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À la Une: Paul Biya, le retour

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Le président camerounais Paul Biya.
Le président camerounais Paul Biya. AP - Sunday Alamba
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« Il est là ! », s’exclame Cameroun Tribune en première page avec cette photo montrant le président camerounais à son arrivée à l’aéroport de Yaoundé, depuis Genève, en compagnie de son épouse Chantal, à la chevelure rousse flamboyante.

« Dans un contexte de rumeurs malveillantes sur son état de santé, relève le quotidien camerounais, les populations, sorties massivement pour la circonstance, ont réservé un accueil des grands jours au Chef de l’État, le long de l’itinéraire de l’aéroport international jusqu’au Palais de l’Unité ».

Il faut dire que Paul Biya, 91 ans officiellement, n’était plus apparu en public depuis son départ de Pékin, début septembre, à l’issue du sommet Chine-Afrique.

« Le 8 octobre, rappelle Le Monde Afrique, après une série de rumeurs alarmantes, le gouvernement camerounais avait assuré que Paul Biya se portait bien et rejoindrait le Cameroun "dans les prochains jours". Le ministre de l’administration territoriale avait ensuite formellement interdit aux médias d’évoquer l’état de santé du président, en menaçant les contrevenants de poursuites. Depuis, des rumeurs annonçant son retour imminent par deux fois la semaine dernière, contredites par d’autres rumeurs allant jusqu’à annoncer sa mort, ont circulé sur les réseaux sociaux ».

Tensions et difficultés financières…

Alors, « cette fois-ci, c’est la bonne », constate Jeune Afrique. Jeune Afrique qui affirme que lors du séjour suisse de Paul Biya « des tensions ont éclaté au sein du cercle rapproché du chef de l’État, en particulier autour de Chantal Biya, laquelle s’est opposée à certains collaborateurs de son mari. La première dame a notamment reproché à Samuel Mvondo Ayolo, directeur de cabinet du président, d’avoir divulgué à certains de ses proches des informations confidentielles sur l’état de santé du président. (…) Des tensions venues s’ajouter, croit savoir encore Jeune Afrique, à celles nées de difficultés financières liées au séjour présidentiel en Suisse. Alors qu’elle finance habituellement les déplacements du chef de l’État, grâce à des comptes en Europe, la Société nationale des hydrocarbures aurait rencontré des obstacles et des agents du service financier du cabinet civil de la présidence ont dû être dépêchés d’urgence à Genève. La famille présidentielle a d’ailleurs discrètement quitté ces derniers jours l’hôtel Intercontinental pour poursuivre son séjour dans une résidence privée proche du lac Léman ».

Quid de l’après-Paul Biya ?

En tout cas, cette absence prolongée de Paul Biya et l’opacité entretenue par son entourage ont provoqué et provoquent toujours bien des réactions…

« Que nous apprend ce retour ? Tout au plus que le président camerounais est encore vivant, commente Ledjely en Guinée. Contrairement à ce que certains avaient déjà annoncé. Pour le reste, le débat demeure et tous les doutes sont permis. (…) Et par conséquent, la question de fond reste posée : quid de l’après-Paul Biya ? Parce qu’à presque 92 ans, que le veuillent ou pas le président et ses partisans, la fin est proche. En cela, ses soucis de santé, que l’on tente de masquer ou de minimiser à grands renforts de communication et de propagande, ne sont que des alertes que Paul Biya lui-même devrait entendre et comprendre en toute lucidité ».

En effet, enchaine le site Cameroun Magazine, « la question de la succession du pouvoir est un enjeu majeur pour tout pays, et le Cameroun ne peut pas faire l’impasse sur cette étape cruciale. La nécessité d’une transition du pouvoir bien préparée est essentielle pour maintenir la paix civile et éviter le chaos. Il est temps pour les dirigeants de prendre leurs responsabilités et de planifier l’avenir du pays de manière sereine et constructive ».

Franchira-t-il le pas ?

Aujourd’hui à Ouagadougou renchérit : « avec 42 ans de pouvoir au compteur, le biyaisme laissera probablement une succession très corsée à gérer, pour ne pas dire un après-lui chaotique si rien n’est fait. Ce fut le cas avec Houphouët, avec Mobutu, avec Compaoré et avec Eyadema… L’après-Biya est tabou ; penser sans en parler, et adopter à la limite la loi des 3 singes : rien vu, rien entendu, rien senti ! Sauf qu’il y a le destin de tout un pays dans la balance ».

Enfin, pour Le Pays, toujours au Burkina Faso, il est temps… « Après tant de décennies de règne sans partage, Paul Biya, gagnerait à faire enfin valoir ses droits à la retraite. Ainsi, il pourrait s’éviter l’humiliation dont ont été victimes certains dirigeants du continent qui, se faisant passer pour des messies, refusaient de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir. (…) Franchira-t-il le pas ? Pas si sûr, tant tout porte à croire que l’homme se donne toutes les chances de mourir au pouvoir (…). Il est même à craindre qu’il ne cède aux sirènes des Raspoutine qui l’appellent à briguer un nouveau mandat. On attend de voir ».

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