Revue de presse internationale

À la Une: deux jours après la rébellion avortée de Wagner, Poutine tente de reprendre le contrôle

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Le président russe Vladimir Poutine rencontre les hauts responsables de la sécurité du pays à Moscou le 26 juin 2023.
Le président russe Vladimir Poutine rencontre les hauts responsables de la sécurité du pays à Moscou le 26 juin 2023. AFP - VALERY SHARIFULIN
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« Le Kremlin fait de son mieux pour prétendre que rien ne s'est passé », raille le Suddeutsche Zeitung. 48h après avoir été défié et dangereusement bousculé par la milice Wagner « Poutine est réapparu hier visiblement très en colère pour une courte allocution à la télévision » rapporte le Guardian, « un discours enflammé » juge également le New York Times « dans lequel il s'est porté garant du retour en calme, appelé à l'unité nationale » tout en fustigeant la rébellion de Wagner qui était « vouée à l'échec dès le début ». Le président russe s'est surtout « envoyé des fleurs », souligne El Pais « en assurant qu'il avait pris personnellement dès le début des événements les mesures nécessaires pour éviter un bain de sang ». « Manière d'illustrer le retour à l'ordre », commente le Japan Times, une « reprise en main très ferme du maître du Kremlin », commente le Times, « sans mentionner directement Evgueny Prigojine, Poutine a juré de punir les chefs de la rébellion qui ont marché sur Moscou ».

Message clair envoyé au patron de Wagner, officiellement réfugié en Biélorussie, sans que l'on sache si c'est véritablement bien le cas, et qui continue « les provocations, souligne le Guardian, Prigojine a ainsi nié hier avoir voulu renverser le régime de Poutine, tout en pointant les graves problèmes de sécurité de la Russie ». Son intervention lundi soir quelques heures avant celle de Poutine, « illustre toute sa défiance à l'égard du Kremlin », commente le quotidien britannique et pourrait bien « s'être propagé au sein des élites russes », même si aucun haut responsable n'a soutenu sa mutinerie, « de nombreux hauts fonctionnaires sont en tout cas restés largement absents pendant les évènements », souligne le Guardian.

L’Occident tente toujours d’analyser les conséquences de cette rébellion

Alors que Poutine blâme également l’Occident, accusé de se féliciter « d’une guerre fratricide » en Russie. « Poutine rejette (bien évidemment) son embarras sur l'Occident, pour faire de son humiliation une démonstration de force nationale face à l'ingérence extérieure », commente le Times qui rapporte également les dénégations du président américain Joe Biden qui a réaffirmé hier soir « que les Etats-Unis n'avaient joué aucun rôle dans cette mutinerie russe ». Une rébellion dont l'Occident tente d'ailleurs toujours « d'analyser les conséquences », souligne le Suddeutsche Zeitung, « alors que jusqu'à présent, depuis le début de la guerre, il a toujours été question de ne pas sous-estimer la force de Poutine, il faut désormais calculer les conséquences de sa faiblesse avec toutes les opportunités et les risques qui peuvent en découler », analyse le quotidien allemand. Parmi les risques, la grande crainte de « l’utilisation des armes tactiques nucléaires », note Die Welt , mais qui mesure également parmi les enseignements de cette crise, un trait de caractère insoupçonné de Poutine, « qui lorsqu'il est acculé, ne prend pas de décision de manière irrationnelle, mais préfère négocier même avec celui qui avait qualifié de traître ». Voilà qui devrait permettre de « réévaluer certaines hypothèses dans ce conflit », commente encore Die Welt « et notamment pour ceux qui ont soutenu que l'Ukraine ne devait pas attaquer la Crimée de peur de déclencher une escalade ».

La Chine réévalue également son soutien à Poutine

Toute aussi surprise que les Occidentaux par l'attaque de Wagner, « la Chine affiche un soutien prudent à Moscou », explique la correspondante du Guardian alors « que la mutinerie de Prigojine a mis en lumière les divisions au sein des forces armées russes et les fissures qui menacent de saper la stabilité de son allié le plus puissant ». Les autorités chinoises ont été les premières « à exprimer leur soutien à la Russie, en minimisant la rébellion qualifiée d'affaire intérieure », note le quotidien britannique, mais le doute s'est installé sur la solidité de Poutine à la tête de la Russie. Même le très nationaliste Global Times chinois qui « tout en vantant le talent de Poutine à relever des défis complexes » s'interroge sur sa « capacité à reboucher le trou que (Prigojine) a creusé dans l'ordre politique russe ». « La chute de Poutine est le cauchemar de la Chine », assure de son côté Die Welt « car Pékin a beaucoup investi dans sa coopération et sa relation stratégique avec son puissant voisin russe avec qui il partage plus de 4 000 kilomètres de frontières », sans compter « l'amitié sans limites » que partagent Xi Jinping et Vladimir Poutine contre leur ennemi commun américain ». Pékin ne lâchera donc pas Poutine, note encore Die Welt, mais doit « considérer ce scénario cauchemardesque d'une Russie, déstabilisée, sans chef ».

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