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À la Une: la guerre sans fin au Soudan

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Sur cette photo satellite fournie par Planet Labs PBC, la zone autour du quartier général de la 6e division de l'armée soudanaise à El-Fasher, au Soudan, est visible le dimanche 26 octobre 2025.
Sur cette photo satellite fournie par Planet Labs PBC, la zone autour du quartier général de la 6e division de l'armée soudanaise à El-Fasher, au Soudan, est visible le dimanche 26 octobre 2025. © AP - Planet Labs PBC
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Au moins 150 000 morts, 12 millions de réfugiés et 25 millions de personnes en proie à la famine… C’est le triste bilan après près de trois ans de conflit meurtrier entre l’armée soudanaise, héritière de l’ancien régime, avec à sa tête le général Abdel Fattah al-Burhan et les FSR, les Forces de soutien rapide, une unité paramilitaire dissidente dirigée par le général Hemedti.

Avantage à ces derniers : dimanche, constate Libération à Paris, après 18 mois de siège, « la ville d’El-Fasher est tombée aux mains des Forces de soutien rapide, laissant présager de nouveaux massacres ethniques. Les paramilitaires contrôlent désormais la quasi-totalité de la région du Darfour ».

Et le journal de s’interroger : « est-ce un tournant dans la guerre civile soudanaise ? » Oui, répond Alan Boswell, de l’International Crisis Group : « la chute d’El-Fasher est "le moment que beaucoup redoutaient, celui de la partition claire du Soudan. Le pays est désormais de facto divisé. Et plus la guerre durera, plus cette division deviendra concrète et sera difficile à inverser" ».

Et « que fait la communauté internationale ? », s’interroge encore Libération. Réponse : « à peu près rien. En juin 2024, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la résolution 2736 exigeant "que les FSR mettent fin au siège d’El-Fasher", demandant "l’arrêt immédiat des combats" et "que les parties au conflit autorisent et facilitent l’acheminement rapide, sûr, durable et sans entrave de l’aide humanitaire destinée aux civils qui en ont besoin". Aucune de ces "exigences" onusienne n’a été respectée. Après un an de siège, l’état de famine a été déclaré à Zamzam puis à El-Fasher même. Les bombardements et les assauts des FSR n’ont jamais cessé ».

Deux prédateurs…

Pour Le Temps à Genève, « le Soudan est (donc) plus que jamais divisé entre deux prédateurs ». Deux généraux, « deux anciens complices qui se battent entre eux, commente le chercheur Marc Lavergne, interrogé par le journal. Ce n’est pas une guerre civile, affirme-t-il. Car les Soudanais ne se détestent pas, ils subissent cette guerre. Il reste une conscience nationale et, malgré l’exil de millions d’habitants, le mouvement démocratique subsiste dans ce pays qui avait vu naître les premiers partis politiques en Afrique pendant la colonisation britannique ».

Il n’empêche : le pays est plus que jamais coupé en deux, constate encore Marc Lavergne : « l’armée soudanaise aura de la peine à reprendre le contrôle du Darfour. Les FSR, quant à eux, pourront difficilement reprendre pied dans la capitale ». Pourtant, déplore-t-il, « une nouvelle partition n’est pas la solution. Il n’y a qu’à voir le destin du Soudan du Sud, lui aussi déchiré par les combats et les ambitions personnelles ».

Du matériel militaire britannique

Toujours à propos de ce conflit, cette révélation du Guardian à Londres : « du matériel militaire britannique a été retrouvé sur des champs de bataille au Soudan, du matériel utilisé par les FSR, groupe paramilitaire accusé de génocide », pointe le journal qui s’appuie sur « des documents consultés par le Conseil de sécurité de l’ONU ». Il s’agit, précise le Guardian de « de systèmes de cibles pour armes légères et de moteurs de fabrication britannique pour véhicules blindés de transport de troupes ». Ces matériels « auraient transité par les Émirats arabes unis, accusés à plusieurs reprises de fournir des armes aux paramilitaires ».

Commentaire du journal : ces fournitures de matériels militaires « posent questions concernant le gouvernement britannique et son rôle potentiel dans l’alimentation du conflit ».

« Ces vieillards qui s’accrochent au pouvoir… »

Enfin, on reste en Afrique avec cet éditorial du Washington Post sur ces « dirigeants africains vieillissants qui s’accrochent au pouvoir sur un continent jeune : l’Afrique a un problème encore pire que les États-Unis, pointe le journal, avec des politiciens vieillissants qui ne veulent pas lâcher prise ». On aura compris le sous-entendu…

Le Post cible le Camerounais Paul Biya qui vient de se faire réélire pour un 8e mandat. « Le qualifier de "vainqueur" est une affirmation généreuse, relève le journal, car l’élection a très probablement été truquée. (…) L’Afrique reste dominée par des vieillards, déconnectés depuis longtemps des préoccupations populaires, déplore le Washington Post. Déjà chef d’État le plus âgé du monde, Biya aura presque 100 ans s’il termine son huitième mandat. Le président du Togo a 86 ans, celui du Malawi 85 et celui de la Côte d’Ivoire 83. Cette gérontocratie crée un climat explosif, conclut le quotidien américain, qui ne peut qu’entrainer de futurs conflits ».

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