Revue de presse Afrique

À la Une: la spirale de la violence au Soudan

Publié le :

Des Soudanais déplacés se rassemblent et s'installent dans des tentes de fortune après avoir fui la ville d'El-Fasher au Darfour, à Tawila, au Soudan, le 29 octobre 2025, dans cette image extraite d'une vidéo de Reuters.
Des Soudanais déplacés se rassemblent et s'installent dans des tentes de fortune après avoir fui la ville d'El-Fasher au Darfour, à Tawila, au Soudan, le 29 octobre 2025, dans cette image extraite d'une vidéo de Reuters. © REUTERS/Mohamed Jamal
Publicité

Malgré les appels au cessez-le-feu et à des négociations, le cauchemar se poursuit au Soudan. Après la chute d’El-Fasher il y a dix jours, tombée entre les mains des milices FSR, c’est toujours l’exode au Darfour pour des milliers de civils.

Le Sudan Times rapporte ainsi que « sur les 70.000 personnes environ qui ont pu fuir la ville, plus de 5.000 sont arrivées à Tawila, à l’ouest d’El Fasher, dont plus d’un millier ont été blessés par balles. (…) Les autorités civiles s’efforcent de leur fournir abri et assistance, (…) et ont renouvelé leur appel aux organisations internationales et aux agences d’aide humanitaire pour qu’elles viennent en aide. »

La ville de Tawila abriterait déjà plus de 650.000 déplacés d’après l’ONU.

Et « alors que la communauté internationale condamne les exactions inhumaines commises par les milices FSR sur les populations d’El-Fasher, plusieurs autres villes de la province du Darfour viennent de tomber entre les mains des paramilitaires, constate WakatSéra au Burkina Faso. Et les mêmes atrocités vont certainement monter crescendo, jetant encore de l’huile sur le brasier soudanais. »

Responsables ou tout du moins complices…

Reste que certains, au sein de cette même communauté internationale qui condamne les massacres donc, certains ne sont pas exempts de tout reproche…

« Après dix-huit mois d’un siège qui a affamé près de 200.000 civils et après des centaines de bombardements meurtriers menés par les FSR, la catastrophe d’El-Fasher était prévisible. Mais était-elle évitable ? », s’interroge Le Monde Afrique. Le Monde Afrique qui pointe la responsabilité en premier lieu des Émirats arabes unis : « pour la plupart des observateurs, il est impossible que les Émirats n’aient pas été informés de la préparation de l’offensive de leurs alliés paramilitaires sur le terrain. Dans le sillage des massacres d’El-Fasher, leur implication dans la guerre au Soudan est au cœur de l’attention, tout comme la complicité passive de leurs alliés européens. »

En effet, pour la chercheuse soudanaise Kholood Khair, interrogée par Le Monde Afrique, « les États occidentaux disent ne pas savoir quoi faire pour arrêter la crise. Mais la réalité est que le niveau d’intérêts mutuels des Occidentaux avec les Émirats arabes unis – sur d’autres terrains, notamment en Ukraine ou à Gaza – les retient d’agir. »

D’ailleurs, poursuit le journal, « l’implication incontestable des Émirats arabes unis dans la guerre au Soudan suscite un silence gêné de la plupart de ses partenaires occidentaux, alors que des armes européennes ont été livrées par leur allié émirati aux FSR. Des équipements militaires français fabriqués par les groupes KNDS France et Lacroix équipant des véhicules blindés émiratis sont utilisés au Soudan, ainsi que des armes de fabrication britannique, canadiennes ou encore bulgares. Ces transferts entrent en violation de l’embargo européen. »

Le Soudan : « un champ d’expérimentation pour puissances cyniques »

Dans une tribune publiée par Le Point Afrique, plusieurs personnalités soudanaises, acteurs de la société civile, juristes, artistes, disent leur indignation : « le Soudan n’est plus un pays, affirment-ils : c’est devenu un champ d’expérimentation pour puissances cyniques et propagandes concurrentes. (…) L’ONU ne peut se contenter de “déplorer et condamner les violences“, poursuivent-ils. Il lui revient de saisir la CPI pour entamer des procédures à l’encontre des chefs de guerre. L’embargo sur toutes les armes arrivant au Soudan devrait être exigé. Une coalition internationale comprenant notamment les pays arabes et les Occidentaux devrait se constituer pour obtenir tout d’abord un cessez-le-feu immédiat et l’accès à l’aide humanitaire. Mais, au-delà, affirment encore les auteurs de cette tribune, l’objectif est de parvenir à des négociations de paix auxquelles il est indispensable d’inclure ceux qui croient encore en un autre Soudan : celui des femmes qui refusent le voile imposé, des jeunes qui rêvent d’un État de droit, des citoyens qui défendent la liberté et qui n’appartiennent à aucun camp. »

Enfin, on revient à WakatSéra à Ouagadougou qui nous livre cette réflexion pour le moins désabusée : « tant que les ramifications internationales de ces affrontements entre troupes de généraux assoiffés de pouvoir, continueront d’exister et de se multiplier, aucun espoir de pacification et de paix dans cette région ne sera permis. »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 04:29
  • 04:22
  • 04:26
  • 04:27
  • 03:55