À la Une: le «pass sanitaire» validé par le Conseil constitutionnel

L'entrée du Conseil Constitutionnel à Paris, le 21 juillet 2020. © LUDOVIC MARIN/AFP

L’exécutif a passé « l’épreuve des sages », titre Libération : « plus rien ne s’oppose au filtrage des cafés, restaurants, bars trains avions, hôpitaux et de certains grands centre commerciaux ». Plus rien… voire ! Car ce passe est celui de la « discorde », titre La Croix, qui propose en Une un dessin pour le moins parlant : une jeune fille sans masque qui avance volontairement son visage vers celui d’une autre, masquée, qui a un mouvement de recul assez prononcé. Cette discorde, on la sent bien dans les journaux ce matin. Ça grogne « privation des libertés », « énième coup de bambou » pour les Gilets jaunes et autres citoyens réunis devant le Conseil constitutionnel lors du vote, et que Libération a interrogé. Dans Le Parisien, les restaurateurs et centres commerciaux sont « dépités » : « cela va être ingérable » affirment-ils - Les préfets pourront mettre en place le passe sanitaire à l’entrée de « grands centres commerciaux », et le passe s’appliquera à la terrasse des restaurants. Les syndicats s’alarment déjà de « possibles ‘remous’ avec les clients, notamment sur le littoral où les terrasses sont prises d’assaut ». 

Dépités aussi, dans L’Humanité, les syndicats, qui « dénoncent un recul du droit des travailleurs ». Car explique le journal, si « le conseil constitutionnel a retoqué la possibilité de rompre de manière anticipée les CDD et contrats d’intérim de travailleurs ne pouvaient pas présenter de passe sanitaire », il a « validé la suspension du contrat de travail pour tous les salariés concernés par le texte de loi ». 

Le Figaro de son côté nous présente une « classe politique divisée » devant l’avis rendu par les Sages. 

La cellule familiale divisée elle aussi sur la question du pass

« Passe sanitaire, un sujet épicé à la table des familles », titre La Croix, et dans l’article c’est tendu. Du côté de Guillaume, soulagé de voir ses enfants revenus de leurs vacances chez sa mère « obnubilée par le vaccin qui est à ses yeux source de tous les dangers » : « Je ne voulais pas qu’elle assène à mes enfants ses thèses anxiogènes ». Tendu aussi du côté de Thomas qui, dans une famille vaccinée mais « qui a peu foi dans le pass sanitaire », fulmine régulièrement – il fait des études de soins infirmiers et a vu la pandémie de très près. 

La Croix consacre aussi son éditorial au passe, et cite la défenseure des droits pour qui « la carte des plus faibles taux de vaccination recoupe celles de la pauvreté, de la fracture numérique, de l’accès aux services publics ». « Le pass sanitaire », estime l’éditorialiste, « parce qu’il ne repose pas sur la seule exigence d’être vacciné, évite de trop creuser les inégalités. Mais le risque existe qu’une différence s’installe entre des populations libres de vaquer à leurs occupations et d’autres cantonnées dans des formes aggravées de marginalité ». Bref, le gouvernement français doit maintenant se diriger vers ces publics « moins informés et plus fragiles ». Titre de l’édito : « le droit au vaccin ». 

Les passes sanitaires dans le monde

« En Italie, le ‘certificat vert’ entre en vigueur ce vendredi », nous apprend Le Figaro. Comme en France, il est accueilli depuis plusieurs semaines à grands coups de manifestations, contrairement au Danemark, qui rappelle Libération a été le premier en Europe, début avril, à expérimenter un « coronapass », « plutôt favorablement accueilli par la population ». Aux Etats-Unis, Washington a botté en touche – à chaque Etat de se prononcer. Quant à la Chine, « fidèle à sa réputation de leader dans les technologies de surveillance, elle a généralisé le recours au QR code dès le mois de mars 2020 ». 

Avec ou sans passe, les géants du CAC 40 sortent eux renforcés de la crise

Et font la Une du Figaro Economie, et des Echos, qui célèbrent un « début d’année flamboyant des géants du CAC40 ». Le journal se félicite : la pandémie a « amené les dirigeants à amplifier leurs réflexions stratégiques, se renforcer dans leurs cœurs de métier, parfois même à accélérer leurs plans de développement ». Dans son éditorial, Le Figaro est plus… mesuré, et décrit un « monde économique à deux vitesses. D’un côté des locomotives relancées à pleine vapeur, et de l’autre, des dizaines de milliers d’entreprises », les PME, « qui ont survécu grâce aux aides d’urgence et qui aujourd’hui serrent les dents parce que leurs marges sont faibles et leurs machines fatiguées ».