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À la Une: Prigojine en Biélorussie, Poutine tente de colmater les brèches de son empire chancelant

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Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours télévisé à Moscou, en Russie, le 26 juin 2023.
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours télévisé à Moscou, en Russie, le 26 juin 2023. via REUTERS - SPUTNIK
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Vladimir Poutine omniprésent hier, mardi, à la télévision russe « pour tenter de combler les fissures ouvertes par la mutinerie de Wagner », souligne le Wall Street Journal alors que « son image a été ternie lors de ces évènements dramatiques qui ont révélé ses faiblesses en tant que dirigeant ». « La machine à images du Kremlin s’est remise en marche hier », note également le New York Times, le président russe multipliant les discours pour féliciter l'armée « d'avoir empêché une guerre civile » tout en assurant que « le soulèvement ne bénéficiait d'aucun soutien populaire ». « Une véritable mise en scène », raille le quotidien américain, « Poutine tente ainsi de réécrire l’histoire pour assurer au public russe qu'il tient toujours les leviers du pouvoir ». Mais, malgré l'aide des médias russes et des propagandistes qui ont fidèlement « relayé le récit présidentiel », il est bien difficile pour Poutine de « présenter cette incroyable mutinerie comme une victoire pour le Kremlin », analyse le Guardian. « Comme il est difficile » ajoute le quotidien britannique « pour un régime qui se targue d'assurer la stabilité politique, d'avoir à assumer qu'un sous-fifre ait pu se retourner contre Poutine et ordonner à ses troupes de marcher sur Moscou ». Pas sûr que les Russes achètent cette histoire, assène encore le Guardian, pas sûr non plus « que les élites russes y adhèrent » ajoute le Wall Street Journal pour qui cette crise « pourrait bien avoir ouvert une brèche dans le pouvoir que des conseillers mécontents pourraient exploiter ». L'avenir du pouvoir de Poutine pourrait être « en sursis », assure également El Pais qui rapporte d'ailleurs « que Poutine a décidé hier de renforcer sa garde personnelle, qui sera prochainement équipée de chars et autres véhicules blindés ».

Loukachenko se félicite bruyamment de sa médiation avec Wagner

C'est peut-être lui « le grand gagnant de l'affrontement entre le Kremlin et Wagner », estime le New York Times, le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, vassal de Poutine et hôte désormais du patron de Wagner Evgueny Prigojine qui a donc atterri hier sur le sol biélorusse. Loukachenko n'a en tout cas pas hésité hier « à s'attribuer tout le mérite de l'arrêt de la mutinerie en Russie », souligne le Washington Post donnant même « des détails qui n'ont guère dû plaire à Poutine, affirmant notamment qu'il avait empêché le président russe de prendre une « décision brutale » alors que ce dernier aurait souhaité « écraser Prigojine comme un insecte ». « Même si Loukachenko est connu pour tourner à son avantage ses échanges avec le Kremlin », sa médiation « qu'elle ait été ou non orchestrée par Poutine, confère au dictateur biélorusse une dimension nouvelle de faiseur de paix » analyse de son côté Le Temps, « de quoi booster sa popularité et renforcer sa position à la tête de son pays ». « Cette médiation et l'accueil en exil de Prigojine et de ses hommes n'est qu'un acte de plus de sa loyauté envers Poutine », tempère un autre spécialiste, toujours dans le quotidien suisse qui rappelle que Loukachenko « avait déjà accepté de cantonner des troupes russes sur son sol, et de stocker des armes nucléaires », « car Minsk, dit-il, a autant besoin de Moscou, que l'inverse, les deux régimes sont véritablement symbiotiques ».

Le dangereux exil de Evgueny Prigojine en Biélorussie

Parce que « entre le patron de Wagner et le dictateur biélorusse qui se connaissent depuis plus de vingt ans les relations ont toujours été houleuses », rapporte Le Temps qui n'entrevoit ainsi « aucune coopération possible entre les deux hommes » et doute d'ailleurs que « Prigojine reste très longtemps en Biélorussie dans un pays où il ne compte aucun soutien parmi la population ». « Même si le Kremlin lui a garanti l’immunité, sa survie est loin d'être certaine sur les terres de l'allié de Poutine qui ne fera pas obstacle aux services secrets russes », souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung. «Tôt ou tard, les Russes liquideront Prigojine », assure également un spécialiste dans Die Welt. Car Poutine « n'est pas homme à pardonner la trahison », estime également le Times de Londres, « d'autant moins qu'à Moscou les critiques des partisans de la ligne dure se multiplient contre sa gestion de la crise ». « Poutine est pitoyable » a même fustigé un ancien officier du FSB, alors que d'autres faucons accusent le président russe « de mener le pays à la ruine », souligne le quotidien britannique.

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