Revue de presse internationale

À la Une: une étape supplémentaire de la Russie vers la guerre

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Le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, à Moscou, le 21 février 2022
Le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, à Moscou, le 21 février 2022 © ALEXEY NIKOLSKY / SPUTNIK / AFP
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« Poutine officialise le démembrement de l'Ukraine », titre L'Orient le jour. « Comme de l'huile sur le feu », commente de son côté le journal canadien Le Devoir. La Russie reconnaît donc l'indépendance des deux territoires pro-russes de la région ukrainienne du Donbass et son président demande à l'armée russe d'y entrer pour assurer la paix. La question que l'on peut lire en Une des journaux allemands, c'est : « Où commence l'invasion pour Biden ? » Ou encore : « Est-ce maintenant ? ». Le Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande si les soldats russes présents dans le Donbass sont « une vieille réalité ou une nouvelle guerre ».

De la réponse à cette question dépendent les sanctions imposées par les États-Unis et les Européens à Moscou. Pour la Süddeutsche Zeitung, tous cherchent encore à laisser une porte ouverte à Vladimir Poutine. Jusqu'à quand ? On ne sait pas, mais le journal précise que « la réponse sera considérée comme un indicateur de l'unité et de la détermination que les alliés occidentaux ont toujours affirmées ces dernières semaines ».

Le Soir en Belgique ne croit plus aux discussions et voit dans les déclarations d'hier « une fin brutale du scénario diplomatique ». L'ancien Premier ministre australien Tony Abbot, cité par The Australian, est à peu près du même avis. Pour lui, les Occidentaux ont déjà échoué. « Quelle que soit la tournure de cet épisode, ne nous faisons pas d'illusions. Vladimir Poutine se considère comme le nouveau tsar, un souverain à vie, déterminé à restaurer la grande Russie. À cette fin, il a envahi la Géorgie, annexé la Crimée, occupé le Donbass, tué sans scrupules des opposants dans son pays et à l'étranger, et fait de la Russie une superpuissance militaire malgré une économie plus petite que celle de l'Italie. »

Les civils du Donbass et les conséquences de la guerre

L'envoyée spéciale du journal espagnol El Pais raconte l'arrivée à la ferme d'un ouvrier agricole. « À l'entrée, dans la boue, un gouffre l'attendait. Un tir de mortier a brisé la clôture métallique. Les fenêtres ne sont plus vitrées ». « Heureusement, je n'ai pas passé la nuit ici », raconte le travailleur de 48 ans. Les obus ont fait tomber des lignes électriques et abîmé des canalisations. Alors pour éviter d'être complètement privés d'électricité, de réfrigérateur ou de chauffage, des habitants du village de Krasnogorivka tentent de réparer eux-mêmes le transformateur à l'aide d'un tracteur.

Les combats qui s'intensifient dans les zones contrôlées par les séparatistes. Zones reconnues donc comme indépendantes par le président russe hier. Le correspondant en Europe de l'est du Guardian raconte dans un long article, la réunion surréaliste qui a précédé l'annonce de Vladimir Poutine hier à Moscou. « Le chef suprême a rassemblé ses subordonnés. Assis seul à son bureau dans une grande salle à colonnes du Kremlin, Vladimir Poutine regarde son conseil de sécurité à travers une étendue de parquet et demande si quelqu'un souhaite exprimer un avis différent ». Silence dans la salle, alors le président interroge un par un les membres du conseil.

Le journaliste du Guardian raconte comment « Sergei Naryshkin, le chef des services d'espionnage russes, connu pour ses déclarations agressives contre l'Occident, bégayait mal à l'aise lorsque Poutine lui a demandé s'il soutenait la décision. "Parlez directement !" Poutine s'est fâché, deux fois. Finalement, lorsqu'il a pu sortir ses mots, Naryshkin a dit qu'il était favorable à ce que [les républiques de Donetsk et Lougansk] "fassent partie de la Russie". M. Poutine lui a répondu que ce n'était pas le sujet de la discussion, qu'il ne s'agissait que d'une question de reconnaissance ». Un « spectacle absurde et colérique », qui représente un « tournant dans le règne de Vladimir Poutine », selon The Guardian.

Pour un autre grand quotidien britannique, le Times, cette réunion pompeuse et le « discours décousu » qui a suivi pendant une heure ont montré « l'isolement de Vladimir Poutine », qui est surnommé par certains Russes « le vieil homme dans le bunker » parce qu'il a passé l'essentiel de la pandémie reclus dans sa résidence secondaire.

Covid : des études encourageantes

Puisqu'on en parle, le Covid c'est l'autre grand sujet qui fait la Une des journaux. Le New York Times publie les résultats de plusieurs études encourageantes à propos des vaccins. À moins d'être particulièrement à risque, pas besoin de quatrième dose. Les études montrent que trois injections permettent d'éviter « les formes graves et la mort » pendant plusieurs mois et peut-être même plusieurs années.

Ces résultats devraient rassurer à Londres, où la plupart des mesures sanitaires sont levées. La décision inspire le South China Morning Post, qui se moque de Boris Johnson dans une caricature. On y voit le Premier ministre tout petit face à un virus géant, triomphant, les mains sur les hanches. Boris Johnson agite un drapeau blanc sur lequel on peut lire : « vivre avec le Covid ». Le Premier ministre se justifie, la mine renfrognée, « ceci n'est pas une reddition, c'est une restauration de la liberté. »

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