À la Une: Emmanuel Macron et Élisabeth Borne «ont froid dans le duo»
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C’est ce que titre Libération après une journée qui aura semé le trouble dans les esprits : le président et la Première ministre sont-ils, oui ou non, toujours sur la même ligne concernant la réforme des retraites ? « Aux aurores [le 7 avril, NDLR], rappelle le journal, Le Monde titre sur une cheffe du gouvernement qui "se démarque d’Emmanuel Macron" »,car elle invite à calmer le jeu avec l’opposition… Conclusion : « L’Élysée est furibard », selon une source de l’exécutif citée par Le Figaro. Alors, avance le plus vieux journal français : « À la faveur d’un déplacement […] sur les questions de santé […], la Première ministre est venue chercher le remède pour guérir un gouvernement endommagé par la réforme des retraites. »
La question est assez saillante pour que tous les journaux français s’en emparent, y compris Le Monde qui va jusqu’à se demander « Comment continuer à gouverner ? », avec une Élisabeth Borne « en apesanteur. […] en sursis à Matignon » et un Emmanuel Macron « soudain menaçant ». Et, ajoute le quotidien, « la mission [de la Première ministre] est impossible » entre « des organisations syndicales […] furieuses » et des chefs de groupe et de parti qu’elle « n’espère plus rallier » - trop divisés à droite, trop opposés à gauche.
Pourtant, d’un côté comme de l’autre, on l’assure, tout va bien… la présidence dément tout désaccord et Élisabeth Borne se dit « parfaitement alignée » avec le chef d’État. Alignés ou enchaînés ? Libé a choisi son camp et conclut : « Borne et Macron coincés dans le même labyrinthe. »
Un labyrinthe qui va de la France à la Chine
Emmanuel Macron achevait le 7 avril une visite à Canton où, nous dit La Croix, il en a profité pour faire « passer quelques messages ».
Des sous-entendus cette fois destinées aux autorités chinoises plutôt qu’à sa propre équipe. Le quotidien décrit un « philosophe-président » qui a évoqué « de façon très professorale » des points de vue « visa[nt] la Chine sans la nommer ». « Professoral », c’est le terme employé également par Libération qui en est certain : malgré « la tiédeur ensoleillée de Canton », le chef d’État français « a dû savourer de se trouver si loin du chaudron hexagonal. » Moins provocateur, le journal d’obédience catholique salue un Emmanuel Macron « bien conscient qu’il parlait devant un parterre d’étudiants mais aussi de professeurs et responsables politiques chinois » et qui a saisi l'occasion pour assener le message suivant : « Sans esprit critique vous n’êtes pas libres. » Bis repetita avec une question sur l’intelligence artificielle, dont le chef d'État français a profité pour rappeler que « le savoir ne peut pas être au service d’une idéologie ». « Des propos sans ambigüité » pour La Croix, « le jour même où le directeur général de l’OMS […] expliquait […] que la Chine disposait de données scientifiques supplémentaires » pour « mieux comprendre l’origine du covid ».
Analyse partagée par Le Parisien/Aujourd'hui en France... avec cette reprise des propos du président sur la nécessité d'aiguiser son sens critique pour « devenir "un individu libre et émancipé" », déclarations selon le journal « loin d’être anodin[e]s dans un régime qui […] contrôle au plus près ses individus »… La publication rappelle ainsi que « nombre d’étudiants qui avaient participé aux vives manifestations de novembre contre la politique anti-covid […] ont été arrêtés par la police » et « certains sont parfois portés disparus ».
Disparus pour certains, pistés pour d’autres
À Sainte-Soline en France, certains manifestants auraient été tracés. C’est ce que révèle une enquête du média en ligne Reporterre, selon lequel « les autorités pistent les manifestants grâce à un produit invisible. » Il s’agit en fait d’un PMC, un « produit de marquage codé » évoqué par les autorités depuis plusieurs années déjà. Concrètement, explique le site « des projectiles tirés avec un fusil de type paintball doivent permettre de marquer les manifestants à distance. » Le produit est invisible à l’œil nu, inodore, mais il peut rester des semaines sur la peau et les vêtements. Et pour la première fois, révèle Reporterre, « ces PMC [ont justifié] des mises en garde à vue dans le cadre d’une manifestation. » Deux personnes ont ainsi été interpellées le lendemain du rassemblement, dont un journaliste. Selon le média, à l’occasion d’un contrôle, une lampe à UV a révélé des traces sur les mains des personnes concernées, « comme un trait de feutre », décrit le journaliste cité. Qui raconte également, cette fois pour Libération, que « même les militaires semblent déconcertés. […] Seule certitude : ces curieuses éclaboussures suffisent à convaincre de les embarquer ».
Une seule certitude et un seul problème, mais « de taille »
Libération souligne que « le dispositif n’est à ce jour aucunement encadré légalement ». Et si, comme le rappelle Reporterre, « chaque tir étant codé différemment, il doit permettre d’établir que tel manifestant a été marqué à telle heure, à tel endroit » - en clair, le dispositif tout entier repose sur la dextérité du tireur - eh bien justement, souligne le média indépendant, « cette précision est questionnée par la gendarmerie elle-même ». Des personnes peuvent dont être marquées des semaines durant alors qu’elles ont simplement fait usage de leur droit de manifester… d’où cette question d’une avocate, citée par le site : « Est-ce que [les gendarmes] vont chercher à convoquer les manifestants ou […] les emmener en garde à vue ? » Et de conclure : « Ce serait encore une atteinte grave aux libertés individuelles. »
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