À la Une: Les révélations embarrassantes des Uber Files
Publié le :

Des révélations embarrassantes sur un accord entre Uber et Emmanuel Macron, « lorsqu'il était ministre de l'Économie. Les Uber Files... une enquête reposant sur des milliers de documents internes à la société de VTC Uber et adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian ».
Documents qui auraient dû rester secrets et qui ont été transmis au Consortium international des journalistes d'investigation (CIJ), dont fait partie Le Monde.
Le quotidien s'est intéressé aux liens entre la société américaine et Emmanuel Macron à l'époque où il était à Bercy, entre 2014 et 2016.
Tout est parti de la Loi Thévenoud, entrée en vigueur en octobre 2014, et qui encadre beaucoup plus sévèrement les conditions pour devenir chauffeur Uber, trois ans après l’arrivée de l’entreprise américaine en France. « La loi, interdit UberPop, le service qui a provoqué un immense mouvement de colère des taxis dans le pays en permettant à tout un chacun de devenir chauffeur occasionnel ».
Réunion secrète à Bercy avec Emmanuel Macron
Le ministre de l'Économie de l'époque reçoit quatre figures importantes d'Uber, dont le fondateur et PDG de l'entreprise, Travis Kalanick. « Une heure plus tard, écrit Le Monde l’équipe de lobbying de choc ressort abasourdie du bureau d’Emmanuel Macron. "En un mot : spectaculaire. Du jamais-vu, écrit Mark MacGann, le lobbyiste en chef pour la zone Europe, dans un bref compte rendu envoyé à ses collègues. Beaucoup de boulot à venir, mais on va bientôt danser ; " " Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout ", écrira-t-il également. Cette rencontre restée confidentielle ne figurait pas à l’agenda d’Emmanuel Macron. Et ces Uber Files montrent à quel point Uber a trouvé une oreille attentive chez Emmanuel Macron, qui scellera quelques mois plus tard un " deal " secret avec l’entreprise pour « faire en sorte que la France travaille pour Uber afin qu’Uber puisse travailler en et pour la France » analyse Le Monde.
Emmanuel Macron soupçonné d'avoir court-circuité le gouvernement
Un gouvernement qui, lui, était plutôt hostile à Uber. Le président de l'époque François Hollande, Arnaud Montebourg qui était juste avant Emmanuel Macron à Bercy, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, qui a la tutelle des taxis, Manuel Valls, alors Premier ministre... tous ne voient pas d'un bon œil l'expansion de Uber sur le territoire... Emmanuel Macron ne peut ignorer qu'il court-circuite ainsi les décisions de ses collègues du gouvernement. L'actuel président n'a jamais caché sa sympathie pour Uber et son modèle... mais les Uber Files montrent à quel point Emmanuel Macron a été à Bercy, plus qu'un soutien, quasiment un partenaire. Un ministre qui suggère à Uber de transmettre des amendements « clés en main » à des députés amis ; un ministre qu’Uber France n’hésite pas à solliciter en cas de perquisition dans ses locaux ; un ministre qui, ce 1er octobre 2014, « s’excuse presque » de l’entrée en vigueur de la loi Thévenoud. D’après un message du lobbyiste Mark MacGann, Emmanuel Macron aurait affirmé vouloir aider Uber à « travailler autour » de cette loi.
La motivation d’Emmanuel Macron
Tous les détails de cette enquête sont à lire dans les colonnes du Monde... qui s'interroge : « Quelle était la motivation d’Emmanuel Macron pour s’impliquer, avec tant d’énergie, aux côtés d’une multinationale américaine à la réputation sulfureuse ? »
« Une convergence de vues politique, d’abord, en faveur d’une déréglementation rapide. Mais aussi une certaine fascination pour Travis Kalanick. Dans le très controversé fondateur d’une des entreprises les plus " disruptives " de la dernière décennie, le futur président voyait, semble-t-il, une sorte de double. A la veille de leur première rencontre, une collaboratrice d’Uber relatait ainsi une discussion avec son cabinet : " Emmanuel Macron est très intéressé par l’histoire de Travis, miroir de la sienne – moins de 40 ans et réussite impressionnante". »
Sollicité, l’Elysée affirme que l’action de l’ancien ministre de l’Économie rentrait dans le cadre classique des fonctions d’un ministre qui était « naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées ».
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne