Élections présidentielle et législatives ce lundi au Rwanda. Le scénario est écrit d’avance. Paul Kagame est assuré d’être réélu. La seule inconnue est de savoir s’il fera mieux que les 98,63% des voix qu’il avait obtenues en 2017…
D’ailleurs, le message délivré dans l’éditorial du quotidien The New Times à Kigali est sans ambiguïté… « Notre vote déterminera la direction de notre pays pour les cinq prochaines années et façonnera l’avenir sur lequel nous pourrons parvenir à la prospérité. (…) La décision que vous prendrez sera décisive pour l’accès à l’électricité, pour que ceux qui vivent encore dans la pauvreté s’en sortent, pour créer des emplois, pour maintenir la paix et la sécurité et pour permettre au pays d’augmenter son revenu. Les dirigeants passés ont déjà posé de bonnes bases sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour aller de l’avant. Les dirigeants du Front patriotique rwandais ont défini le programme Vision 2050 qui devrait transformer complètement le pays. Un plan clair pour que le Rwanda devienne une nation compétitive avec une influence mondiale. »
Une trop grande complaisance internationale ?
« Paul Kagame, 66 ans, parcourt le pays comme un chef d’état-major des armées ferait une tournée d’inspection des casernes pour s’assurer que tout est en ordre de marche » : constate Le Monde Afrique. Il est vrai que son bilan économique et social est bon : « globalement, le produit intérieur brut affiche une croissance annuelle moyenne de 7 % depuis 2012, même si le pays reste dépendant des prêts et des dons internationaux, qui couvrent 45 % du budget. L’État n’a pas de problème pour boucler ses fins de mois. Il demeure un chouchou des institutions financières internationales privées ou publiques. »
Et Le Monde Afrique de s’interroger : « jusqu’à quand le Rwanda bénéficiera-t-il de cette bienveillance ? Les conclusions du dernier rapport des experts des Nations unies pour la RDC exposent en effet au monde la face sombre du pays. Celle liée à l’intervention de son armée et ses exactions aux côtés du groupe des rebelles congolais du M23 dans la province frontalière du Nord-Kivu. (…) Déjà, l’Union européenne hésite à poursuivre le financement de l’armée rwandaise au Mozambique pour lutter contre des groupes armés djihadistes. De son côté, le gouvernement congolais “appelle la communauté internationale à prendre des sanctions politiques, économiques et judiciaires sévères contre le Rwanda et ses dirigeants“. Mais de cela, conclut Le Monde Afrique, il n’est pas question sur les estrades électorales, où l’on préfère vanter les réussites. »
Main de fer…
Sur le plan intérieur, relève Le Pays au Burkina Faso, « l’homme fort de Kigali a verrouillé le système politique en mettant sur pied un parti-État qui, par son omniprésence dans toutes les sphères de la Nation, a vidé le Rwanda de toute substance démocratique. A titre illustratif, pointe le quotidien ouagalais, l’organe chargé des élections, inféodé au parti, s’est chargé, en amont de l’élection, de débroussailler le champ pour le laisser libre à Kagame en recalant des figures de l’opposition comme Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda ou encore Diane Rwigara qui ont survécu à la purge. La liberté d’expression, qui est le pendant de la démocratie, est une chimère au Rwanda. »
L’Observateur Paalga renchérit : « c’est avec une main de fer que Paul Kagame dirige son pays et honni qui mal y pense, notamment les férus des modèles démocratiques copiés collés. Victoire Ingabire, l’opposante la plus déterminée, qui a connu la prison pendant plusieurs années avant de se faire déchoir de ses droits civiques, ne dira pas le contraire. Face donc à deux adversaires de salon, le président rwandais va passer haut la main la formalité de sa reconduction. »
Jusqu’à quand ?
Enfin, question posée par Jeune Afrique : « ce mandat sera-t-il le dernier pour Paul Kagame ? Le chef de l’État est accusé par ses détracteurs de ne former aucun successeur capable de prendre sa place à la tête du pays. La dernière révision constitutionnelle a remis les compteurs à zéro pour Paul Kagame, qui est autorisé à effectuer deux nouveaux mandats – de cinq ans cette fois –, et donc à potentiellement rester au pouvoir jusqu’en 2034. La question de l’après lui a été posée de nombreuses fois : 'Je ne trouve pas ma position confortable, confiait-il à Jeune Afrique au mois de mars. En ce qui me concerne, peut-être que si mon parti était assez courageux pour choisir quelqu’un d’autre, cette personne ferait aussi bien que moi, voire mieux'. Paul Kagame laisse donc au FPR le soin de choisir son dauphin. »
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne