À la Une: Erdogan, stop ou encore?
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, va-t-il ou non l’emporter sur son rival, Kemal Kiliçdaroglu ? C’est l’enjeu principal du premier tour d’une élection présidentielle incertaine, demain, en Turquie. Scrutin « incertain », admet la Une du journal Le Monde. Lequel a, sans surprise, choisi son camp. « Si M. Erdogan perdait cette élection, la population gagnerait en liberté, en prospérité aussi, à condition que le nouveau gouvernement s’attache à assainir l’économie. Bienvenue après vingt ans d’un pouvoir sans partage, l’alternance aurait des conséquences bien au-delà des frontières de la Turquie, marquant un nouveau départ dans les relations avec l’Union européenne et les États-Unis, espère Le Monde. Elle enverrait aussi un message positif aux dirigeants des démocraties en montrant que leurs homologues populistes à poigne peuvent être vaincus par les urnes », veut croire le quotidien du soir.
Le Figaro n’écrit guère autre chose. Le président turc « paraît légèrement devancé dans les sondages par un rival qui semble être en tout point son négatif », résume ce quotidien.
Mais que valent les sondages ? C’est toute la question. Tout est donc possible, car « le peuple turc est éminemment politique, remarque Le Figaro : il vote massivement, sérieusement (…) Pour une fois unie, l’opposition n’est pas désarmée. Elle peut l’emporter du fait de la déliquescence de l’économie (…) et de l’usure d’un régime personnel dont le populisme s’est mué en clientélisme ».
Alors ? Alors de deux choses l’une. Soit Erdogan l’emporte, et « il choisira sûrement la fuite en avant - autoritaire, islamiste et anti-occidentale ». Soit la coalition de six partis de l’opposition triomphe, et elle pourra alors « assurer la transition vers une revitalisation de la démocratie turque. Nul doute qu’une cure de "dé-erdoganisation" aurait des effets au-delà des frontières de ce pays placé à la charnière des enjeux géopolitiques en Europe et au Moyen-Orient », veut croire Le Figaro.
Erdogan vs Macron
La France, ça va de soi, ne soutient aucun candidat. Mais il ne fait guère de doute que Paris apprécierait l’alternance en Turquie. « En cas de défaite de Recep Tayyip Erdogan, on peut imaginer que l’Élysée ne pleurera pas la chute de celui qui avait souhaité en 2021 voir "la France se débarrasser du problème Macron le plus tôt possible". Auparavant, il avait douté de "la santé mentale" du président français », estime et rappelle Le Parisien.
La sublime porte
À la lecture de la presse française, pas facile, ce matin, de dénicher un avis favorable à Erdogan. Et pourtant, ce dernier ne manque pas d’atouts-maîtres en main. En matière de politique étrangère, souligne le site Mondafrique, au sujet du dossier ukrainien, notamment. Lequel « a permis au président Erdogan, victime de son franc-parler notamment dans ses relations houleuses avec le président français Emmanuel Macron, de se révéler en "faiseur de paix" et en négociateur hors pair. La Turquie est le seul pays qui est parvenu à entretenir des relations confiantes tant avec l’Ukraine qu’avec la Russie, pointe ce journal en ligne. C’est notamment sous la médiation d’Ankara et avec la bénédiction des Nations unies que la Russie et l’Ukraine ont signé fin juillet à Istanbul un accord pour l’exportation de céréales », souligne-t-il.
Mondafrique rappelle aussi la visite d’Erdogan en Arabie saoudite. Ce fut une rencontre avec les dirigeants saoudiens « que l’on peut qualifier d’historique ». Autre coup de maître du calife d’Ankara, l’opposition de la Turquie à l’adhésion de la Suède à l’Otan. Plus globalement, la politique étrangère d’Erdogan fut « brillante », estime ce journal.
Alors, certes, la crise économique est « le talon d’Achille » d’Erdogan, admet Mondafrique, mais le président turc, « malgré l’usure du pouvoir et un autoritarisme jamais démenti, reste populaire auprès de nombreux Turcs séduits par sa rhétorique nationaliste ottomane, sa fidélité à des valeurs islamiques dominantes dans la société et son charisme que personne ne conteste ». Et son « règne » a redonné sa « fierté » à la Nation turque.
L’Opinion, dix ans de liberté
Un anniversaire pour conclure, celui des dix ans du journal l’Opinion. « Média libéral, pro business et pro-européen », l’Opinion et ses « huit pages quotidiennes de bon vieux papier journal », devenues douze, en deux cahiers, débusque depuis dix ans « les modes, les fausses valeurs, les gourous », s’enorgueillit son président et directeur, Nicolas Beytout. Sous sa houlette, l’Opinion, depuis dix ans, assume d’être parfois « à contre-courant ».
Et si, comme disait Stendhal, « la France est un pays où il est plus important d’avoir une opinion sur Homère que d’avoir lu Homère », ce qui importe, comme disait Sénèque, « c’est l’opinion que tu as de toi-même et non l’opinion que les autres ont de toi », souligne justement l’Opinion. Bon anniversaire, confrère.
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