À la Une: Europe réveillée, Russie isolée

Une vue montre la zone près du bâtiment de l'administration régionale, qui, selon les responsables de la ville, a été touchée par une attaque de missiles, dans le centre de Kharkiv, en Ukraine, le 1er mars 2022. © REUTERS/Vyacheslav Madiyevskyy

Comme hier, lundi 28 février, c'est un peu la chronique d'une métamorphose que l'on peut lire dans les journaux ce matin. Aussi rapide qu'elle était attendue. « L’Europe se dresse face à Poutine », titre Le Figaro qui nous parle du « réveil européen », d’un « électrochoc » pour le Vieux Continent « assoupi ». Le Monde nous parle quant à lui du « sursaut de l’UE face à Poutine ». Oui c’est « un réveil historique », confirme Le Parisien. « Historique », un mot qui revient beaucoup, comme dans La Croix également. Le journal catholique rappelle que l’Union européenne est « née sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale » et qu’elle vient de « briser un tabou absolu » en annonçant 450 millions d’euros pour équiper l’Ukraine. C’est « la première fois que l’Union va financer l’achat d’armes létales dans le cadre d’un conflit qui implique un État tiers », explique le quotidien catholique. Alors que Moscou est déjà la cible de très nombreuses sanctions économiques. Le résultat, c’est « Poutine isolé, la Russie sous pression », pour Le parisien Aujourd’hui en France. Oui, « la Russie est dans l’étau des sanctions », affiche la Une des Echos. Libé préfère parler de « tenaille »

Les sanctions du milieu culturel

Le monde de la culture s’y est mis également, au prix d’un débat philosophique comprend-on dans Le Monde. « Faut-il continuer à diffuser les artistes russes, jouer leur musique, exposer leurs œuvres au nom de l’universalité de la culture, ou boycotter toute collaboration ? » En France, « plusieurs institutions ont tranché dans le vif » en tout cas, nous explique Le Monde. À l’image du Théatre Toursky par exemple à Marseille, qui annule le 26^ème festival russe prévu en mars. Alors qu’à Avignon, l’opposant russe de longue date Kirill Serebrennikov devrait bien faire l’ouverture du festival cet été comme prévu. « Coté arts plastiques, la réflexion se poursuivait », rapporte Le Monde. Si la Fondation Louis Vuitton a prolongé jusqu’au 3 avril l’exposition sur les frères Morozov, une expo Boltanski annoncé pour le 12 mars à Saint-Pétersbourg a, en revanche, été annulé par ses ayants-droits.

Côté musique, c’est évidemment « de l’Eurovision qu’est venu le coup le plus symbolique : la Russie a été bannie du concours », rappelle Le Monde. Mais le journal note également des annulations de concerts, comme le Français Woodkid qui renonce à ses dates à Saint-Pétersbourg, Moscou et Kiev. Ou des artistes russes eux-mêmes : Le célèbre rappeur Oxxxymiron, par exemple, déprogramme ses concerts en raison du « crime » que représente l’invasion dit-il. Le « vétéran du rock soviétique » fait de même, nous dit Le Monde, Yuri Shevchuk, leader du groupe DDT. « Personne n’accepte cette situation, même les pop star craintives de perdre leurs engagements et leurs honoraires », affirme-t-il. Une pétition circule même dans le milieu artistique russe pour « demander l’arrêt de la guerre ». Elle a déjà recueilli plus de 2000 signatures. C’est « une première », souligne Le Monde.

Le monde du sport, haro sur Moscou

La communauté sportive, elle, enfonce le clou. « Carton rouge », affiche la Une de L’Équipe. Intégralement rouge d’ailleurs, celle-ci montre simplement la sélection russe de football, alignée comme avant un match. Sauf que « la FIFA et l’UEFA ont décidé d’exclure la Russie de toutes les compétitions internationales jusqu’à nouvel ordre », écrit L’Équipe. Les instances reines du foot ont suivi le comité international olympique, la Russie ne participera pas donc pas aux prochains barrages pour la coupe du monde 2022. Un geste « fort » et « inédit », décrypte le quotidien sportif : « historiquement, chacun sait que la FIFA et le CIO n’ont pas toujours été dans le camp de la démocratie », précise-t-il.

La nouvelle alerte du GIEC

Pendant que les hommes se font la guerre sur tous les terrains possibles, la planète se meurt toujours. Et nul doute que cela ferait les gros titres s'il n'y avait pas le conflit en Ukraine : « Le prix terrible de l'inaction », selon le Giec. Alerte dans Libération, Le Figaro, L’Humanité ou bien encore La Croix. Tous reviennent ce matin sur le nouveau rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, et le tableau dressé dans Libé n’est vraiment pas réjouissant là-non plus. « Déplacements des populations » ? Déjà 30 millions par an actuellement. « Canicules » ? D’ici la fin du siècle, « 75% de la population mondiale pourrait être exposée à des vagues de chaleur mortelles », contre 30 aujourd’hui. On ne parle même pas de la montée du niveau des eaux et de la submersion annoncée de nombreuses villes littorales. En somme, résume Libé, « de gros efforts restent à faire ».