Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une: le soutien occidental à l’Ukraine est-il en perte de vitesse?

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (arrière-plan au centre) participe à une réunion avec des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Kiev, le 2 octobre 2023.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (arrière-plan au centre) participe à une réunion avec des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Kiev, le 2 octobre 2023. AP
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« Personne ne le formule encore explicitement, mais le soutien occidental à l’Ukraine approche peut-être un point de bascule, relève Le Figaro. Personne n’est sûr non plus de la pente qu’il suivra dans les mois à venir. Entre non-dits et incertitudes, les ministres des Affaires étrangères européens ont fait le déplacement hier [2 octobre, NDLR] jusqu’à Kiev, note le journal, pour manifester, par leur présence, leur soutien à l’Ukraine contre l’invasion russe. La réunion, même "informelle", a été hautement symbolique. Elle s’est tenue au moment où, aux États-Unis, le doute s’est installé sur la volonté des républicains de maintenir un soutien à Kiev. La "lassitude" va croître en Occident, a prophétisé hier le Kremlin, au lendemain de la victoire en Slovaquie du parti de Robert Fico, hostile à l’aide militaire à l’Ukraine. L’absence des chefs de la diplomatie hongroise, polonaise et lettone à Kiev a aussi été remarquée hier. »

Fatigue silencieuse ?

C’est vrai, renchérit Le Monde, « les événements récents ont rappelé la vulnérabilité du soutien occidental à l’Ukraine et sa dépendance à l’aide militaire de l’allié américain. Ils soulignent aussi une forme de lassitude qui s’insinue dans le camp occidental après plus d’un an et demi de combats. "On sent une fatigue silencieuse s’installer en Europe", confie une source européenne à Bruxelles. En Slovaquie, les interrogations d’une partie de la société par rapport à la guerre ont permis au populiste Robert Fico de remporter les élections. "Il commence à y avoir un sentiment de trop-plein médiatique sur le soutien à l’Ukraine", avance un diplomate européen en poste à Kiev ».

En tout cas, « juge un autre diplomate présent dans la capitale ukrainienne, interrogé par Le Monde, au-delà de la bataille de communication, "ce qui reste le plus important, c’est bien la contre-offensive ukrainienne en cours. Et les informations ne sont pas si mauvaises, même si les progrès sont lents. Sur le terrain, précise-t-il, les Ukrainiens avancent un peu dans le sud, et affaiblissent les Russes dans la profondeur, en repoussant la flotte russe au-delà de Sébastopol. Si d’ici à la mi-2024, ils peuvent obtenir des victoires, ils pourront modifier la perception américaine de la guerre". »

« Lâcher Kiev serait une faute morale et politique »

La Croix veut rester optimiste : « Il ne faut pas exagérer la "lassitude" qui se serait emparée des Occidentaux – ce serait d’ailleurs faire le jeu de Moscou qui n’attend que ça. Le (populiste slovaque) Robert Fico n’a obtenu que 23 % des voix et Donald Trump, le plus pro-Russe des candidats à l’investiture américaine, est plus proche d’une condamnation par la justice que d’un second mandat. Quant au soutien de la population polonaise aux réfugiés ukrainiens, il demeure solide. Ces premiers avertissements montrent que la pression pour trouver les voies d’une paix juste ne fera que s’accentuer. Mais lâcher Kiev aujourd’hui serait une faute morale et politique, s’exclame La Croix. Parce que le conflit ne s’arrêtera pas faute de soutien américain ou européen. Ce serait négliger la volonté des Ukrainiens qui se battent pour l’unité de leur pays. La seule paix possible est celle qui sera issue de la victoire du droit international sur la force. »

États généraux de la presse : du pain sur la planche

À la Une également, en France, l’ouverture des États généraux de la presse ce mardi. Une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, destinée à sacraliser le droit à une information de qualité.

« Ça tombe bien, il y a du boulot, s’exclame Libération. Deux événements majeurs ont chamboulé ces dernières semaines ce programme convenu, pointe le journal : d’un côté, la mainmise brutale de Vincent Bolloré sur le Journal du dimanche, suivie par la nomination forcée à la tête de sa rédaction d’un journaliste et militant d’extrême droite, Geoffroy Lejeune ; et de l’autre, la garde à vue choquante d’une journaliste d’investigation reconnue, Ariane Lavrilleux, pour découvrir la source qui lui aurait permis de publier dans Disclose une enquête effarante sur une opération de renseignement militaire française soupçonnée d’avoir été détournée par l’État égyptien pour bombarder des civils. (…) Voilà pour nous, affirme Libération, deux menaces directes à la liberté d’informer en France, et voilà donc les deux sujets dont ces États généraux doivent s’emparer, bien avant tout autre. »

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