À la Une: la retraite au «quoi qu’il en coûte»
Publié le :

Le compte à rebours est enclenché pour le vote du projet de réforme des retraites, en France. Si le texte a, certes, été voté par le Sénat, une perspective se profile, celle du passage en force.
« 49-3 », lance en Une Le Journal du Dimanche, en référence à l’article 49, alinéa 3 de la Constitution. Lequel permet un vote d’un texte en bloc sans débat. Chronogramme oblige, ne reste plus que cinq jours pour faire adopter cette réforme, et le compte des députés menace d’être insuffisant. « Au dernier compteur, il nous manque dix votes » à l’Assemblée nationale, confiait un ministre, avant-hier, au JDD. Selon cet hebdomadaire, « 24 députés LR ne voteront pas la réforme » et « le 49-3 est inéluctable », dit « un fin connaisseur de la droite » au Journal du Dimanche.
« Que la fin de l’histoire soit un 49-3 me paraît incroyable et dangereux », s’effare Laurent Berger dans Le JDD. Le secrétaire général du syndicat CFDT y dénonce « un incroyable bras d’honneur » fait par Emmanuel Macron « à la démocratie sociale ».
Dans ce-même journal, le secrétaire général de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, affirme qu’il n’est « pas favorable au 49-3 sur ce texte ». Stéphane Séjourné, toutefois, l’assure, « aucune voix ne manquera au sein du groupe Renaissance ».
Macron, le mémorialiste africain
Pour Emmanuel Macron, en tout cas, les semaines qui se suivent se ressemble. La suivante s’annonce donc crispante. La précédente, en Afrique centrale, n’a guère été de tout repos.
Et dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Point, le chef de l’État en tire les leçons. Point de départ de son raisonnement, la guerre en Libye, en 2011. Selon Emmanuel Macron, elle a marqué « un point de rupture dans l’Histoire récente, dont la Russie et les pays non-alignés ont fait leur miel (car, dit-il) pour la première fois au cours de cette guerre, le monde occidental a dupliqué en Afrique ce que les Américains avaient mis en œuvre en Irak, au Proche et Moyen-Orient : outrepasser les limites du droit international pour mener une guerre et changer un gouvernant pour ses propres intérêts sécuritaires. Un événement qui intervient au moment même où la Chine entre dans l’ordre international, suscitant le réveil des BRICS » (qui regroupent Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), estime le président français dans Le Point.
Macron, le panafricaniste
Et puis… Et puis Emmanuel Macron, mais oui, salue le panafricanisme ! « L’Afrique vit un moment politique autour du panafricanisme, admet-il dans cet entretien à bâtons rompus. On pense parfois que les relations étaient plus simples avant, ce n’est pas vrai ! Il faut se rappeler de Thomas Sankara s’opposant clairement à la France et à François Mitterrand durant son voyage au Burkina Faso, en 1986 », énonce Emmanuel Macron.
La Françafrique ? Selon le président, ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy comme François Hollande « ont cherché eux aussi à sortir de ce système (…) Peut-être que l’Afrique comptait moins pour eux qu’elle ne compte pour moi aujourd’hui, confie-t-il à cet hebdomadaire. Je suis convaincu que l’Afrique est devenue l’une des matrices de la société française. (…) Nos diasporas auront un rôle clé à jouer dans la réconciliation », anticipe-t-il.
Macron, l’universaliste africain
Le président français revient aussi sur le sentiment du « deux poids, deux mesures » prévalant, en Afrique, au sujet de la guerre en Ukraine.
« Les pays africains (…) disent qu’on a équipé l’Ukraine avec les meilleures armes, qu’on l’a financée, ce qui n’est pas le cas quand ils sont attaqués par des étrangers ou des groupes rebelles », confesse Emmanuel Macron dans cet entretien. Toutefois, s’empresse-t-il d’ajouter, « cela ne peut pas être un prétexte pour ne pas être engagé sur la question ukrainienne, car elle a une part d’universel. Je suis le premier à considérer qu’il ne doit pas y avoir deux poids, deux mesures et que la solidarité ne doit pas s’exercer à géométrie variable. C’est pourquoi mon déplacement en RDC visait aussi à remobiliser l’attention internationale sur la crise des Grands Lacs, à commencer par ses conséquences humanitaires », dit le chef de l’État dans le magazine Le Point.
Le « en même temps » africain de Macron
Justement. À Kinshasa, les Africains, médusés, ont assisté à cet incident en plein point de presse avec le président congolais Félix Tshisekedi.
Mais pas que… L’hebdomadaire Marianne aussi. « Nous sommes donc fâchés avec le plus important pays francophone d’Afrique, déplore ce magazine. C’est curieux, ce besoin, chez Emmanuel Macron, de faire la leçon. De venir expliquer à son homologue de la République démocratique du Congo, en proie à des incursions de milices qui commettent (…) des crimes atroces et des massacres de masse, avec le bienveillant soutien du voisin rwandais, que "depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France, si vous [les Congolais] n’avez jamais été capables de restaurer la souveraineté ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays" ».
Certes, admet Marianne, « ce n’est pas la faute de la France ». Toutefois, explique cet hebdomadaire, « c’est sans doute pour ne pas froisser Paul Kagame, président du Rwanda soutenu par les États-Unis et pourvoyeur de ce cobalt, ce coltan et ce tantale qu’il n’a pas sur son territoire mais qu’on trouve dans l’est du Congo (…) qu’Emmanuel Macron s’est montré si évasif sur les responsables des massacres. Il a préféré maintenir l’outrageant qualificatif de Jean-Yves Le Drian sur l’élection du président congolais : "compromis à l’africaine". Comment ça, les Congolais l’ont mal pris ? Comme c’est étonnant ! », ironise Marianne.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne