
Nicolas Sarkozy s’apprête à franchir dans quelques minutes les portes de la prison de la Santé à Paris. Une incarcération qui fait suite à sa condamnation à cinq ans de détention pour association de malfaiteurs. La presse française est partagée ce matin.
« L’épreuve personnelle, le choc politique », s’exclame Le Figaro en première page. Le Figaro qui s’en prend… à la justice : « une instruction fondée sur un faux, un jugement aussi clément sur le fond que sévère dans la peine prononcée, si l’on y ajoute le mandat de dépôt et l’exécution provisoire, on cherche désespérément ce qu’il reste de la présomption d’innocence. (…) Cette histoire dépasse Nicolas Sarkozy, comme elle dépasse les magistrats qui ont prononcé la sentence, s’exclame encore Le Figaro. (…) Quand il passera les portes de la prison, Nicolas Sarkozy perdra temporairement sa liberté, mais l’autorité judiciaire, pour longtemps, perdra de sa crédibilité ».
Une « bienveillance pleurnicharde inédite »
« Nicolas Sarkozy : à l’ombre », réplique Libération en Une. « Un événement sans précédent, dramatisé à outrance jusqu’au sommet de l’État ». Il a été reçu vendredi dernier à l’Élysée par Emmanuel Macron. Pour Libération, « un ancien président coupable d’association de malfaiteurs n’a aucune raison d’échapper aux rigueurs de la loi ».
Et le quotidien de gauche de s’insurger contre le fait que Nicolas Sarkozy ait « fait l’objet, dans certains journaux et sur certains plateaux de télé, d’une touchante attention plaintive, d’un traitement compassionnel dégoulinant, d’une bienveillance pleurnicharde inédite s’agissant d’un candidat à la présidentielle condamné pour avoir laissé ses deux plus proches conseillers contracter un pacte de corruption avec un terroriste international ».
Le Monde pour sa part note que « Nicolas Sarkozy ne devrait pas voir ses affaires trop affectées par la décision du tribunal dont il a fait appel. (…) L’ex-chef de l’État garde la confiance du monde des affaires, malgré sa condamnation. Il s’était reconverti, depuis 2012, rappelle le journal, en consultant de luxe et en membre rémunéré de conseils d’administration de grands groupes cotés. Aucun n’envisage de revoir sa collaboration ». D’ailleurs, « aucune "interdiction de gérer" n’a été prononcée à son encontre lors de la décision du tribunal, le 25 septembre dernier ».
Bientôt libéré ?
Quelques échos dans la presse européenne : « Sarkozy est aujourd'hui en prison : à l’isolement, sous surveillance avec trois livres et dix photos », constate La Repubblica à Rome.
Le Süddeutsche Zeitung remarque que l’ex-président « prévoit d’écrire un livre en prison. La question est de savoir s’il aura le temps de le faire, pointe le quotidien allemand. Ses avocats vont en effet exiger sa libération. La cour d’appel aura deux mois pour répondre à cette demande ». Mais « les choses pourraient s’accélérer, relève encore le Süddeutsche Zeitung : Sarkozy pourrait bientôt être libéré et purger sa peine chez lui à la Villa Montmorency jusqu’à l’ouverture de son procès en appel, avec un bracelet électronique à la cheville ».
Le casse du Louvre : « rocambolesque » à l’instar de la situation politique…
Outre-Atlantique, les journaux américains s’intéressent plus au braquage du Louvre qu’à l’emprisonnement de Nicolas Sarkozy…« La police française est désormais engagée dans une course contre la montre, pointe le New York Times, pour retrouver les quatre voleurs qui ont commis ce casse audacieux. La police qui est bien consciente que les chances de récupérer les bijoux volés risquent de diminuer d’heure en heure. Ce braquage a stupéfié la France et a soulevé des questions plutôt embarrassantes sur la sécurité de l’une des institutions culturelles les plus célèbres du monde ».
Le Washington Post, lui, établit un parallèle entre ce vol et la situation politique en France…
« Ce vol rocambolesque montre à la fois le chaos, la fragilité et l’orgueil qui caractérisent la politique française aujourd’hui, affirme le quotidien américain. (…) Il montre clairement que les jours d’un président, qui n’est ni roi ni empereur mais Jupiter, sont comptés. Si Macron avait besoin d’un rappel, ses opposants politiques se sont empressés de lui rendre service : le président du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé que ce vol représentait "une humiliation insupportable pour notre pays". Une humiliation qu’il ne tolérerait sans doute pas une fois devenu Premier ministre sous la présidence de Marine Le Pen ».
Et le Washington Post de conclure : « alors que les sondages témoignent de l’ascension apparemment irrésistible de ce parti xénophobe et autocratique, la France pourrait bien connaître un avenir qui n’aurait rien de rocambolesque ».
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