À la Une: les élections européennes vues d’Afrique
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« Quel impact la montée de l’extrême droite en Europe pourrait-elle avoir sur l’Afrique ? Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? », s’interroge Le Pays à Ouagadougou. « La question est d’autant plus fondée qu’au-delà de la question migratoire, cette montée des nationalismes en Europe intervient dans un contexte d’une Afrique en pleine mutation, où de plus en plus de pays africains invoquent la question de leur souveraineté dans le choix et la diversification de leurs partenaires. (…) De ce point de vue, estime Le Pays, la montée de l’extrême droite en Europe pourrait être un mal pour un bien pour l’Afrique. En ce qu’elle sonnerait comme une interpellation au continent noir à s’assumer pleinement. Et c’est peu dire qu’une telle situation mettrait les dirigeants africains face à leurs responsabilités en les obligeant à trouver des solutions innovantes à la crise migratoire pour fixer les Africains sur un continent qui a besoin de la force des bras et de l’intelligence de ses fils pour amorcer son vrai développement. Autant dire, conclut le quotidien burkinabé, que c’est une situation qui pourrait sonner le réveil de l’Afrique. Mais qui pourrait tout aussi faire grandir davantage le sentiment anti-français sur un continent dont les dirigeants ne sont pas toujours enclins à assumer leur part de responsabilités dans les malheurs qui le frappent. »
Un nouveau symptôme de la psychose migratoire…
Pour L’Observateur Paalga, toujours au Burkina Faso, « cette poussée de la droite radicale est symptomatique de la psychose migratoire qui s’est emparée de toute l’Europe et ne cesse, à chaque élection, de gonfler les voiles des partis d’extrême droite. Ayant donc davantage d’action aux leviers de la législation communautaire, ils ne manqueront pas l’occasion d’imprimer un virage dans la politique migratoire. Au grand bonheur d’une bonne partie de leur population et au grand dam de la bien-pensance africaine qui ne manquera pas de monter au créneau en criant à l’égoïsme national et au mépris de l’homme noir. Mais ne perdons pas de vue, pointe encore L’Observateur Paalga, que s’ils sont nombreux les Africains à quitter leur continent par tous les moyens et au péril de leur vie, cela ne traduit rien d’autre que l’échec des gouvernements qui se sont succédé à la tête des États du Gondwana. »
Les Français expatriés sur le continent ont plutôt voté à gauche…
Pour ce qui concerne les Français installés sur le continent : ils « ont voté majoritairement pour les partis de gauche aux élections européennes du 9 juin. » C’est ce que pointe Jeune Afrique qui précise que « La France insoumise et le Parti socialiste arrivent en tête, suivis par la majorité présidentielle, Renaissance. Pas de percée électorale, en revanche, pour le Rassemblement national, sauf au Gabon et en Centrafrique. La liste LFI menée par Manon Aubry rafle la mise dans six pays : Sénégal, Tchad, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée, et Comores. De son côté, la liste PS menée par Raphaël Glucksmann a séduit nombre d’expatriés français en se hissant à la première place au Mali, au Bénin, en RDC et au Togo. »
Jeune Afrique note aussi que « les expatriés français ont davantage boudé les urnes que leurs compatriotes métropolitains et ultramarins, avec un taux d’abstention dépassant systématiquement les 80 %, contre 51,5 % pour la moyenne nationale. »
L’« effet Gaza »
Pour sa part, Le Monde Afrique met en lumière le bon score de La France insoumise dans les pays du Maghreb… « Avec plus de 38 % des voix, la liste conduite par Manon Aubry est arrivée première au Maroc, mais aussi en Algérie, en Tunisie et en Mauritanie. Un « effet Gaza », selon Abdelghani Youmni, conseiller des Français de Casablanca, membre du Parti socialiste, (interrogé par le journal) : « dans toute la région, dit-il, LFI a fait de gros scores parce que la question palestinienne y est centrale. Les binationaux – qui représentent plus de la moitié des électeurs – et les Français de couples mixtes ont été sensibles à la position de LFI, qui dénonce un génocide à Gaza. »
Par ailleurs, observe encore Le Monde Afrique, « incidemment, les résultats des élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale pourraient freiner le réchauffement en cours des relations franco-marocaines. Attendu début juillet à Rabat, le chef du gouvernement, Gabriel Attal, devait participer à la haute commission mixte entre les deux pays, qui ne s’est pas tenue depuis 2019. Mais sa venue est aujourd’hui "très certainement compromise", indique une source diplomatique. Au Maroc, la question est désormais de savoir si c’est un premier ministre d’extrême droite qui prendra sa relève. »
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