Né esclave en Guadeloupe, Joseph Bologne de Saint-George devient l’un des plus grands hommes du XVIIIe siècle. Musicien, escrimeur, militaire, il déjoue les lois raciales de son temps et incarne la promesse subversive des Lumières. Un destin renversant.

⇒ Joseph Bologne de Saint-George
Il aurait dû disparaître dans les marges de l’Histoire
Né en 1745 en Guadeloupe, fils d’une esclave africaine et d’un riche planteur français, Joseph Bologne de Saint-George n’avait, en théorie, aucun droit d’éclat dans le monde des puissants. Il naît dans une société où la couleur de peau est un mur infranchissable. Et pourtant…
Très tôt, son père l’emmène à Paris. Là, l’enfant « mulâtre », comme on le dit alors avec condescendance, fait trembler les codes. À l’adolescence, il terrasse l’aristocratie dans les salles d’armes : il est agile, rapide, précis. On dit bientôt de lui qu’il est le meilleur escrimeur de France, peut-être du monde. Dans une discipline réservée à l’élite blanche, Le Chevalier Saint-George impose son style et son panache. Il devient une légende vivante.
Mais il ne s’arrête pas là. Violoniste virtuose, il entre dans les cercles les plus sélects de la musique classique. Compositeur célébré, chef d’orchestre, il dirige l’un des meilleurs ensembles de Paris. Il fréquente les philosophes des Lumières, joue devant la reine Marie-Antoinette, fascine les salons.
Et pourtant, jamais, il n’oublie d’où il vient
À une époque où le racisme est une évidence sociale, Le Chevalier Saint-George refuse de se taire. Il milite pour l’égalité, défend les droits des hommes de couleur, combat pour l’abolition de l’esclavage. En 1792, il devient le premier colonel noir de l’armée française, à la tête d’un régiment composé de soldats « libres de couleur ».
Pendant la Révolution, alors que tant de nobles fuient ou complotent, lui s’engage. Il croit à l’idéal républicain, à une France débarrassée de ses chaînes – toutes ses chaînes. Mais ses combats dérangent. Il paiera cher ses idéaux : mis à l’écart, emprisonné, effacé.
Aujourd’hui encore, le nom de Saint-George reste trop souvent dans l’ombre. Il est un homme qui, en plein XVIIIe siècle, a transformé la marginalité en grandeur, la couleur en éclat, la musique en résistance.
À travers lui, c’est toute une autre Histoire de France qu’on entend résonner. Une Histoire où l’on se bat, non pour exister malgré sa peau, mais pour briller grâce à elle. Une Histoire portée au cinéma qu’il est temps de redécouvrir.


Prolongez ci-dessous l’expérience avec des conseils de lectures, ainsi que les analyses et les éclairages exclusifs le dramaturge et metteur en scène Alain Foix.
Vous trouverez aussi dans les liens associés à cette présentation, l’accès à des ressources numériques complémentaires, à des archives photographiques rares et documents visuels pour mieux comprendre les enjeux politiques, sociaux et culturels autour du musicien-escrimeur-militaire.
Comprendre le contexte autour de l’affrontement ente le chevalier Saint-George et le chevalier d’Éon
Alain Foix est un dramaturge, écrivain et metteur en scène français reconnu pour son engagement à revisiter l’histoire et les figures oubliées à travers le prisme du théâtre et de la littérature. Il a été le directeur de la scène nationale de Guadeloupe et fondé la compagnie Quai des Arts, portant une parole théâtrale ancrée dans les questions de mémoire et de diversité. Son œuvre alterne pièces historiques, fictions contemporaines et écrits biographiques, notamment sur des figures telles que Toussaint Louverture ou Aimé Césaire. Il est aussi auteur de romans, d’essais et de livres jeunesse, et intervient régulièrement dans des actions de médiation culturelle et éducative. À travers son parcours, Alain Foix défend un théâtre exigeant, ouvert sur le monde, qui interroge l’identité et la transmission des héritages culturels. Il est l’auteur de « Jesse Owens », biographie chez Folio et de « Duel d’ombres », une comédie en musique autour de la joute entre le chevalier Saint-George et le chevalier D’Éon.

Les analyses d'Alain Foix :
Lorsqu’il croise le fer avec le chevalier d’Éon, que révèle ce duel entre Saint-George et d’Éon ?
D’Éon fut espion et diplomate de Louis XVI. Mais au-delà de ses fonctions, qui se cachait réellement derrière ce personnage ?
Comment percevoir la question de la couleur de peau de Saint-George dans la société de son temps ?
Saint-George est un mulâtre, salué comme l’un des plus grands escrimeurs de son temps : quel regard nous invite-t-il à porter sur son époque ?

Conseils de lecture
- Monsieur de Saint-George, Alain Guédé – Actes Sud
- Le chevalier de Saint-George, Claude Ribbe – Tallandier
- Ces Noirs qui ont fait la France : du chevalier de Saint-George à Aimé Césaire, Benoit Hopquin

Programmation musicale
Neg’Marrons – Un peu de temps.
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