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Costa Rica: le pays pourrait-il perdre son appellation de paradis vert?

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À peine élu nouveau président du Costa Rica, Rodrigo Chaves, a fait savoir que son pays ne ratifierait pas l'accord d'Escazu, le premier traité environnemental d'Amérique latine et des Caraïbes adopté en 2018. Pourtant, le Costa Rica est souvent cité en exemple pour sa politique environnementale. Mais qu'en est-il vraiment ? Dans ce podcast, nous retrouvons Natalia Olivares, journaliste au sein de la rédaction en espagnol de RFI. Elle rentre de reportage et nous raconte l'envers du décor. 

Travailleurs dans un champ d'ananas au Costa Rica. (image d'illustration)
Travailleurs dans un champ d'ananas au Costa Rica. (image d'illustration) © Wolfgang Kaehler/LightRocket via Getty Images
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Dans cet épisode de Témoins d'actu, Natalia Olivares, commence par nous raconter qu'en arrivant au Costa Rica, elle s'attendait à voir un décor de carte postale : « Un pays vert, comme il est présenté dans les brochures touristiques. À la fois pour sa végétation, sa faune et sa flore. Un pays vert aussi en matière d'énergie renouvelable puisque plus de 90 % de l'électricité est verte ». Mais sa première impression n'a pas été celle-ci : « Quand je suis descendue de l'avion à San José, la capitale, ce qui m'a frappé, c'est l'odeur. L'odeur de la pollution. Ces dernières années, le parc automobile a énormément grossi, mais les infrastructures n'ont pas suivi ».

Une autre odeur, va énormément marquer Natalia au cours de son périple. Celle qui émane des grandes plantations. « Sur la route qui m'a mené sur la côte Caraïbe, j'ai été vraiment surprise par ces hectares et ces hectares de plantations de palmes et d'ananas et par l'odeur qui s'en dégage. Cette odeur, est due aux pesticides utilisés en masse. Des engrais interdits dans d'autres pays de la région, mais autorisés au Costa Rica. Ils ont des conséquences directes sur la santé des populations qui vivent aux alentours de ces plantations ».

Ces monocultures ont aussi des conséquences directes sur la forêt tropicale du Costa Rica et notamment celle de l'ananas dont le pays est l'un des plus gros producteurs mondiaux. « Afin de pouvoir planter toujours plus, les gros producteurs ont besoin de terrains et pour les avoir, ils coupent des arbres. Comme c'est illégal, certains créent des incendies, il n'y a plus de forêts et donc plus de terres à protéger au regard de la loi. Le système perdure et les autorités laissent faire ».

L'un des problèmes, c'est que le tout nouveau président élu, Rodrigo Chaves, ne devrait pas inverser la tendance. « L'écologie, la défense de l'environnement, cela n'a pas fait partie de ses thèmes de campagne. L'une de ses premières décisions, cela a été de tourner le dos à des années de politique commune de protection de l'environnement. Il a décidé de ne pas ratifier le traité d'Escazu, le premier traité environnemental d'Amérique latine et des Caraïbes adopté en 2018. Cela lui vaut le surnom de président anti-écolo ».

Outre la production d'ananas, le tourisme représente aussi une part importante pour l'économie du pays.  « Ce qui m'a frappé, c'est que l'une des principales ressources économiques du pays grignote cette autre richesse qu'est le tourisme. » « Or, poursuit Natalia, c'est par le tourisme aussi, par l'éco tourisme plus précisément que le pays pourra surmonter aussi la crise économique qu'il traverse. J'ai rencontré plusieurs personnes qui militent activement pour sensibiliser les producteurs ». 

Natalia Olivares, témoignage également de la pauvreté qui s'installe de plus en plus dans le pays. Elle s'est notamment rendue dans un quartier situé à une quarantaine de minutes de la capitale. « Ce quartier, c'est plus une favela qu'un quartier. Les personnes qui sont arrivées là il y a plusieurs années ont bâti des logements avec des terrains qui ne leur appartenaient pas. Aujourd'hui, elles sont marginalisées par les autorités et oubliées du système d'énergie verte. » « Heureusement, il y a des associations qui mettent en place des programmes. Notamment des programmes de sensibilisation auprès des enfants, pour qu'ils soient conscients de l'importance de leurs ressources naturelles et de ce que le pays peut offrir par rapport à ceux qui n'ont pas la chance d'avoir autant de merveilles ». 

►À écouter aussi, en espagnol : Costa Rica, la otra cara del paraíso verde

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