
La France embourbée jusqu'aux genoux sinon jusqu'à la taille : pas de Premier ministre, pas de gouvernement, pas de budget et un président de plus en plus isolé…
Alors comment sortir de cet enlisement ? La presse française et au-delà passe au crible les différentes hypothèses.
« Le compte à rebours s'achève aujourd'hui, constate La Repubblica à Rome . Emmanuel Macron avait donné 48 heures au Premier ministre sortant, Sébastien Lecornu, pour trouver une solution au chaos politique qui paralyse la France. Deux jours pour tenter de former un gouvernement responsable et éviter une nouvelle dissolution du Parlement. Ce matin, Lecornu rencontrera à nouveau les chefs des principaux partis pour une dernière série de consultations, une ultime étape avant le retour aux urnes. Hier, pointe en effet La Repubblica, Macron a reçu à l'Élysée les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, dans un geste institutionnel qui précède traditionnellement la dissolution du Parlement français. »
De nouvelles législatives ?
Alors s'oriente-t-on vers une dissolution de l'Assemblée nationale ? Peut-être bien, s'il faut en croire Le Canard Enchaîné à Paris qui affirme que « les préfets ont déjà reçu la consigne officieuse de se tenir prêts à organiser les élections législatives les 16 et 23 novembre. Juste après la célébration de l'Armistice », remarque malicieusement l'hebdomadaire satirique.
Car pour l'instant, pas de cessez-le-feu… Les tirs fusent de toute part, et notamment en direction du chef de l'Etat. Comme le souligne Libération à Paris, « lâché par Gabriel Attal ( son ancien Premier ministre ), invité à la démission par Edouard Philippe ( également ancien Premier ministre ), bousculé par LR… Emmanuel Macron est un homme seul. » Et « à la réflexion, poursuit Libé, cet isolement remonte chez Emmanuel Macron à ses débuts. Seul, il le fut lors de sa première campagne. Il est indéniable que ce fut une force. Son erreur aura été de penser qu'il pouvait le rester une fois entré à l'Elysée. Il a présidé seul. Il s'est soucié de son parti, donc de ses soutiens, comme de sa dernière chemise. »
Porte ouverte au RN ?
« Et maintenant ? », s'interroge Die Welt à Berlin. En effet, « à première vue, l'option la plus plausible serait de convoquer de nouvelles élections. Cependant, cela ouvrirait la voie au Rassemblement national pour obtenir une majorité et installer un Premier ministre issue de ses rangs. Macron devrait bien réfléchir, pointe le quotidien allemand, avant de se demander s'il veut vraiment entrer dans l'histoire comme le président qui a fait le lit des héritiers de Jean-Marie Le Pen, le banalisateur d'Auschwitz. »
C'est vrai, renchériter le Guardian à Londres, « de nouvelles élections législatives, au vu des sondages, risqueraient de transférer le pouvoir au Parlement au Rassemblement national, ou bien de provoquer un nouveau blocage. Mais la paralysie politique et les luttes intestines actuelles représentent un véritable cadeau pour Marine Le Pen à l'approche de l'élection présidentielle de 2027. »
Reste, tempère El Pais à Madrid, que si législatifs il ya, « il n'est même pas certain que le Rassemblement national obtienne la majorité absolue pour gouverner. Face à cette situation, le président du RN, Jordan Bardella, a appelé Les Républicains à unir leurs forces et à gouverner ensemble s'ils n'atteignaient pas les 289 sièges nécessaires. Une formule qui reproduirait le schéma utilisé dans des pays comme l'Italie ou l'Espagne (du moins dans les régions où Vox et le Parti Populaire ont uni leurs forces). »
Les Français… premiers responsables ?
Enfin, cette interrogation formulée par Le Temps à Genève : « Et si les responsables de la crise étaient les Français eux-mêmes ? (…) Il ya (en effet chez les Français), affirme le quotidien suisse, cette fascination pour l'homme providentiel, le charisme qui donne l'impression d'avoir raison envers et contre tous. Une perception centrale dans l'imaginaire politique français, intimement liée à ce système très présidentiel. Et puis il ya, presque en miroir, l'envie suprême de faire tomber cette figure après l'avoir portée aux nues. C'est ce qui semble motiver le plus les électeurs. (…) Les électeurs qui semblent depuis des années favorisent toujours celui qui n'aura fait aucune concession, celui qui sera resté le plus « pur » dans son idéologie, (…) qui aura promis de renverser le plus de tableaux. (…) La folie totale du débat public est indéniable, conclut Le Temps. Et c'est pour plaire aux électeurs que les politiciens français campent ainsi sur leurs positions, jusqu'à l'absurde, jusqu'à prendre le risque de mener le pays dans le mur. »
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