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À la Une: la disparition de John Fru Ndi

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Le chef de l'opposition camerounaise, John Fru Ndi, octobre 2011.
Le chef de l'opposition camerounaise, John Fru Ndi, octobre 2011. © AFP/Seyllou
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Sa photo est à la Une notamment du site Cameroon Info : le visage grave, marqué par les années, costume et chapeau traditionnel. John Fru Ndi était l’un de ces opposants africains emblématiques.

« À 82 ans, l’inamovible président du Social Democratic Front (le SDF) avait prévu de passer la main au mois de juillet prochain, lors du Congrès de sa formation politique. Mais Dieu, Tout Puissant, en a disposé autrement, pointe Cameroon Info. Leader de l’opposition pendant environ 28 ans, John Fru Ndi a incarné, jusqu’au début des années 2000, l’opposition radicale au chef de l’État Paul Biya, président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, parti au pouvoir. »

Paul Biya qui lui a d’ailleurs rendu hommage le 13 juin, rapporte le site Actu Cameroun : « Paul Biya a exprimé sa tristesse suite au décès de celui qui était son rival depuis 1990. Le locataire du palais d’Etoudi a également salué la mémoire d’un acteur important de la vie politique du Cameroun et un patriote engagé. »

Trois fois candidat malheureux

« Il était l’opposant historique de Paul Biya, souligne Le Monde Afrique. Trois fois candidat malheureux à l’élection présidentielle, John Fru Ndi aura tenté, sans succès, de s’imposer face à l’inamovible président du Cameroun, au pouvoir depuis 40 ans. "L’histoire du retour à la politique multipartite au Cameroun ne saurait s’écrire sans son nom en lettres d’or. Sa vie est une leçon sur le fait que le leadership consiste à servir et non à être servi", a commenté l’avocat et homme politique Akere Muna, ancien candidat à l’élection présidentielle qui a connu le "Chairman" pendant plus de cinq décennies. »

Pour autant, « pour certains, John Fru Ndi, affaibli par l’âge et la maladie, aurait été corrompu par le pouvoir en place, relève encore Le Monde Afrique. Une accusation qu’il a toujours niée. En 2017, il affirmait que "Paul Biya [devait] être traduit devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité", pour les multiples exactions commises dans le cadre du conflit qui oppose depuis 2017, l’armée camerounaise aux séparatistes qui luttent pour l’indépendance du Sud-Ouest et Nord-Ouest, les deux régions anglophones du pays ».

Le « Lumumba camerounais »

« John Fru Ndi, "le Lumumba camerounais" s’est éteint », s’exclame Le Nouvel Observateur à Kinshasa. « John Fru Ndi était un peu en effet dans le style frondeur jusqu’au-boutiste de l’ancien Premier ministre congolais, précise le bi-hebdomadaire kinois. On se souvient qu’en 2015, lors d’un colloque international à Kinshasa, John Fru Ndi n’avait pas hésité à dire ouvertement que l’ancien président congolais Joseph Kabila devait renoncer à briguer un troisième mandat à la tête de la RDC, sinon le pays allait basculer dans le chaos. Des propos qui n’avaient pas été appréciés par les dignitaires du régime Kabila. »

L’opposition comme un apostolat

« Quel héritage politique lègue-t-il à ses successeurs ? », s’interroge le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « Il laisse un SDF divisé, avec plusieurs départs et des problèmes internes que ses dauphins parviennent difficilement à résorber. » Notamment « lors de la désignation des dirigeants de certaines localités. Sans oublier la terrible guerre de succession qui s’annonce épique. (…) Le "Chairman" avait conçu l’opposition comme un apostolat depuis 1992. Et à l’heure où les hommages pleuvent sur sa mémoire, l’avenir du SDF reste en pointillé face au RDPC, lequel, bien que son thaumaturge de président Paul Biya soit nonagénaire, demeure le parti qui tient toujours en main le Cameroun. Les successeurs de Fru Ndi, Joshua Osih et ses camarades, pourront-ils accéder un jour au pouvoir ? Pour le moment, c’est l’adieu au "Chairman". »

WakatSéra, toujours au Burkina, est sur la même ligne : « Il ne faut pas être un analyste politique hors-pair, encore moins un lecteur de boule de cristal, pour voir l’avenir difficile qui sera celui du SDF, secoué par des querelles et des oppositions internes de cadres dont l’appétit sera encore plus vorace avec la mort du "Chairman". En tout cas, non seulement le SDF doit faire face aux désaccords entre ses militants au sommet, mais il doit affronter une vague de nouveaux acteurs aux dents longues, déterminés à occuper les premières loges en vue de se positionner pour la succession de "Papy Popaul", aux affaires depuis 1982. Une longévité au pouvoir de 41 ans ! »

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