À la Une: le référendum constitutionnel au Tchad
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Plus que cinq jours avant l'heure de vérité pour la nouvelle Constitution. Le texte, rappelle Jeune Afrique, « instaurerait une limitation de mandats présidentiels à deux quinquennats, mais doit surtout consacrer la forme unitaire et décentralisée de l’État », n’en déplaise à des partis comme le FAR qui, raconte Ialtchad, continuent de faire campagne pour le « non » et surtout de prôner « la fédération, ses avantages et son intérêt pour le Tchad. »
Une idée qui séduit depuis des années dans le pays, particulièrement dans le sud où, raconte JA, « flotte depuis de nombreuses années un vent de contestation. Et de fédération. »
Des enjeux importants pour le pouvoir
D’autant que ce référendum fait office d’épreuve du feu pour le régime de transition de Mahamat Idriss Déby : il s’agit, assure Wakat Sera, du « véritable premier test de popularité » pour la junte, après une transition qui, selon le journal burkinabè « n’a que trop duré » et « met sous les feux de la contestation » le pouvoir en place.
Aujourd’hui au Faso va dans le même sens et pointe que « pour de nombreux analystes », le régime chercherait, par ce référendum, « à légaliser et légitimer son pouvoir » ; une forme de « toilettage de la loi fondamentale » en réalité destiné « à faire passer la pilule », suppose encore le site burkinabè.
D’une formule radicale, mais aussi limpide, un ministre interrogé par Jeune Afrique résume ainsi la situation : « ce référendum, c’est un peu le premier tour de la prochaine présidentielle. »
Un soutien inattendu pour la junte
Inattendu, mais peut-être aussi crucial : le soutien de Succès Masra, patron des Transformateurs. Fraîchement rentré d’exil, lui-même défenseur, pendant longtemps, du système fédéral, l’opposant a appelé à voter « oui » hier en meeting.
Comment expliquer ce revirement ? Wakat Séra suppose qu’il s’agit peut-être, simplement, « d’un renvoi d’ascenseur » au pouvoir de transition, qui a renoncé (« pour l’instant en tout cas » précise le journal) aux poursuites contre l’opposant. En clair, le comportement de Succès Masra risque, prédit le titre burkinabè, d’apporter « de l’eau au moulin de ceux qui le suspectent d’avoir passé un ‘deal’ avec le régime de Déby fils. » Pour Aujourd’hui au Faso, il s’agit en fait, tout simplement, de « realpolitik » : « obtenir un quitus pour revenir au pays (…), mener allègrement ses activités politiques, tout ceci à une contrepartie » persifle le journal.
Quelles que soient ses raisons, le patron des Transformateurs a « eu raison » d’appeler à voter oui, conclut Wakat Séra : « retarder l’avènement de la nouvelle loi fondamentale, c’est maintenir le Tchad en mode régime d’exception encore pour un temps indéfini ». Mieux vaut souhaiter aux tchadiens « une constitution comme cadeau de Noël. »
Une enquête sur des migrants interceptés au large de Malte par une milice libyenne
Les autorités maltaises et européennes coopèrent-elles secrètement avec le fils du maréchal Haftar ? Pour Le Monde Afrique, qui a participé à une enquête collaborative de Lighthouse Reports, la réponse est simplement oui.
D’après le quotidien, « à plusieurs reprises, les forces armées maltaises et l’agence européenne de gardes-frontières Frontex ont livré » à la milice Tareq ibn Ziyad, dirigée par Saddam Haftar, « les coordonnées GPS de bateaux cherchant à rejoindre l’Europe ». Objectif : éviter d’avoir à prendre en charge ces migrants sur le sol européen. Mais résultat : « l’interception des migrants et leur envoi forcé vers la Libye, où ils sont victimes de mauvais traitements », des jours d'emprisonnement, de torture et de sévices.
Une attitude en violation du droit international
Oui, car, rappelle Le Monde Afrique, la surface maritime mondiale est divisée en « zones de recherche et de sauvetage (…) définies par les Nations unies pour déterminer quels pays sont responsables des secours en mer ». Mais un haut fonctionnaire maltais admet « collabor[er] avec les garde-côtes libyens » via « des moyens de surveillance » ou « des formations ». Alors même que les autorités savent les dangers encourus par les personnes interceptées en Libye – des risques allant des tortures au trafic d’êtres humains.
Alors, en public, les autorités de Malte et de l’UE se bouchent le nez : « Haftar (…) n’est pas un interlocuteur approprié pour nous » disent-elles au Monde. Et en privé ? « Le militaire est bien courtisé par Malte et l’Italie », martèle le quotidien.
Avec un objectif : endiguer le nombre d’arrivées de migrants. Quel qu’en soit le prix.
À écouter aussiTchad: l’opposant Succès Masra change de cap et appelle à dire «oui» à la nouvelle Constitution
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