À la Une: comment financer la transition climatique?
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« En dévoilant, hier, les objectifs chiffrés de la trajectoire de décarbonation de la France d’ici à 2030, Elisabeth Borne a bien signifié qu’elle était, en personne, chargée de la planification écologique, pointe Le Monde. Comme pour souligner l’importance du sujet, elle avait fait le déplacement devant les membres du Conseil national de la transition écologique aux côtés d’une dizaine de ministres. Malgré cette posture volontariste, les mesures concrètes et les voies de leur financement ont fait défaut dans cette présentation de deux heures, relève Le Monde, qui a toutefois eu le mérite de poser clairement les objectifs. Pour se conformer à ses engagements européens, la France doit réduire ses émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2030 de 50% par rapport à 1990, afin d’arriver à 270 millions de tonnes équivalent CO2, contre 408 millions en 2022. Soit une baisse deux fois plus importante dans les huit prochaines années que celle réalisée en plus d’une trentaine d’années. La marche est haute, reconnaît le gouvernement (…). »
Faire payer les riches ?
En effet, comment financer ce plan ? La facture pourrait atteindre 66 milliards d’euros par an à l’horizon 2030. « Pour ce faire, pointe Libération, l’un des auteurs du rapport remis hier à la Première ministre, Jean Pisani-Ferry, prône un endettement "légitime" et une imposition '"exceptionnelle des plus aisés". Jean Pisani-Ferry assure qu’il ne s’agirait "pas d’un rétablissement de l’impôt sur la fortune ni de la fiscalité du capital". Et de préciser qu’à ses yeux, la proposition s’appliquerait aux 10% des Français les plus riches. »
Et Libération de s’exclamer : « ce serait une révolution culturelle pour l’actuel exécutif… si jamais il décidait de suivre ces recommandations. »
Pas de solution indolore…
« C’est une recette indémodable, s’agace Le Figaro : il n’est de problème financier qui ne se règle en faisant "payer les riches". Jean-Luc Mélenchon y a déjà pensé pour les retraites par exemple, ironise le journal. Comme si cela suffisait à combler tous les besoins et comme si cela suffisait à convaincre les "non riches" qu’ils ne seront aucunement mis à contribution. La vérité est que, dans le cadre d’une "planification" écologique, il n’y a pas de solution indolore, affirme Le Figaro. (…) L’enjeu majeur pour le gouvernement est moins de présenter des courbes de trajectoire ou de lister des mesures en soi utiles à la lutte contre le réchauffement climatique que de réussir à entraîner les Français dans une conversion effective de leurs habitudes, voire de certains modes de vie. »
En effet, enchaîne La Dépêche du Midi, « la révolution verte, pour nécessaire qu’elle soit, nous réserve d’amères surprises. Plus l’ambition sera élevée à la mesure des enjeux, plus nous devrons nous adapter à un changement de mode de vie. Pour tous, le pari est considérable. »
Lin, Philippine, 45 ans, esclave… en France
On revient à Libération qui publie une enquête sur ces Philippines, employées de maison, souvent exploitées, voire même réduites en esclavage par de riches employeurs…
Durant un an, Libération a mené l’enquête. Une enquête qui « s’attache à raconter, à travers un destin individuel, celui d’environ un million de Philippines poussées chaque année à s’exiler pour se vendre comme nounous à n’importe quelle condition afin de nourrir leur famille restée au pays. Pour des raisons qui paraissent insensées en 2023, les Philippines gardent, dans les beaux quartiers du monde entier, une réputation de nounous idéales car soi-disant soumises, anglophones, chrétiennes et corvéables à merci puisque loin de leur famille. »
Libération nous raconte le calvaire de Lin, « emblématique de cet esclavage moderne qui ne dit pas son nom. Les employeurs de cette Philippine de 45 ans lui avaient confisqué son passeport, lui donnaient leurs restes pour tout repas, l’enfermaient à double tour, et la payaient si peu qu’elle ne pouvait même plus envoyer de l’argent à ses enfants. Et tout cela se déroulait en France, sans que quiconque soit au courant ni ne proteste. »
Finalement, Lin a pu s’enfuir et reconstruire une nouvelle vie, grâce à une association. Mais s’interroge Libération, « sur les quelque 20 000 Philippines employées en France, combien sont exploitées de la sorte ? Et dans le monde ? C’est vertigineux et effrayant. »
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