À la Une: le débat sur les retraites, avec un revers pour le gouvernement…
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« Pour le gouvernement d’Élisabeth Borne, c’est une première entaille à sa réforme des retraites, s’exclame Le Monde. Hier soir, les députés ont rejeté, peu avant minuit, l’article 2 (du projet de loi), créant un "index seniors" dans les entreprises, par 256 voix contre, 203 pour. Une première défaite aussi pour les élus de la coalition présidentielle sur ce texte, dont la mesure principale est le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Au-delà des oppositions attendues de la Nupes et du Rassemblement national à cet "index seniors", le résultat du scrutin a basculé en raison du vote contre de 38 députés Les Républicains – sur 61. Parmi eux, le président du groupe, Olivier Marleix. Tous contestent l’utilité et même la constitutionnalité de l’introduction d’un tel outil par le biais d’un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale. »
Ce vote négatif promet encore trois jours de suspense et de tension au Palais Bourbon, où les débats s'arrêteront vendredi, avec ou sans vote global, pour un transfert du texte au Sénat.
« Assemblée : on se calme ! »
Les discussions à venir dans l’hémicycle se feront-elles dans le calme ? Pas sûr au vu du chahut, des invectives et même des injures qui ont été lancées dans les rangs de l’Assemblée ces derniers jours.
Et ce mercredi matin, certains journaux s’agacent, comme La Dépêche. « Assemblée : on se calme ! », lance le quotidien toulousain en première page. La Dépêche qui renvoie majorité et opposition dos à dos : « En choisissant un calendrier très court fixé par l’article 47.1 - quand la loi sur le mariage pour tous avait bénéficié de quatre mois de débats -, Emmanuel Macron et son gouvernement, qui veulent en finir vite, ont mis en tension le parlement. Et en déposant en réponse des milliers d’amendements, la Nupes empêche de son côté le débat de fond sur la totalité des articles. Alors que les manifestations s’enchaînent dans la rue avec calme et dignité, il faut, estime encore La Dépêche, que l’Assemblée, en miroir, contienne les excès et les outrances, et retrouve le sérieux et le sens civique de sa mission. »
Une gauche qui va mal...
Libération pointe également ce qu’il appelle « l’erreur stratégique de la Nupes : en poussant aussi loin la conflictualité pour répondre à la brutalité procédurale de l’exécutif, les troupes de Jean-Luc Mélenchon dépassent certaines limites et risquent d’éloigner un peu plus de la gauche les électeurs partis chez Le Pen. »
Libération estime plus largement que « la gauche française va mal. Comment le nier, après la nouvelle impasse présidentielle d’un Mélenchon, la déception écologiste d’un Jadot, le crash socialiste d’une Hidalgo, le faux espoir d’un Roussel ? Certes, la création de la Nupes a permis de sauver les meubles lors des législatives. Mais les débats de ces derniers jours à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites démontrent une nouvelle fois la fragilité de l’attelage. »
► À écouter aussi : Réforme des retraites: «L'index des seniors est nécessaire», dit Prisca Thevenot
Et Libération d’affirmer que « la Nupes devrait prendre de la graine des gouvernants espagnols et portugais, qui tiennent leurs promesses de progrès sociaux. […] Nos leaders insoumis, socialistes ou écolos feraient bien d’effectuer un petit pèlerinage studieux chez leurs amis espagnols et portugais, qui gouvernent, non sans difficultés bien sûr, mais qui gouvernent et démontrent que les idéaux progressistes ne sont pas à jeter par la fenêtre, bien au contraire ! »
… et une droite qui n’est guère mieux lotie
La droite non plus n’est pas au mieux. C’est ce que constate Le Monde : « La réforme des retraites a réveillé une nouvelle guerre interne à LR qui dépasse le simple conflit de personnes. […] L’homme qui fait tourner en bourrique ses camarades de LR et par ricochet le gouvernement s’appelle Aurélien Pradié. Du haut de ses 36 ans, le député du Lot, belle stature et regard charbonneux, menace de ne pas voter la réforme des retraites. Ce qu’Aurélien Pradié attaque bille en tête au nom de "la droite sociale" qu’il prétend défendre, c’est la ligne économique libérale tour à tour incarnée par François Fillon, puis Valérie Pécresse à l’élection présidentielle : réduction des déficits, baisse des dépenses publiques et des impôts. Éric Ciotti et Bruno Retailleau estiment que cette orientation fait partie de l’ADN de LR. Lui la combat frontalement. »
Résultat, soupire Le Figaro : « Diminués de scrutin en scrutin, Les Républicains ont la hantise d’une nouvelle division, la prochaine leur étant probablement fatale. »
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