À la Une: la guerre tous azimuts en Ukraine
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C’est peu écrire que cette guerre a pris de court la presse hebdomadaire française, largement dépassée, et par la dégradation foudroyante du climat politique dans cette crise, et par l’irrésistible progression de l’armée russe en Ukraine qui s’en est suivie. Comme le formule Le Journal du Dimanche, ce fut « la semaine où tout a basculé ».
La nouvelle mission de l’armée russe, ordonnée ces dernières heures par Moscou, étant élargie à tous les fronts ukrainiens, seuls les hebdomadaires de fin de semaine ont eu le temps de hisser ce « tournant » de l’Histoire à leur Une .
Celle du journal Le Parisien Dimanche est consacrée à « la détresse des réfugiés » comme à « la grande angoisse des Français ». Car après l’épidémie de coronavirus, « Vladimir Poutine nous plonge dans une réalité plus inquiétante encore », soupire Le Parisien Dimanche.
En écho à ses confrères, Le Journal du Dimanche se demande « jusqu’où ira Poutine ? ». Faisant état d’une « nouvelle » réunion des ministres européens des Affaires étrangères prévue ce dimanche soir « pour discuter de nouvelles sanctions en cas de poursuite de l’offensive russe sur Kiev », sans préjudice d’une « nouvelle » réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, Le JDD relève que la France a décidé de geler les avoirs financiers de plusieurs personnalités russes, le « seul » objectif d’Emmanuel Macron étant d’obtenir un cessez-le-feu russe sans condition, « ce qui pourrait nécessiter un nouveau déplacement à Moscou et à Kiev », énonce cet hebdomadaire.
Tout est donc allé très vite, et si Paris Match publie la photo d’un char russe pénétrant dans la région est du Donbass, l’article qui accompagne cette illustration est largement en décalage avec les derniers développements de la guerre en Ukraine.
Pas d’union sacrée contre Poutine
Toutefois, dans les commentaires de la presse française, l’heure n’est pas à l’union sacrée. Témoin l’hebdomadaire Marianne, qui n’hésite pas à se ranger aux arguments de Moscou. Etant rappelé que ce magazine appartient à un milliardaire tchèque, certains y verront-ils une influence actionnariale ? D’autres rappelleront-ils son goût de la vérité et la liberté de sa ligne éditoriale ? Toujours est-il qu’à la lecture de son enfiévré éditorial, on mesure le risque, manifestement assumé par cet hebdomadaire, de paraître épouser le point de vue russe.
Après avoir constaté que cette guerre se joue en Europe « sans les Européens », Marianne remarque d’abord que cette guerre était là « depuis de nombreuses années, sous forme sporadique ».
Marianne, ensuite, n’a pas de mots assez durs à l’endroit de l’OTAN. Entre autres exemples de la « dérive » de cette organisation atlantiste de sécurité que, dans un autre article, ce magazine qualifie de « faux-nez des Américains », cet hebdomadaire cite l’opération de 2011 en Libye.
Qu’a-t-elle à voir avec la guerre en Ukraine ? Rembobinant le film, ce journal qualifie d’abord l’opération libyenne d’« illégitime ». Car selon Marianne, les « prétextes » fournis par « les grandes consciences habituelles » ne sauront jamais masquer la réalité, et qui est que « l’Otan a provoqué un chaos en Libye, dont l’Afrique et l’Europe subissent encore les conséquences. Pis, c’est le non-respect par l’Otan du mandat confié par l’ONU – qui stipulait qu’il s’agissait d’empêcher le massacre de Misrata mais certainement pas de renverser Kadhafi – qui a convaincu Vladimir Poutine de ne plus jamais accepter ce genre d’opération. La Russie n’avait pas mis son veto à l’intervention en Libye, elle l’opposera systématiquement à toute intervention en Syrie », rappelle ce journal. CQFD.
Pour ne rien arranger, « les affaires du fils de Joe Biden ne font que démontrer, comme le dit un peu brutalement le président russe, que « l’Ukraine est une colonie américaine » », bûcheronne Marianne. Hebdomadaire selon lequel « l’unique solution pour l’Ukraine eût été la « finlandisation », un statut neutre garantissant qu’elle ne basculerait ni dans un camp ni dans l’autre ».
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