres de milliards, ces chiffres mirobolants qu’on leur sert à tout va, pendant que beaucoup peinent à assurer même un repas. L’histoire se répète, et cette jeunesse se bat pour sa démocratie, mais on lui tire dessus. C’est une aberration. »
« Sauvez le Sénégal pendant qu’il est temps ! »
Enfin cette réaction de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo, dans Le Point Afrique, en forme de supplique : « société civile, intellectuels, prêtres et marabouts du Sénégal, pour parler comme Senghor, 'l’heure est grave' ! Sortez du bois, sauvez le Sénégal pendant qu’il est temps ! Gardez l’exception sénégalaise, ce modèle de démocratie, de tolérance ethnique et religieuse, de paix et de stabilité, d’autant qu’à la grâce politique est venue s’ajouter, ces vingt dernières années, une croissance économique exceptionnelle ! Le Mali et le Burkina ont sombré, affirme encore Tierno Monénembo. La Guinée est à l’agonie depuis des lustres. La Sierra Leone et le Liberia sont encore en salle de réanimation. La Côte d’Ivoire n’en a pas fini avec ses vieux démons… Sénégalais, ne faites pas comme nous ! Que va-t-il nous rester si vous brûlez votre bijou de pays ? »
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