
C’est une enquête à lire dans Jeune Afrique. Une enquête sur ce groupe de partisans de la junte militaire au pouvoir à Ouagadougou, un groupe qui agit par le biais d’internet : « ils se font appeler les "BIR-C", pour "bataillon d’intervention rapide de la communication", nous apprend le site panafricain. Mais quand leurs homologues de l’armée ont pour mission de lutter contre le terrorisme ou d’assurer la sécurité de grands convois logistiques, eux n’ont qu’un seul but : défendre le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé à la tête du Burkina Faso par la force, il y a tout juste deux ans. Très actifs sur les réseaux sociaux, pointe Jeune Afrique, ils menacent, invectivent et mettent à prix la tête de ceux qui osent afficher des positions discordantes. Si les militaires au pouvoir utilisent la force publique pour semer la terreur à Ouagadougou et dans les grandes villes du pays, les BIR-C, eux, sévissent en ligne, assumant sans difficulté être un outil de propagande au service du régime. Et ils ont été particulièrement présents ces dernières semaines. Depuis que le massacre de Barsalogho, perpétré le 24 août, a paru fragiliser le président de la transition, dont la stratégie sécuritaire a, ce jour-là, été brutalement questionnée, les BIR-C sont omniprésents, précise le site panafricain. Dans leur viseur : des journalistes, des opposants, des responsables d’organisations de la société civile et, d’une manière plus générale, toute personne se montrant publiquement un peu trop critique sur la gestion du pays. Tous sont, aux yeux des BIR-C, des "apatrides". Autrement dit, des traîtres ».
Jeune Afrique détaille par le menu les différents comptes des BIR-C sur les réseaux sociaux et en pointe un en particulier : il s’agit du compte Facebook d’Ibrahim Maïga, « la figure de proue de cette mouvance, avec 938 000 abonnés. Depuis les États-Unis, où il réside, cet activiste burkinabè, naturalisé américain, coordonne plusieurs pages pro-IB. Réputé proche du président de la transition, il a multiplié les appels à s’en prendre aux familles des "apatrides". »
La Tunisie verrouillée avant la présidentielle
À la Une également, l’élection présidentielle en Tunisie… Quatre jours avant le scrutin de dimanche, un collectif d’intellectuels et de militants appelle, dans une tribune publiée par Le Monde, à la mobilisation pour empêcher le pays de s’enfoncer dans la dictature. « L’enterrement des libertés se déroule sous l’œil impassible ou complice des partenaires européens », déplorent-ils. « En trois ans, poursuivent les signataires, les derniers espoirs de "transition démocratique" ont disparu. Le pays qui, en 2010, avait initié un mouvement de révolution dans tout le monde arabe s’embourbe aujourd’hui dans l’autoritarisme le plus vil, le plus bas, le plus kafkaïen. Pour Kaïs Saïed – un constitutionnaliste passé apprenti dictateur en 2021 –, aucun espace de contestation ne doit exister. Et certainement pas à l’approche de l’élection présidentielle ».
La Francophonie : un monde « hétéroclite »
Enfin, le Sommet de la Francophonie qui a lieu demain à Villers-Cotterêts au nord de Paris. Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement sont attendus, dont une quinzaine en provenance d’Afrique. Dans Le Point Afrique, l’écrivain guinéen Tierno Monénembo reconnait certes que « la Francophonie est un monde divers pour ne pas dire hétéroclite : la carte et le territoire ne s’y recouvrent pas toujours et les postures idéologiques ne traduisent pas forcément les réalités linguistiques ».
Mais, rappelle-t-il, « la francophonie est née en Afrique. Ce sont des Africains (Léopold Sédar Senghor, Habib Bourguiba et Hamani Diori) qui ont eu l’idée de regrouper tous les pays, parlant partiellement ou entièrement la langue française, autour d’un projet ». Et « plus de soixante ans après les indépendances, l’Afrique compte dix fois plus de francophones qu’au temps colonial ».
Et Tierno Monénembo de s’interroger : « qui est le francophone, au juste : Sekou Touré qui prônait ardemment la promotion des langues africaines mais qui ne s’exprimait qu’en français ? Ou bien Léopold Sédar Senghor, son adversaire de toujours, dont il disait avec férocité : "c’est un pingouin : le dos est noir mais le ventre est blanc" ; Senghor, ce "nègre assimilé", cet agrégé de grammaire, cet amoureux de Ronsard et de Verlaine, ce futur académicien, qui faisait tous ses discours de consommation intérieure en sérère, en peul ou en wolof, les trois principales langues du Sénégal qu’il maîtrisait parfaitement ? Alors qui est le francophone ? Peut-être bien tous les deux ! »
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