Revue de presse Afrique

À la Une: l’heure des tractations en Afrique du Sud

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Le chef de l’Etat Cyril Ramaphosa a délivré un discours au Centre national des résultats électoraux, où se sont réunis invités et représentants des partis politiques, pour la proclamation officielle des résultats des élections générales en Afrique du Sud, le 2 juin 2024.
Le chef de l’Etat Cyril Ramaphosa a délivré un discours au Centre national des résultats électoraux, où se sont réunis invités et représentants des partis politiques, pour la proclamation officielle des résultats des élections générales en Afrique du Sud, le 2 juin 2024. AFP - PHILL MAGAKOE
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C’est un séisme politique dans la nation Arc-en-ciel… « Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid, depuis 1994, l’ANC, le parti de Nelson Mandela, va devoir s’allier avec ses principaux rivaux pour se maintenir au pouvoir, sur fond de montée du populisme dans le pays » : constat dressé par Le Monde Afrique.

En effet, à l’issue des élections législatives, l’ANC est en net recul. Le parti du président Ramaphosa « perd 71 sièges au Parlement », s’exclame The Citizen à Johannesburg, « soit 17% de ses voix par rapport au scrutin de 2019 », avec 159 sièges contre 230.

L’Alliance démocratique, le DA, passe de 84 à 87 députés. Et le parti MK de l’ancien président Jacob Zuma « a surpris la nation entière avec 58 sièges. »

« Que cela vous plaise ou non, le peuple a parlé ! », a lancé dimanche soir le président Ramaphosa. C’est ce que rapporte notamment le Daily Sun. Cyril Ramaphosa qui « a exhorté les partis à accepter les résultats des élections. »

L’ANC divisée

Alors faute de majorité, c’est une coalition de partis qui va gouverner le pays. « Les portes de la coalition sont ouvertes » désormais, pointe le Mail & Guardian. « Le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, et le chef de l’Alliance démocratique, John Steenhuisen, ont annoncé que des discussions allaient s’ouvrir », relève le journal qui précise que « l’ANC a d’ores et déjà fait savoir qu’elle n’accepterait aucune proposition qui poserait la mise à l’écart de Ramaphosa comme condition préalable, affirmant qu’il s’agissait d’une “zone interdite“ et que les parties souhaitant négocier avec cette condition préalable devraient "l’oublier". »

Au sein de l’ANC, les avis sont partagés, pointe encore le Mail & Guardian : « il existe un puissant lobby qui prône une coalition avec l’EFF de Julius Malema, ex-figure de l’ANC, qui a recueilli un peu plus de 9% des voix, mais il en existe un autre, qui inclut Ramaphosa et Mbalula, et qui est favorable à la formation d’un gouvernement d’unité nationale », avec une alliance sur sa droite, avec l’Alliance démocratique.

Un accord déjà négocié ?

D’après le Sunday Independant, autre quotidien sud-africain, un accord aurait déjà été négocié entre l’ANC et l’Alliance démocratique. Un accord qui stipulerait que « l’Alliance démocratique prendrait la tête du Parlement, qui assure la fonction de contrôle de l’Exécutif, tandis que l’ANC, de son côté, dirigerait l’exécutif et occuperait tous les postes ministériels. »

Un projet dénoncé par le site IOL, Independant On line. « Il serait inouï, écrit-il, que l’ANC, "mouvement de libération" entre dans une coalition avec la principale "opposition", dont la partie historique est gravée dans l’ère de l’apartheid et dont il s’oppose avec véhémence aux politiques. L’Alliance démocratique n’a jamais changé et n’a jamais prétendu vouloir changer. Sa politique est claire : protéger les intérêts des Blancs et du capital blanc. (…) Aujourd’hui, dénonce encore IOL, nous assistons à un moment décisif, celui du retour des Blancs au pouvoir via des accords détournés, conclus par des politiciens et forcés par des entreprises ou des "investisseurs" blancs. »

Exercice d’équilibrisme à haut risque…

En tout cas, constate Le Monde Afrique, « l’ANC n’a désormais plus d’autre choix que de s’allier avec un ou plusieurs de ses principaux concurrents. Un exercice d’équilibrisme à haut risque pour la jeune démocratie sud-africaine qui vit le crépuscule de la domination d’un parti. Face à ce défi, l’Afrique du Sud est à la croisée des chemins, pointe le journal. L’ANC pourrait faire alliance avec l’EFF, formation d’extrême-gauche, et/ou le MK de Jacob Zuma, qui souhaitent tous les deux réviser la Constitution pour permettre notamment une confiscation de certaines terres par l’État sans compensation. Ou bien le parti pourrait s’allier (donc) avec son principal opposant, l’Alliance démocratique, qui plaide pour des réformes libérales et passe pour un modèle de gouvernance au niveau local. Deux scénarios se dessinent, souligne l’analyste politique Mike Law, interrogé par Le Monde Afrique. D’un côté, affirme-t-il, un gouvernement aux tendances populistes, de l’autre, une relation plus stable entre deux partis centristes. Les prochaines semaines seront cruciales. La première perspective affole les marchés, quand la seconde a tout pour les rassurer. Et si l’option d’une coalition avec l’Alliance démocratique, éventuellement élargie à de plus petits partis, semble emporter la préférence des plus hauts dirigeants de l’ANC, une profonde ligne de fracture divise le mouvement alors que chacun pose ses conditions sur la table. »

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