Revue de presse internationale

À la Une: à Gaza, des montagnes de débris dans un ciel enfumé

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Le feu et la fumée s'élèvent à la suite d'une frappe aérienne israélienne dans la bande de Gaza, vue depuis le sud d'Israël, le samedi 28 octobre 2023.
Le feu et la fumée s'élèvent à la suite d'une frappe aérienne israélienne dans la bande de Gaza, vue depuis le sud d'Israël, le samedi 28 octobre 2023. © Ilan Assayag / AP
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Du New York Times au Monde, du Wall Street Journal au Times, d’El Pais à O Globo : de nombreux journaux internationaux affichent sur leur première page des images qui illustrent le drame qui se joue à Gaza. Une catastrophe décrite par un auteur palestinien dans le Washington Post : « Cette dernière semaine, beaucoup de Gazaouis ont écrit leur nom sur leurs jambes et leurs mains, au stylo ou au marqueur permanent, pour pouvoir être identifiés lorsque la mort viendra. » Macabre, sans doute, convient cet écrivain. Mais en réalité, affirme-t-il, « c’est parfaitement logique : nous voulons qu’on se souvienne de nous. Nous voulons que nos histoires soient racontées ». Car de Gaza, de « son labyrinthe de ruelles étroites […], il ne restera bientôt plus qu’un souvenir ».

Israël a donc accéléré la cadence, ces derniers jours, de son offensive contre Gaza : « Sans ralentir le rythme des attaques aériennes », écrit El Pais en Espagne, « Israël augment[e] la présence de soldats, de chars, et d’autres véhicules. »

Pas de cessez-le-feu à ce stade

Benyamin Netanyahu a rejeté l’option hier lundi ; quant aux États-Unis, rappelle le New York Times, Washington considère qu’une telle option « profiterait seulement au Hamas ». Pourtant, insiste le quotidien, les bombardements « ne sont pas la réponse » aux « atrocités commises par le Hamas contre des civils israéliens ». Évidemment, ces actions « ​​​​​​​qui ont tué plus de juifs en un jour que n’importe quel autre jour depuis la Shoah, exigent une réponse ». Mais, selon le quotidien de New York, pas celle-là. Israël a promis de « ​​​​​​​tout détruire » ; que Gaza « ​​​​​​​ne redeviendrait jamais ce qu’elle était auparavant ». Sauf que, et c’est bien, selon le quotidien, ce qui est tragique, en plus d’être « ​​​​​​​immorales », les punitions collectives sont aussi « inefficaces ».

Point de vue partagé par l’intellectuel Michael Walzer, juif américain, que le quotidien espagnol El Pais a rencontré. « ​​​​​​​Voilà le dilemme de la guerre asymétrique et des Israéliens », pose-t-il : plus de civils mourront, plus le Hamas a de chances « de gagner politiquement la guerre, même si le coût militaire est très élevé ». Pourtant, un cessez-le-feu, ce philosophe y est opposé : « Je ne sais pas si [une pause humanitaire] aurait du sens. »

Alors, que faire ? Pas vraiment de solution… mais Michael Walzer donne une piste : « ​​​​​​​Dans quelle mesure êtes-vous prudent dans votre réponse ? C’est tout ce que vous pouvez faire : être prudent. »

Et cette question de la solution à apporter continue d’agiter les journaux car, rapporte Ha’aretz, des cadres politiques et sécuritaires contactés « ​​​​​​​admettent que, à ce stade, il n’y a pas eu, ou peu, de réflexion sur la finalité » de ces opérations. Pourtant, si Israël parvient à son objectif de détruire le Hamas, il faudra bien, exhorte le quotidien, mettre en place un nouveau cadre, « qui assurera qu’Israël ne soit pas de nouveau attaquée, tout en respectant les besoins des plus de deux millions de Palestiniens vivant à Gaza ».

Quant au philosophe précédemment cité, toujours dans les colonnes d’El Pais, il se prend à rêver d’une « confédération » qui réunirait Israël, la Palestine, et la Jordanie. Une « ​​​​​​​merveilleuse solution » selon lui « ​​​​​​​plus réaliste que celle des deux États, [...] de plus en plus difficile à imaginer ».

Des scènes difficilement imaginables au Daguestan russe

Les journaux reviennent aujourd'hui sur cette scène, une foule en rage en guise de comité d’accueil pour un avion arrivant d’Israël. Au Royaume-Uni, le Guardian rappelle que ces événements sont intervenus avec, « ​​​​​​​en toile de fond, la posture pro-palestinienne prise par Poutine » dans le conflit, « ​​​​​​​une position alignée sur celle de l’Iran, allié du Kremlin » qui fait craindre au journal « une nouvelle hausse de l’antisémitisme en Russie » car « certains tabous » ont disparu depuis le début de la guerre en Ukraine.

De fait, abonde Die Welt, « les antisémites violents du pays se sentent légitimes », la faute selon le quotidien allemand, à un président russe qui a « déclenché une vague de haine contre les juifs […] pour atteindre ses objectifs politiques ». Et qu’il « soit lui-même antisémite ou non n’a aucune importance ».

Les chaos s’entremêlent, le passé est revisité, et « ​​​​​​​nous voilà », constate le New York Times, à « ​​​​​​​regarder une nouvelle rotation du cycle, à faire semblant de croire que l’issue pourrait être différente cette fois ». Et le quotidien nous laisse sur cette dernière question : « Si la diplomatie et les relations internationales peuvent approuver ce genre de guerre, dans ce cas, quel est l’intérêt même d’avoir une diplomatie et des relations internationales ? »

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