Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une: carburants… la tension montre d’un cran

Publié le :

La raffinerie Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer, dans le sud de la France, le 11 octobre 2022.
La raffinerie Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer, dans le sud de la France, le 11 octobre 2022. © Nicolas Tucat / AFP
Publicité

« La grève menée par la CGT ne faiblit pas, constate Le Figaro. Alors que de plus en plus de Français se retrouvent confrontés à de longues files d’attente à l’entrée des stations-service, le gouvernement brandit (désormais) la menace de la réquisition du personnel pour permettre de débloquer les raffineries concernées par les blocages. Si la Première ministre a fait une annonce en ce sens hier (lundi 11 octobre) concernant Esso, la CGT, elle, a élargi son mouvement à un nouveau site. »

Le bras-de-fer se poursuit donc… « Un bras de fer salarial qui révèle, en fait, jusqu’à la caricature, l’état de la France et le climat social qui y règne, fulmine Le Figaro. C’est un conflit gigogne, à tiroirs. Tout part des opérateurs de raffineries ou de dépôts, plutôt mieux payés à la base que l’immense majorité des salariés. Ils réclament des augmentations. TotalEnergies, le "monstre capitaliste" qu’il est de bon ton d’accuser de tous les maux pour s’en mettre plein les poches, doit s’exécuter. N’a-t-il pas réalisé des superprofits ? Une négociation était programmée, mais peu importe, dénonce encore Le Figaro : une grève préventive doit mettre le couteau sous la gorge du groupe. »

Jusqu’au-boutisme ?

« Faire grève "de manière préventive", sans même s’asseoir à une table pour discuter, est un étrange préambule, renchérit Le Parisien. Un jusqu’au-boutisme assez bien assumé par une poignée d’irréductibles à la tête de bastions, qui n’ont même pas regardé les propositions qu’on leur présentait. (…) Or, ces grévistes pénalisent d’abord ceux qui n’ont pas le choix, pointe Le Parisien. Des artisans, des salariés de PME, des commerçants, des entrepreneurs… Tous ces Français qui n’ont ni transports en commun, ni pistes cyclables, et aucun autre choix que de prendre leur voiture pour aller travailler. C’est à tous ceux-là que les grévistes font un bras d’honneur, tout en pariant que les Français, à cran, les suivront dans leur combat. Pas sûr qu’ils soient très convaincants. »

Exigences légitimes ?

Autre point de vue pour L’Humanité : « Présenter les grévistes des raffineries comme des nantis égoïstes qui prendraient en otage des salariés pauvres et dépendants de leur véhicule est aussi original, s’exclame le quotidien communiste, que dénoncer ces "privilégiés de cheminots qui bloquent la France". (…) Pour mémoire, rappelle L’Humanité, outre les augmentations pour ses hauts dirigeants, Total a gratifié ses actionnaires de 2,6 milliards d’euros en plus des dividendes réguliers. Un "pognon de dingue" qui ne ruisselle pas plus dans les poches des salariés que dans les caisses de l’État. Les exigences des grévistes ne sont pas de nature à mettre les pétroliers sur la paille. »

La taxation des superprofits en question…

Pour Libération, ce conflit, c’est « l’effet-boomerang de la non-taxation des superprofits. Pour éviter que la situation dégénère, Elisabeth Borne a fait le choix – légal – de la contrainte à l’égard des salariés grévistes. On aurait aimé voir Elisabeth Borne ou son ministre de l’Économie user de cette même stratégie du rapport de force à l’égard des grands groupes pétroliers – ou d’autres – quand la question de la taxation des superprofits est arrivée sur la table. Qu’ont-ils fait ? La sourde oreille, déplore Libération. Les superprofits, ça n’existe pas, circulez, il n’y a rien à voir, s’est contenté de dire Bruno Le Maire. C’est ce boomerang-là que le gouvernement se prend aujourd’hui dans la figure. Sa position était intenable. » Maintenant, le même « Bruno Le Maire tente de récupérer le coup via des amendements au projet de loi de finances. Une réaction à la fois trop tardive, estime Libération, et trop timide. »

Le jeu du populisme ?

En tout cas, « le plus préoccupant est ailleurs, affirment Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Dans l’incapacité du gouvernement à anticiper la situation et à influer sur la politique salariale d’une entreprise privée certes, mais éminemment stratégique. Et dans le jeu ambigu de la CGT qui donne l’impression de vouloir lancer par ce conflit le "cinquième tour" social dont rêvent certains leaders de la gauche radicale. Tous sont des incendiaires. Car l’impuissance d’un gouvernement, l’instrumentalisation du désordre et la perception d’une action syndicale qui nuit au plus grand nombre font en réalité le jeu du pire des populismes, celui qui rêve d’établir en France un régime autoritaire. »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 04:57
  • 05:03
  • 05:03
  • 04:59
  • 04:51