Sindelar, Caszely, Sócrates : trois dribbles pour la liberté et contre la dictature
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Trois footballeurs face à trois dictatures. Sindelar, Caszely, Sócrates : ils ont osé dire non là où tant d'autres se sont tus. Un Autrichien traqué, un Chilien menacé, un Brésilien en révolution. Trois histoires vraies où le football devient un acte de résistance.

Matthias Sindelar, artiste du ballon, danse entre les défenseurs dans toute l’Europe, sous les couleurs de l’Autriche. On le surnomme « le Mozart du football ». À Berlin, on rêvait de le voir porter l’aigle du Reich. Mais Sindelar n’était pas qu’un virtuose. Quand Hitler annexe l’Autriche, il dit non. Non à la propagande. Non à l’uniforme. Et puis, ce match. Celui de l’« unification ». Il marque. Il célèbre. Défiant. Insolent. Devant les dignitaires nazis. Quelques mois plus tard, il est retrouvé mort. Accident ? Suicide ? Assassinat ?
Carlos Caszely est rapide, flamboyant, populaire. Mais surtout, il est l’un des seuls footballeurs à dire non au régime de Pinochet. Chaque match devient un acte de défi. Chaque but, une réponse. En 1988, l’histoire lui offre sa revanche. Un référendum national doit décider du maintien de Pinochet au pouvoir. 1988. Le Chili retient son souffle. Un référendum peut faire chuter la dictature. Et Caszely revient… pas seul. Cette fois, sa mère prend la parole. Son visage, ses mots, ses blessures… bouleversent un pays. Que s’est-il vraiment passé dans ces jours décisifs ? Comment un footballeur et sa mère ont changé l’histoire d’un peuple ?
Il est capitaine de la Seleção et médecin diplômé. Sócrates ne joue pas seulement pour gagner : il veut penser, débattre, changer les choses. Il lance avec ses coéquipiers un mouvement unique au monde : la Démocratie Corinthienne. Dans un pays bâillonné par la junte militaire, il transforme son club en laboratoire d’autogestion, où chaque décision est votée. Il ira jusqu’à menacer de quitter le pays si les urnes ne reviennent pas. Et quand il parle, le Brésil entier l’écoute.
Un brassard de capitaine, un diplôme de médecine, une conscience en éveil
Sócrates n’était pas un joueur comme les autres. Il pensait. Il lisait. Il rêvait d’un football libre dans un pays sous dictature. Alors, il ose l’impensable. Le vestiaire devient agora. Le ballon devient tribune. Dans le Brésil des années noires, chaque match devient un acte de résistance. Et si, au fond, Sócrates avait été le véritable inspirateur de son époque ?
Trois hommes, trois pays, un même courage. Ils auraient pu choisir le silence, la sécurité, la gloire facile. Ils ont préféré le risque, la parole, l’engagement. Par le geste, par la voix, par le jeu. Leurs dribbles ont défié les plus grandes puissances de leur temps.
Sport en légende, ce sont ces histoires-là. Quand le sport entre en résistance. Quand les héros sortent du vestiaire pour affronter l’Histoire.
Prolongez ci-dessous l’expérience avec des conseils de lectures, ainsi que les analyses et les éclairages exclusifs de l’écrivain, journaliste et éditeur François Thomazeau.
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Comprendre les combats de Sindelar, Caszely, Sócrates
François Thomazeau est un journaliste, écrivain et scénariste français. Ancien grand reporter à l’AFP, il s’est illustré dans la couverture du sport, notamment le cyclisme et le football. Auteur prolifique, il a publié de nombreux romans noirs et historiques, souvent ancrés à Marseille, ainsi que plusieurs essais sur le sport. Il est également cofondateur de la maison d’édition L’Écailler. Passionné par l’histoire sociale du sport, il collabore régulièrement à des projets mêlant enquête journalistique, littérature et mémoire populaire, dont Histoire secrète du sport et 1936, La France à l’épreuve des Jeux olympiques de Berlin.
Les analyses de François Thomazeau :
Quelle a été l’influence du « Wunderteam » de Sindelar, cette équipe nationale autrichienne de l’entre-deux-guerres, sur le football européen ? Et d’ailleurs, doit-on dire « le » Wunderteam ou « la » Wunderteam ?
Face à la dictature militaire brésilienne, le football n’a jamais été un opposant direct. Mais n’a-t-il pas, à sa manière, incarné une forme de résistance silencieuse ? Et Sócrates, ce joueur hors norme, n’en fut-il pas l’un des symboles les plus éloquents ?
Et si Carlos Caszely avait tracé une ligne rouge dans l’histoire du football chilien ? Celle du refus, de la dignité, et d’un engagement qui inspirera bien d’autres après lui ?


Conseils de lecture
- L’éloge de l’esquive, Olivier Guez – Grasset
- Libre arbitre, Dominique Paganelli – Actes Sud
- Coups de sifflet, Fabien Archambault – Flammarion

Programmation musicale
Mario Lucio – Independance
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