Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une: le rapatriement des mères jihadistes et de leurs enfants

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Émilie König - dont la photo a été prise dans le camp de Roj, dans le nord-est de la Syrie en mars 2021 - fait partie des 16 femmes rapatriées en France.
Émilie König - dont la photo a été prise dans le camp de Roj, dans le nord-est de la Syrie en mars 2021 - fait partie des 16 femmes rapatriées en France. © AFP/Delil Souleiman
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« Jusqu’au bout, l’initiative est restée secrète, pointe Le Parisien. Hier [5 juillet, NDLR], le Quai d’Orsay a annoncé avoir procédé au rapatriement de 51 personnes retenues dans les camps kurdes du nord-est de la Syrie. C’est l’opération la plus massive jamais opérée depuis la chute de l’État islamique en 2019. Mais la principale nouveauté, relève le journal, est que, pour la première fois, la France a décidé de rapatrier des adultes depuis les camps. Sur les 51 personnes qui ont atterri à l’aéroport de Vélizy-Villacoublay hier, 16 sont des femmes. Les 35 autres sont des mineurs, dont 7 enfants isolés. Cette décision s’apparente à un tournant politique, la France appliquant jusqu’ici la doctrine du cas par cas pour les mineurs et se refusant au retour des mères. La situation de toutes ces femmes djihadistes, âgées de 22 à 39 ans, était judiciarisée, remarque encore Le Parisien. Huit d’entre elles faisaient l’objet d’un mandat d’arrêt. Sept ont immédiatement été présentées à un juge d’instruction et placées en détention préventive. »

Préserver ce qui nous rend humains

Le quotidien La Croix se félicite de ce rapatriement : « pour les démocraties, la lutte contre le terrorisme ne consiste pas seulement à sauver des vies, mais à tâcher de préserver ce qui nous rend humains. À cet égard, le respect des droits de l’homme n’est pas une option, encore moins un aveu de faiblesse. C’est en ce sens qu’il convient de saluer l’annonce de rapatriement. (…) Dans cette affaire, on a beaucoup débattu des risques à long terme, relève encore La Croix. De fait, parmi les femmes rapatriées hier, une au moins est considérée comme membre actif de Daech. Elle sera jugée. On sait par ailleurs combien la réinsertion d’enfants confrontés à des atrocités et potentiellement endoctrinés est une affaire complexe. Ils seront accompagnés. Ces réserves, en apparence légitimes, ne tiennent pas pour qui choisit de placer le principe d’humanité au-dessus du principe de précaution. Cela implique d’accepter une part de risque. La part qui distingue les sociétés civilisées de la logique totalitaire du terrorisme ».

Regarder en face son propre échec

« Un rapatriement nécessaire », renchérissent Les Dernières Nouvelles d’Alsace. « Alors que la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas ou l’Allemagne décidaient de rapatrier l’ensemble de leurs ressortissants, la France s’est arc-boutée sur une politique "au cas par cas", au point d’être montrée du doigt par les organisations de défense des droits humains. Marquant une rupture (donc), ce premier rapatriement massif intervient après les échéances électorales et le procès des attentats du 13-Novembre, avant aussi une possible condamnation par la Cour européenne des droits de l’homme ».

Certes, pointe encore le quotidien alsacien, « la justice doit être rendue et l’État doit donner des moyens aux services de sécurité pour garantir un suivi de ces soldats d’Allah. Mais ce rapatriement oblige aussi le pays à regarder en face son propre échec, celui d’avoir abandonné une partie de sa jeunesse à des marchands de haine. Extraire des camps syriens les enfants victimes du djihad constitue un premier pas pour restaurer la dignité de la République ».

Le gouvernement Borne saura-t-il casser la défiance des Français ?

À la Une également, le baptême du feu devant les députés pour Elisabeth Borne ce mercredi 6 juillet.

« Les choses sérieuses commencent, s’exclame Libération. Emmanuel Macron réunissait hier un conseil gouvernemental restreint pour débattre de la lutte pour le pouvoir d’achat, sujet très attendu qui sera au cœur ce mercredi du discours de politique générale de la Première ministre, Elisabeth Borne. »

L’Opinion s’interroge : « à défaut de solliciter la confiance des députés, Elisabeth Borne parviendra-t-elle à casser la défiance des Français ? Si la loi pouvoir d’achat a valeur de test, c’est d’abord sur la capacité de la Première ministre à répondre à la préoccupation numéro un de la population, avec cohérence et efficacité. »

Plus largement, ce gouvernement saura-t-il répondre aux attentes des Français ? Le Monde n’y croit guère qui qualifie la nouvelle équipe de « pléthorique et sans souffle » : « centré sur les alliés connus d’Emmanuel Macron, ce gouvernement semble manquer de vision à l’aube d’une législature qui s’annonce compliquée, affirme le quotidien du soir. (…) Repliée sur son pré carré, trop isolée pour oser réclamer un vote de confiance à l’Assemblée nationale, la nouvelle équipe n’a désormais qu’un mot à la bouche, l’"action", pour tenter de contenir le jeu très politique des oppositions. Rarement, sous la Ve République, un gouvernement n’est apparu aussi désarmé à l’aube d’une nouvelle législature ».

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