En Ouganda, un créateur réussit à transformer le circuit des vêtements d'occasion

Bobby Kolade est un jeune créateur de 35 ans de retour en Ouganda après plus d’une dizaine d’années passées entre Paris et Berlin dans le secteur de la mode. Il s'insurge contre les vêtements d'occasion venus d'Europe et d'Amérique qui inondent les marchés et étouffent les créateurs locaux. Dans cet épisode, vous allez découvrir avec Lucie Mouillaud, la correspondante de RFI à Kampala, de quelle manière il a décidé de changer le système.

Bobby Kolade achète des ballots de vêtements d'occasion dans les entrepôts de Nabugabo, dans le centre de Kampala. © Lucie Mouillaud/RFI

Dans cet épisode de Témoins d'actu, Lucie Mouillaud commence par décrire Bobby Kolade : « Avec ses cheveux blonds décolorés, on le remarque assez vite. Il porte une chaîne, un bracelet en argent, il a plusieurs piercings aux oreilles et en le voyant, on l'imagine plus dans un atelier de mode d'une capitale européenne que dans l'agitation du centre de Kampala ».

Lucie nous explique ensuite son parcours : « À 18 ans, il a quitté l'Ouganda pour faire ses études à Berlin. Après son diplôme, il a travaillé dans plusieurs maisons de mode et de luxe avant de créer sa propre marque. Mais il cherchait un autre projet plus en adéquation avec ses valeurs. En 2018, il a décidé de revenir à Kampala avec l'idée de créer une marque à partir du coton produit en Ouganda. Il s'est vite rendu compte que contrairement au passé, il n'y avait plus beaucoup d'usines de textile qui transformaient localement ce coton ».

C'est à partir de ce constat que naît son idée d'utiliser les vêtements de seconde main présents en très grande quantité. « Il a commencé à se rendre dans le quartier où sont stockés ces vêtements d'occasion. On y trouve des centaines de ballots qui arrivent principalement d'Europe et d'Amérique. Il achète des lots, transforme ces habits et les revend dans les pays où ils ont été initialement jetés avant d'être expédiés en Afrique ».

Avec sa collection, Bobby Kolade appelle à la réflexion sur nos modes de consommation : « Il veut faire passer plusieurs messages. Il croit en une consommation plus raisonnée, plus en lien avec ses convictions écologiques, mais il veut également attirer l'attention sur l'afflux de vêtements d'occasion en Ouganda. "Pourquoi les pays africains devraient être la poubelle de l'Europe où l'on enverrait tous les vêtements dont on ne veut plus pour faire de la place dans son armoire ?" Selon lui, poursuit Lucie, les donations ne sont pas un acte de charité, mais un acte de violence contre la culture locale qui ne peut jamais rivaliser avec les prix de la seconde main. De plus, ces vêtements arrivent bien souvent en très mauvais état, tachés ou troués ».

Sa collection s'appelle Buzigahill, elle vient tout juste de démarrer « Une collection simple et sans prétention qu'il décrit comme joyeuse et colorée. Il y a surtout des tee-shirts et des chemises ».

Bobby Kolade a d'autres projets. Il souhaite désormais lancer un commerce en ligne pour aider les autres créateurs ougandais à accéder à un public international. 

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