À la Une… deux semaines de conflit entre Israël et le Hamas
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Elle a trois, quatre ans peut-être, et déjà une intensité sidérante dans le regard. Agenouillée au sol, de la terre autour des yeux, de la poussière et des débris dans les cheveux, cette petite fille – israélienne ou palestinienne, l’image ne le dit pas –, cette petite fille donc, semble interroger le photographe : « Où cela va-t-il s’arrêter ? » Sauf que cette question, c’est l’hebdomadaire britannique The Economist qui la pose en Une, au 14ᵉ jour du conflit entre le Hamas et Israël.
Des questions, la presse internationale en a beaucoup ce vendredi… et notamment au sujet de l’offensive contre le Hamas promise par Israël. Une semaine qu’on la dit « imminente » et pourtant, rien, au point qu’au Liban, L’Orient-Le Jour s’interroge : « l’offensive terrestre à Gaza aura-t-elle lieu ? » D’un côté, écrit-il, « l’opinion publique israélienne (…) attend une punition à la hauteur de son effroi », le pays dispose du soutien « sans failles » de Washington, et une telle entreprise « forcerait les Palestiniens à se réfugier dans le sud de l’enclave », ce qui « pourrait permettre à Israël de créer une zone tampon au nord et à l’est de Gaza. »
Mais de l’autre côté, contrebalance le journal, « une campagne dans la bande de Gaza conduirait à l’ouverture de nouveaux fronts pour Israël », « une partie des proches des otages détenus (…) dans la bande de Gaza (…) s’oppose à une invasion terrestre qui mettrait ceux-ci en danger », et surtout, « l’armée israélienne pourrait y perdre plusieurs centaines de soldats », dans la mesure où « des combats de rue nécessitent des troupes très entraînées, alors que le gros du contingent israélien serait constitué de réservistes. »
Un terrain particulièrement difficile pour les soldats
Le Wall Street Journal américain rappelle, en effet, que c’est un véritable « enfer urbain chaotique » qui attend Israël. Dans un paysage dévasté, jonché de débris, morcelé de tunnels bien connus du Hamas, mais beaucoup moins des soldats israéliens, « n’importe qui peut être la source d’un danger » d’après un responsable de Tsahal cité par le quotidien. L’enjeu qui pèse sur les soldats est énorme ; enjeu sécuritaire évidemment, mais aussi d’image car « les attaques [du 7 octobre] ont humilié des services de sécurité qui s’enorgueillissaient de disposer de renseignements impeccables. » Pas question donc de se tromper deux fois… sauf que pour l’emporter… les forces armées devront « s’imposer sur un champ de bataille urbain qui s’annonce chaotique et claustrophobe. » Or, rappelle le titre économique, « la complexité des villes peut mettre en échec même des forces d’élite. »
Et quand bien même l’armée israélienne parviendrait à l’objectif annoncé par Benyamin Netanyahu – détruire le Hamas -, une question reste en suspens : et après ? Le Times britannique souligne ainsi que tous « les leaders internationaux qui arrivent en Israël » - à l’image du Premier ministre britannique Rishi Sunak hier jeudi – posent cette question en privé, et même, « dans une certaine mesure, en public. » Sauf qu’à ce stade, estime le quotidien, « Israël est concentrée sur la prochaine étape de sa guerre, et pas vraiment sur ses conséquences. » Une chose semble être sûre : « Israël n’a aucune intention d’occuper Gaza sur le long terme » - trop cher, analyse le journal, trop complexe aussi. Peut-être, envisage-t-il, la création de « zones tampons de sécurité », « pour protéger les communautés de l’autre côté de la frontière. » Sauf que cela n’offre pas vraiment de « solution au vide dangereux qui subsistera à Gaza une fois que l’armée israélienne s’en sera retirée. »
Reste une dernière option envisagée par le Times : « le retour de l’autorité palestinienne, qui a contrôlé Gaza, rappelle le journal, de la signature des accords d’Oslo en 1993 jusqu’à la prise de pouvoir du Hamas en 2005. »
Le flou pèse sur l'économie mondiale
Il y a d’abord les craintes concernant le pétrole : pour le South China Morning Post, « l’Asie est inquiète des risques concernant l’approvisionnement, (…) alors que le conflit entre Israël et Gaza menace de s’étendre au Moyen-Orient. » Car le continent, souligne le journal, est loin d’être autonome sur ce plan… or, « les tensions pourraient affecter le passage de navires dans le détroit d’Ormuz, par lequel un tiers de l’approvisionnement mondial » circule. Et une aggravation du climat général pourrait aussi « faire gonfler les coûts d’assurance et de transport pour les pétroliers » alors même que les prix du brut ont augmenté ces dernières semaines. Des tarifs qui pourraient encore exploser, car, même si « Israël ne produit pas de pétrole brut, l’implication ou non de l’Iran dans le conflit va drastiquement influencer les tendances » des prix. Et le site prévient… si Téhéran décide de s’impliquer… « les tarifs pourraient s’enflammer dès demain. »
D’un côté des prix qui s’emballent et de l’autre… une économie « soudainement plombée », « instantanément grippée »… c’est ce que décrit L’Orient-Le Jour au Liban. Dans un pays déjà ravagé par une crise aussi profonde que longue… « la seule perspective d’une guerre imminente semble d’ores et déjà affecter l’économie nationale. » Une bonne nouvelle, ironiquement, tient à la situation déjà dramatique au Liban : le pays attire peu d’investissements et ne devrait donc pas souffrir outre-mesure de la chute de ces derniers dans la région. En revanche, indique le journal, « le secteur touristique, à court terme, subit et subira les plus grosses pertes… » alors même que la branche semblait être repartie sur les bons rails. Et de souligner ce chiffre impressionnant : depuis le début du conflit, l’activité des restaurants en semaine a dégringolé de 80 %.
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